Quand je pense à la corrida
Je pense à France Farmer
Enfermée et obligée de se
prostituer
Quand je pense à la corrida
Je pense aux enfants Juifs
Pleurants à
Auswitch
Quand je pense à la corrida
Je pense à la vieille dame
Attaquée et frappée
Pour un sac à main
Et quelques euros
Quand je pense à la corrida
Je pense à la haine, à la folie
humaine, aux meurtres,
à l’horreur, à ce besoin de
se rassembler en meute
pour tuer et dépouiller le
solitaire
je pense au sang versé et à
la boue
qui le boit, je pense à
toutes les morts injustes
Et aux vies volées, je pense aux viols
aux tortures, à l’innocent
brisé dans une prison et
je chéris Spartacus qui tua
un million de ses bourreaux
avant de ployer sous
leur nombre
Quand je pense à la corrida
J’oublie la poésie, la Jocconde,
les tournesols de Van Gogh
Et le poème « Le cœur
riant » de Bukowski
J’oublie le reflet du soleil
dans les yeux verts
De la jolie russe
et le jour où Jésus a donné
son manteau aux pauvres
J’oublie la beauté et la
douceur et le miel et les abeilles
et les fleurs et je ne peux
croire que Dieu ait un cœur
et un visage qui ne soient laid
Et je prie une déesse pour que de là où il est
Islero pisse tous les jours dans les orbites vides
du crâne jauni
de
manolete
en souriant
en souriant
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