J'étais bon quand je buvais, je tenais la route et mes yeux étaient dingues
j'alignais les vodkas et les blagues cons comme tout alcoolique de comptoir
mais j'étais poli, je laissais un pourboire pour le prouveret j'avais un sens de l'humour qui souvent me sauvait
par exemple quand la fille m'annonçait qu'elle avait un mec,
je ne sortais pas la vieille blagué éculée depuis deux siècles : je ne suis pas jaloux
mais : cool pour toi, deux hommes dans la mème soirée
ou
je préfère les femmes mariées, elles rentrent chez elles après
l'important étant TOUJOURS le sourire qui accompagne la phrase
je disais à la serveuse : hey la pute remets-nous une tournée s'il te plait !
elle répondait en gueulant : ta gueule connard !
mais elle remplissait les verres et personne ne comprenait pourquoi elle ne me faisait pas virer
par les videurs
pourquoi elle m'embrassait sur la bouche quand j'arrivais et que je repartais
et personne ne comprenait pourquoi c'était comme ça ailleurs aussi
avec d'autres jolies filles tout aussi canons, toutes habillées aussi sexy, qui se tenaient
fièrement derrière le comptoir et à qui je parlais bien sur
tout aussi mal
des filles à qui on disait que j'étais fou et qu'il ne fallait ni me fréquenter, ni me parler
mais elles n'en faisaient qu'à leur tête
ces filles indomptables qui m'aimaient bien malgré
toute ma dinguerie dégueulasse
ces filles que je ne baisais pas plus que les autres qui me croisaient au comptoir
j'avais compris le truc mais je buvais trop pour donner envie
les femmes aiment les flambeurs
les mecs qui marchent comme s'ils n'en avaient rien à foutre de rien
et n'ont aucune préférence prédéfinie entre les baiser à mort ou briser leur cœur de cristal
Il faut parfois en regarder une autre pour accrocher celle que tu veux
et en étant comme ça, nous ne sommes pas plus fort qu'elles
parce que malgré toute notre prétention
elles savent bien qu'elles nous cassent en petits morceaux comme elles veulent
d'un claquement de doigts
elles savent bien qu'on se pendra pour leur joli cul
à l'instant précis où ELLES décideront que plus jamais on ne le prendra
notre unique chance étant que parfois, elles ne le décident pas
et se
laissent
avoir
et j'ai laissé partir les meilleures et je dirais qu'une fois, contre mon gré,
on m'a laissé partir alors que J'ETAIS le meilleur
l'amour on en revient jamais vraiment indemne
c'est la vie, c'est l'amour, c'est la mort, c'est le jeu sans règles qui nous mène
par le bout du nez
et je suis tombé comme tout un chacun, je n'étais pas habitué au bonheur
c'est une drogue addictive
et rare
que je n'ai pu offrir à personne
mais, putain
avec ma sale gueule
j'ai touché au sublime, tenu entre mes mains des visages parfaitement écrits dans lesquels
se nichaient
des yeux remplis d'un monde de flammes derrière lesquels s'abritaient la folie et un absolu
besoin d'amour
je me suis couché sur des corps à la déchirante beauté qui appelait à l'étreinte
de toute leur humidité et des ongles longs ont griffé jusqu'au sang rouge ma peau pâle d'imposteur
et souvent l'été, nu et transpirant sur mon lit défait, la nuit
j'y pense et je me souviens, ça m'aide à tenir debout contre le moi qui veut me flinguer
je me raccroche à ça
à mes putes perverses, mes tueuses patentées, mes salopes brûlantes, mes menteuses
qui ne se donnaient pas
mais qu'il fallait prendre
toutes dignes d'être adulées
j'ai eu des femmes extraordinaires,
et je leur disais des mots sales pendant l'étreinte et des trucs prétentieux dans la lumière
des trucs destinés à les faire fuir,
tu as un corps merveilleux jolie fille et tout ce qui crie sa solitude en dedans mérite d'être aimé jusqu'à
en mourir, mais
si tu m'approches de trop près, c'est aussi ton âme que je baise
je suis la lame qui s'enfonce dans ton dos
et malgré tout, malgré moi, elles...
ne me repoussaient pas,
et parfois voulaient
plus
et ça, c'est pas donné à tout le monde,
entendre des mots d'amour et
se faire lécher les couilles par des langues qui en ont conduit d'autres au suicide