samedi 24 mars 2018

Je ne devrais pas laisser ma nuit t’emporter


Alors tu vois je suis encore à un comptoir dans la nuit avec la rage et le désir fou de me détruire dans les tripes, je suis ivre et il y a cette pute, je veux dire une vraie pute, une qui tapine à un coin de rue et prend de l’argent pour tailler des pipes et ramasser dans son cul, elle et moi on se connaît depuis un moment, on se croise à bien des comptoirs et on s’aime bien, peut-être en partie parce qu’on n’a jamais baisé et qu’elle ne m’a jamais demandé d’argent pour le faire, le fric tue les rapports humains, et elle m’embrasse sur la bouche plein de fois et elle me dit « voilà j’ai 46 ans et j’ai 6 enfants » et je songe que c’est une de ces femmes à la Bukowski, tu sais, une héroïne déchirée et cassée en dedans avec des jambes superbes, elle a ce truc dans le regard qui dit la misère des destins et la folie qu’il faut à certains d’entre nous pour tenir debout dans la tempête et arrive ce moment où chacun dit qu’il veut dominer si on doit tirer un coup et pour me tester elle me fait « met–moi une fessée » et j’en lâche une sur son cul que je juge correcte, là comme ça, au comptoir et elle éclate de rire et elle me lance, « ça c’est rien, tu tapes pas, c’est pas une fessée, recommences » et j’en pose une autre plus forte et elle rigole à nouveau et me dit « essaye encore tu peux faire mieux j’en suis sur » et bon, à un moment, quand une femme vous met au défi d’être un mec, il faut être un mec, sinon c’est sur, c’est elle qui va vous dominer, vous piquer la maison, la voiture et sucer votre meilleur pote dans votre dos, celui qui est marié avec une salope moche, et je n’avais pas la moindre envie de me retrouver à quatre pattes avec un gode ceinture en train de remuer dans mon cul, alors je claque une taloche de boxeur sur son postérieur tout en culpabilisant intérieurement et comme si de rien n’était elle se redresse en souriant, « voilà ça y est tu m’as déclenchée, je suis excitée maintenant, j’ai envie de baiser » et il y a un gars que j’ai rencontré une ou deux fois, dans les 25 ans, le pote d’un pote et il a regardé tout ça et il me propose d’aller partouzer avec lui et sa copine qui n’est pas là, j’ai déjà eu des propositions moins alléchantes, « on est des vrais libertins qu’il dit, tu respectes les femmes toi ? » je répond que oui, ce serait stupide de prétendre le contraire pour frimer, et il est partant, prêt à appeler sa fiancée pour la prévenir qu’on arrive avec nos bites à l’air, mais je dois abandonner la tapineuse et l’ami complètement bourré avec lequel je suis venu, ils ne sont pas invités et je me tourne pour contempler l’état dudit ami, celui-ci ne tient plus debout et je ne peux le laisser rentrer chez lui car il habite à quarante bornes, à cet instant, il ne peut pas faire grand chose sinon tituber et encore moins conduire et voilà comment à cinq heures dix du matin je suis dans la rue sans avoir baisé ni celle qui vend son corps ni la femme de mon nouveau meilleur ami libertin et mon ami non libertin joue à chat-bite par surprise avec moi pendant que je téléphone à l’asiatique folle qui est debout pour aller au travail et qui râle car elle vient juste de se lever mais se marre tellement on est cuits, remplis de vodka comme le sont de pétrole les puits des propriétaires du PSG, putain je hais le foot, et on finit tant que bien mal par arriver jusqu’à ma maison de poupée et lui, il dort habillé sur le canapé dans le salon et moi je m’effondre sur mon lit et à midi on prend un petit déjeuner dans une boulangerie et dans l’après midi je vois le gars qui m’a présenté le libertin et je vérifie que la copine du libertin est belle car il la connaît et c’est toujours bon de savoir si jamais par un heureux hasard la proposition devait se renouveler, et a priori, effectivement, elle est belle et je regrette encore plus la partouze avortée même si je dois bien reconnaître qu’avec mon grammage de la nuit, j’aurais sans doute pas dépassé le stade du cunnilingus et dans la semaine je fais des analyses sanguines et mes gammas GT sont des gammas GTI, tellement y en a, record battu, vieillir parfois, c’est avoir moins de spermatozoïdes et plus de gammas GT, quand je lui en parle au téléphone, la fille avec la bouche en forme de cœur déclare avec sérieux que mon foie va finir par exploser et je dois donc arrêter de boire et améliorer mon alimentation en y incluant un grand nombre de légumes tout en éliminant les pépitos quotidiens devant la télévision et le lendemain je vais à un anniversaire avec un pote d’enfance et plein de bonnes résolutions, je déclare solennellement  « deux verre pas plus » et on part tôt de la soirée, entre minuit et une heure, et j’ai pris une avalanche d’alcool dans l’estomac, deux verres