dimanche 9 juin 2019

Je roule vers personne

Ok petite chérie
je passe dans le village et il parait que tu habites là maintenant
et ici en plus de toi je peux trouver une fille qui un jour me suça
dans les toilettes d'une boite de nuit à la mode
et qui s'avère aussi être une amie indéfectible
et je conduis ma vieille bmw coupé de 2000
artic monkey sur la radio
et mon chien à la tête par la fenêtre et j'ai mon regard mauvais et fou
comme quand tu mouillais tant pour ma sale gueule et
je pourrais songer que :
                                      la bible nous promet l'enfer pour toute relation sexuelle
                                      en dehors des liens sacré du mariage
                                      mais le mariage dans bien des cas se révèle un tel enfer
                                      qu'on se demande où est le choix, c'est parfois le problème avec Dieu
                                      qu'on se prive ou qu'on ne se prive pas, on est toujours perdant
mais je suis moi avec mon âme dépravée et je songe  aux multiple fois où je jouissais dans ta bouche
et je me demande si parfois tu te souviens de la sensation de ma queue dure
dans ta cavité buccale et le goût dégueulasse à ce qu'il parait de mon foutre
cette nuit, je buvais de l'alcool avec des amis,
un gars et deux filles que je n'avais pas vu
depuis si longtemps, 35 ans ou presque pour une, à l'époque j'étais déjà
le chien fou, le type pas beau et trop timide dont aucune ne voulait dans ses bras
elles et mon pote, c'étaient un peu les star du collège
on bandait tous pour ces deux filles mais c'était pas moi qui tirait le gros lot
et on a parlé de celle qui était si belle et sympa et dingue et qui est morte maintenant
une sale maladie juste après avoir eu un bébé, je connaissais des dizaines de noms
de cette époque qui auraient pu crever  sans que je ne ressente rien comme celui qui s'est pendu
sans que je ne réussisse à me trouver triste mais elle j'ai trouvé ça injuste, comme si
la justice divine n'était qu'une mauvaise blague de plus dans la bouche
d'un humoriste sans talent et
on a parlé aussi de sa copine de l'époque qui vit maintenant dans une autre ville, j'étais
                                                                             amoureux d'elle
en secret et je n'ai jamais eu le courage de le lui dire, adolescent boutonneux j'ai rêvé de
l'embrasser et je me suis branlé en pensant à elle avant de m'endormir et bordel,
je l'aimais et aussi on a parlé
de celle qui était si douce
un peu mon souffre douleur jusqu'au jour où elle est sorti avec un autre et que j'ai eu
la sensation étrange de rater quelque chose et son cul était devenu un cul divin dans
mes yeux adolescents et son cœur devenu soudain inaccessible était bien plus que ça
je ne suis pas qu'un ange et déjà à l'époque je ne savais pas comment me faire aimer
mais je croyais qu'un jour quelque chose viendrait
et quoi qu'il vienne ça ne fait que nous tuer
la vie est meurtrière et seuls les chiens savent aimer
et nous crevons tous de solitude
et il a fallu tant de temps pour que je finisse par assassiner ce besoin de tendresse
cette quête atavique de l'amour et je suis seul et libre
et mon amour était une pute et moi une ordure
et mon âme est la pire des salopes faciles
et mon corps est brisé et mes ongles sont noirs et cassés
et ma peau est grise et dans le ciel je vois le soleil mais lui aussi est assassin
et le temps nous vole les souvenirs mais les plaies restent et
la nuit je préfère hurler au lieu de verser des larmes boueuses, la rage et la haine de soi
sont supérieures à la tristesse et à l'auto-apitoiement
et je suis si seul mais nous sommes si nombreux égarés et incapables de nous trouver
et de nous reconnaitre et je suis si seul mais tellement bien et je trahis
tout ce que j'ai aimé sans aucun remords comme toi mon amour
                                        et je trahis tout ce que j'ai été
j'étais rempli de lumière et je n'ai fait que la noyer d'obscurité
jusqu'à éteindre l'étincelle dans mon regard, dans de lugubres humeurs
je m'oublie et quand je titube je pense à quelque chose qui n'existe pas
j'en ai fini avec tout ça, les sentiments et les croyances, à l'autre bout du monde
il n'y a rien qui m'attend et ici rien ne me trouve et la vie est une arnaque
il n'y a que ce qu'on gagne et si tu veux gagner tu dois être assez fort et froid
pour égorger ton enfant de ta propre main, l'innocence est une faiblesse, ne l'oublie jamais
et dans les flammes nous ne brûlerons pas l'enfer est ici et le paradis est une utopie
et les couteaux plantés dans ma peau ont fini par devenir une armure
et j'ai peur de mourir alors que le silence glacé de l'après semble si apaisant
comme une solitude qui ne blesserait pas
mais je suis un homme rempli de contradictions et je me demande à nouveau
si tu mouilles encore pour moi et quand je sors du village, j'ai envie de baiser
mais je roule vers personne et quelque chose s'échappe de moi et je le laisse
mourir sur le bas côté, nous sommes au printemps et je n'ai toujours pas fini
de m'ouvrir en deux
ce dimanche ne sera pas ma dernière guerre




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