dimanche 1 octobre 2023

Quand se branler deux fois dans la journée ne m'aide pas vraiment à trouver le sommeil

Il se souvient de lui comme d'un adolescent attardé regardant
en cachette depuis le couloir se maquiller dans la salle de bains, la fille incroyablement belle dont 
il était incroyablement fou amoureux
il se souvient de ça et d'un million de moments doux et dingues, il se souvient et oublie
les multiples rejets et les innombrables rebuffades d'autres filles parfois beaucoup plus laides
en dehors comme en dedans, parfois non
il n'a jamais été comme les autres et les autres le lui ont toujours fait payer
mais dire qu'ils ont tous les torts lui semble mensonger, il y a tant de choses
qu'il a mal faites ou mal dites, il pense à ça dans son salon en écoutant 
des musiques tristes, au fait ne n'être qu'un homme avec ses faiblesses et son immonde lâcheté
il pense à ça tandis qu'en lui vit encore cette sensation tenace,  cette brûlure qu'elles ont parfois
appelé sa magie quand elle les enflammait, toutes ces femmes pour qui 
il n'était pas le premier choix mais qui ne voulaient
plus se décoller ni de sa peau, ni de son cœur, ni de son âme, après avoir cédé à ses avances
à sa folie rieuse,
mais tout ça
c'était quand il avait encore tous ses cheveux et le ventre plat comme son compte en banque
aujourd'hui
il se sait vieux et usé, il pense à la fille aux yeux noirs qui pourraient être sa fille
et qui veut faire un tour sur sa mini moto, il pense qu'en lui vit toujours ce truc qui les rendait
dingue
il pense qu'il sait encore dire les mots, voir les choses et caresser entre les jambes avec un
certain talent
mais que tout ça ne sert plus à rien, que ça ne marche plus, surtout avec les filles trop jeunes
qui pourraient être sa fille
et
dans la soirée la fille qui couche avec lui depuis pas loin de deux décennies mais qui n'est
pas sa copine, elles et lui sont libres et sans chaines, celle là donc, lui a envoyé
des messages qui disent son envie de sale, d'être prise de partout, d'être défoncée
en d'autres temps, elle et lui, on les aurait noyé dans la rivière, brulé sur un bucher
mais elle est loin, dort chez ses parents, impossible pour elle de se caresser pour trouver le repos
et le sommeil, impossible pour lui de sauter dans sa voiture pour
la rejoindre et la baiser comme une chienne en chaleur,  une réflexion qui  au passage et paradoxalement
le soumet à un étrange constat, il s'est déjà branlé deux fois aujourd'hui et cela ne l'aide pas vraiment à trouver le sommeil
la nuit est venue pour masquer son obscurité personnelle se dit il et comme toujours
pour se garder vivant, il exprime son rejet du monde moderne en matant une comédie américaine
sur son écran plat, dire qu'il
s'imagine libéré de beaucoup de ces chaines qui vous maintiennent là où vous-êtes
avec vos crédits sur votre pavillon dans votre cité dortoir, dans ses rêves il se sent libéré mais dans sa
réalité il se sait seul
il n'attend plus personne, il se doute qu'il n'y aura plus personne, le vent a emporté
toutes les chances qu'il a laissé passées, si peu de combats livrés, et disons les choses clairement
personne
ne s'est battu pour 
lui,  "pardon pour tout ce que j'ai fait et pardon pour tout ce que je n'ai pas fait" lui a écrit un jour
celle qui l'a brisé en un million de morceaux, il était seul contre le monde jusque dans ce couple là
depuis, amour, famille ou amis,
il a réalisé que ce sont toujours celles et ceux qu'il laisse approcher qui le cassent en mille éclats sombres
le savoir,
ça l'aide à se murer dans un silence exaspérant quand il devrait hurler sa douleur
il pense à sa vie passée à courir après de l'argent qui ne rentre jamais
il pense q'il aurait du écrire plus et toujours, apprendre à faire des livres qui se vendent, tant pis pour 
la sincérité
e
t
l'authenticité
devenir une pute comme les autres, vendre son âme et son cul n'a rien de déshonorant en société
si ces ventes te permettent d'afficher une confortable aisance financière
et dans la glace, il ne regarde pas son visage de looser, les étoiles ne brillent pour personne prétend-il
ce qui vous rend vivant, comme la normalité et les carrières, c'est ce qui le tue
à petit feu
et lui, ne voulait se nourrir que de ce feu intérieur qui vous effraie, et lui, ne voulait que vous fuir
et dans la glace qui enrobe son cœur il se dit qu'il ne devrait pas écrire de poèmes qui parlent de lui à
la troisième personne, c'est prétentieux question style
il se dit ça mais il s'en fout, il avait en lui quelque chose qui aurait pu lui offrir le monde, peut-être,
mais on ne lui a jamais appris qu'à écouter ses peurs
et à fuir le danger
alors il a fait ce qu'il sait faire de mieux, perdre
et cela ne le met plus en colère 
contre lui
contre vous
"avant je savais tellement bien lécher les chattes"
voilà ce qu'il se dit histoire de remuer le couteau dans la blessure qui a remplacé son coeur de verre pilé
pour se faire du mal, il a toujours été doué
et la fille avec la bouche en forme de coeur lui écrit il y a peu qu'elle a passé ses meilleures soirées 
avec lui,
à l'époque
ça le réchauffe en dedans
elle était la meilleure, reste sa préférée mème s'il aurait aimé que la blonde aux yeux bleus qui vit
à Prague lui laisse une chance de lui apprendre à quoi ressemble le vrai Amour
et maintenant, 03H14 dans la nuit du samedi au dimanche, il tape sur son clavier noir tout en
acceptant l'inconcevable vérité,
il faudrait qu'il gagne plusieurs millions d'euros à la loterie, histoire de régler ses problèmes
de fins de mois, de futur, de retraite, et aussi
histoire de se reconstruire sentimentalement dans
une vie simple
de sugar daddy avec une ou deux, peut-être trois ou quatre, jeunes et jolies putes qui 
auraient en commun l'amour des sacs à main Louis Vuitton 
et 
d'immenses yeux d'un vert profond



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