mon cul, c’était un piège, mais j’ai combattu avec panache, il fallait bien que je fête la naissance de tout ces gammas GT en trop et lorsque je laisse mon pote d’enfance devant chez lui, mon téléphone sonne, je décroche et l’asiatique folle me dit « viens je suis dans un restaurant » et je remonte sur le plateau central de la ville, merde c’est de par la que je viens mais quand t’es bourré, marcher c’est bien et quand j’arrive j’ai soif comme un type qui vient de traverser un désert en plein jour en été sans un verre d’eau et je bois et , ô joie et bonheur, il y a encore ce gars qui est là, le libertin et il est avec sa dulcinée et oui, elle est belle et même vachement bonne et il y a d’autres filles et je parle avec l’asiatique folle et la femme du libertin et aussi avec les mecs et les autres filles, mais moins, et la libertine est intelligente et intéressante, elle a 23 ans et je passe un bon moment avec elle, et on rigole sans aborder de sujets culs, à un moment elle fait « toi tu sais parler aux femmes » mais je ne sais plus pourquoi et à mon avis, elle doit se tromper et personne dans le couple ne me propose de partouze, tous les nuits sont différentes, pas grave, nous étions sur un autre plan de discussion, de toute façon je suis tellement soul que même la vierge marie nue et offerte sur un lit aux draps de satins rouges me laisserait la nouille pendante et molle, il me faudrait faire appel à Saint Viagra, le saint patron des érections fières et insolentes chez les vieux comme moi pour tenter ma chance, mais quand je pars la libertine me dit « à bientôt » en souriant et peut-être n’est-elle que très polie mais dans mon brouillard éthylique je veux voir dans ses mots un espoir de caresser sa peau un jour et de l’entendre gémir tout en regardant son joli visage avec ses cheveux collés par la sueur que doit occasionner un rapport charnel passionné à plus de deux et je finis dans la rue, Clermont-Ferrand by night, à marcher seul, ivre, fou, et je ne maudis pas Dieu  pour ce destin car il ne m’a rien fait, il faut dire ce qui est, je suis arrivé à tout foutre en l’air tout seul, avec un peu de volonté et d’entêtement ce n’était pas si difficile, en vérité je n’ai rien contre Dieu, si ce n’est que je trouve un peu nul de créer un monde et de laisser ses créatures le détruire comme nous le faisons sans émettre une seule objection et je marche et je suis en colère pour éviter de pleurer parce qu’un homme, ça ne pleure pas ou très peu et de préférence en se cachant, et je ne m’en prend pas non plus à littérature ni à tous ces gens qu’on voit dans les émissions et les journaux à grand tirage, ceux qui écrivent si joliment, en s’écoutant, en mettant en scène leur façon de souffrir, comme si leur souffrance était réfléchie, calculée, affinée, travaillée avec délicatesse jusqu’à ce qu’elle devienne assez présentable pour atterrir proprement sur une feuille de papier immaculée, putain j’ai besoin de lire la saleté de ceux qui crèvent la bave aux lèvres, la peur de mourir viscérale qui serre leur ventre et leurs cris désespérés quand ils sentent les doigts du diable déchirer morceau après morceau leurs âmes impures et perdu dans mes pensées sombres je ne me rends pas compte qu’un mètre soixante dix sept de chair brulante m’envoie sur mon téléphone noir une photo d’elle en caleçon et t-shirt allongée sur un lit dans un hôtel quelque part en Bretagne, j’aime tellement recevoir des photos de jolis demoiselles plus ou moins nues quand ce sont elles qui me les envoient, et je ne la regarde que quand j’arrive chez moi et mon sourire est immense tant elle est belle, tant j’aime son sourire, puis je vais me coucher, je suis tellement soul et je m’endort et au petit matin la rousse folle m’appelle pour savoir pourquoi je l’ai appelé à 1h30 du matin et je lui dis que c’était pour lui dire que je l’aimais car elle est mon amie et elle est toute heureuse de m’avoir réveillée à son tour et je ne lui dis pas qu’il y a des nuits où les bras d’une femme me sauveraient de moi-même, me garderaient loin de mes démons pas plus que je ne lui dis que je devrais laisser d’autres se tuer avec joie et bonheur dans l’alcool à ma place et maintenant c’est le soir je suis chez moi à écrire ce truc, seul alors même que Jésus avait au moins un soldat romain pour lui tenir compagnie sur sa croix, la nuit est tombée, je repousse le moment de me branler sur un porno pas chic, je vais aller manger des légumes, putain tout est fini, il faut passer la main et attendre quelque chose ne sert à rien, trop de fois, seule la mort vient, quelle merde, pour avoir vécu depuis trop longtemps au milieu des bêtes, je sais bien que très souvent, l’amour d’un chien suffit pour tenir, mais pas toujours, pas tous les jours, pas toutes les nuits.


jeudi 15 mars 2018

Que les filles calment la solidarité féminine qui vit à l’intérieur de leur corps, ce conseil est aussi valable pour elles


En ce temps là, les portables n’existaient pas
Et lorsque je suis rentré à huit heures du matin
la fille avec qui je vivais était en train de pleurer
Dans la rue, elle croyait que j’étais mort.
Aussi quand j’ai débarqué en pleine forme
Il aurait sans doute mieux valu que je le sois.

Et voilà comment on est parti pour les cris
Et la fureur pour plusieurs jours

D’accord, je finissais le taf à 21 heures et donc
J’étais un tant soi peu en retard, difficile de nier
elle avait appelé chez tous les potes de boulots
Dont le numéro figurait dans mon agenda
Et pas un seul de ces enfoiré n’a juré que j’étais encore
En train de dormir sur son canapé et qu’il
N’arrivait pas à me réveiller

elle était persuadée que je l’avais trompée
Et les engueulades ont duré trois jours
Et je ne sais plus trop ce que j’ai dit
Qu’on était allé boire un verre
Ou deux chez un couple de collègues et que
J’avais du dormir dans la voiture
Quelque chose comme ça
Mais les cris ne s’arrêtaient pas
Il fallait que je paye le prix fort
Et je comprenais son courroux

Mais à un moment donné
J’ai du lui rappeler que c’était elle qui trompait
Dans le couple, parce que bon, j’aimais
Bien le rôle du fiancé blessé
(l’hypocrisie possède son petit charme)

elle l’a mal pris aussi et
Ça n’a pas arrangé l’histoire, elle a juste crié
Un peu moins fort.

Et toute cette colère a duré au moins trois jours
Et après, elle est retombée et elle n’en a plus jamais
Parlé, mais elle n’a jamais cru que j’étais resté fidèle
Elle a juste évité d’aborder le sujet pour ne pas
M’arracher les yeux je pense
et pour autant que je me souvienne
Nous n’avons jamais souscrit au rituel dit
De la baise de la réconciliation, le cul c’était
Déjà plus ça depuis un moment entre nous.
Notre couple battait sérieusement de l’aile
Mais ce n’est pas une excuse

Quoi qu’il en soit
Si t es marié ou en couple, souviens toi de ce conseil
Il te servira surement un jour ou l’autre :

Si tu vas boire de l’alcool avec tes collègues
Après le boulot et que tu ramènes une fille
Aux yeux bleus avec qui tu travailles
car elle prétend avoir trop bu pour conduire
Et qu’en bas de son immeuble, juste devant sa place
De parking
Elle met sa langue dans ta bouche et t’invite
à monter pour tirer un coup
jamais
ô grand jamais !!!
aussi parfait que puisse être son plan pour t’avoir
et aussi bonne suceuse puisse-t-elle être
tu ne dois t’endormir chez elle
                                               
(et si jamais cela t’arrive et que lorsque tu ouvres les yeux
le soleil s’est déjà levé,
alors prépare toi
avant de franchir le pas de la porte de ton home sweet home
parce que là
t’es vraiment dans la merde fils de pute)

mercredi 14 mars 2018

Sans grande conviction


La rousse m’appelle
Elle rentre de vacances
Elle a passé une semaine à se marrer
Et picoler
a fait un tour dans une dameuse
Mais n’a sucé personne
Et j’dis « c’est cool sauf que tu aurais du baiser »
Puis on raccroche
et je continue de nettoyer ma caisse
Qui part chez le mécanicien lundi
Vidange, révision, sans doute les amortisseurs
Et aussi le pare-brise qui a pris un pet
Tout ça va me couter un bras
Au moins je sais pourquoi je bosse

Et

nous sommes samedi mais je ne bois plus trop
il n’est jamais trop tard pour fuir l’enfer des paradis artificiels
à dévorer des fleurs à la sève d’acide on finit vomissant ses tripes
sur le goudron sale et ce  n’est jamais
jamais beau

et le temps passe et nous sommes mercredi
mon chien noir est mort depuis 42 jours
et le blanc aussi me manque toujours

je vis seul et
Je porte en moi un monde de mots d’amours
assassinés

Quand je lève les paupières, je cherche un moyen d’occuper ma folie
Mais rien ne vient
plus rien ne s’oppose à l’ennui
et ça me rend malade de crever doucement
sans grande conviction

les seuls paradis sont fiscaux
Je n’ai jamais volé assez (haut) pour
m’offrir le ticket d’entrée