Nuit 1 :
J’ai foutu sur
le siège le joli cul et le joli reste de l’asiatique
Folle, celle qui
me sert de meilleure amie avec la rousse
Dingue et on est
parti écouter de la poésie dans le cœur
De la ville. Ça
faisait trois bonnes heures qu’elle m’attendait
Et elle n’a pas
râlé
Et elle ne
voulait pas boire pour cause de la cuite
de la nuit
Précédente mais sa volonté est ethyliquement inexistante
et on est arrivé dans ce bar qui est comme
et on est arrivé dans ce bar qui est comme
Un paradis de la
cirrhose parce que les bières coutent un euros cinquante
et on a commencé
à picoler malgré l’avis contraire de
de son foie, de
la raison et des associations de médecins généralistes ou non
C’est là qu’on a
vu la poétesse aux mots sublimes, elle est venue
Nous parler de
sa voix douce avec ses flammes partout dans
Le bleu de ses
yeux et elle est allée lire et on s’est assis
Pour l’écouter.
Ses mots ont coulé en moi, j’étais tel le junkie avec
L’aiguille
enfoncée dans la veine bleue quand vient le flash
C’était ciselé
comme de l’orfèvrerie et ça volait plus
Haut que je ne
pourrais jamais aller avec mes gros sabots
Et j’ai pris un
pied dingue et quand elle a eu fini
On est retournée
au comptoir et on a enquillé les bières
à grande
vitesse, comme si tout ça n’allait pas nous tuer
Ruiner nos âmes
et nos corps et la poétesse aux mots sublimes
Est venue nous
parler et on a descendu le houblon
Ensemble, à un
moment je suis parti vider ma vessie car
j’ai la plus
petite vessie de la planète (j’ai bien écrit vessie ne confond pas tout)
Dans les chiottes on entendait une radio
religieuse
Merde, je n’avais
jamais évacué l’alcool sur un sermon
catholique,
c’est là que je me suis dit que j’avais peut-être
Trop pissé sur
Dieu, qu’il était temps d’arrêter
après
tout il y a surement
Une intention ou
un plan divin derrière chaque
Enfant égorgé
par un bourreau insensible
Et j’avais dans
la tête la musique de la rédemption
Par les mots, ça
sonnait comme un groupe de rock
En fond sonore
dans une partouze sauvage
Et j’avais
besoin de groupies nues pour me rassurer
Et j’ai secoué
la tête pour revenir dans la réalité et ma queue
pour faire
tomber la dernière goutte et de retour au comptoir on a continué
à boire avec
l’asiatique folle et la poétesse aux mots sublimes
et au regard
hypnotique, on alternait les bières et
Les virées aux
toilettes où les sermons
Succédaient aux
sermons avec la ténacité
Du doigt d’un
témoin de Jéhovah sur ta sonnette
et
je buvais les paroles
De la poétesse aux
mots sublimes comme j’avale la vodka
Et puis la nuit
s’est avancée à pas de loup et on est parti
L’asiatique
folle et moi, on a trouvé un autre comptoir
La serveuse m’a
embrassé sur la bouche
En guise de
salut
Et il y avait la
blonde avec ses seins énormes
Qui a dit,
« Vince enfoiré, tu m’as laissée dans la rue l’autre fois
Ce soir je dors
chez toi » Je lui ai demandé si
Elle envisageait
de coucher avec moi, au vu
De sa réponse
négative je lui ai conseillé
De s’entêter,
avec un peu de volonté
Elle pouvait y
arriver, m’avoir, mais
Elle est partie
avec celui qui l’avait
Emmené et
c’était mieux pour elle
Et j’ai bu
encore et l’autre serveuse
n’a pas voulu
m’embrasser sur la bouche
elle n’était pas
assez bourrée et j’ai dit
« j’ai
envie de lécher tes seins » et elle
a répondu qu’elle
préférerait que je lui lèche
la chatte.
« Toi, on
voit que tu as bossé longtemps
avec mon
ex » ai-je lancé et elle a éclaté de rire
La morale de
tout ça étant que mon ex
M’avait bien
vendu question cul et qu’il
Faut un certain
talent pour parler
Ainsi aux
serveuses de boite de nuit
Nuit 2 :
L’enfer est une
canette de bière vide
Dans la main de
l’assoiffé égaré me dis-je
Tout en me
retrouvant à nouveau au comptoir
du paradis de la
Cirrhose. Je bois bière sur bière
Je parle avec la
sublime poétesse,
J’écoute un gars
avec un coffre
Enorme, une voix
qui porte et
Des tripes dans
les textes, et un autre
Qui crie et
semble dingue derrière son micro
Et sous son
calot militaire et puis
Je rencontre :
b)
Un type vachement grand qui a la manie
De
coller partout des étiquettes avec des
Phrases
écrites à la main dessus, des trucs
Qui
tapent net et précis comme ce parfait crochet
au
menton qui te laisse sur le carreau
a)
une fille vachement belle qui devrait écrire plus
parce
qu’elle pose les mots avec la grâce et la finesse
de
mouvement d’une danseuse de ballet
Et on parle de
soi et d’écriture et de ce qui nous ronge en toile de fond
Et je ne me sens
ni pris au piège ni acculé dans un coin la garde levé
Prêt à vendre
chèrement ma peau, non je me sens juste bien
Parce qu’ils
sont de ceux qui donnent sans rien prendre, sans rien
Attendre en
retour, et si tu leur offres juste un peu de toi, ils te
tendent des
sourires qui sont autant de pièces d’or et je me
Sens bien avec
eux et la douceur qu’ils dégagent
et la chose horrible en moi se tait et je respire
à plein poumons
l’air confiné du paradis de la cirrhose
mais ils
finissent par partir parce que la nuit te vole toujours
Tes lumières
mais ils me laissent une certaine paix intérieur
La sensation
d’un précaire équilibre,
et je retrouve
la poétesse aux mots sublimes
Et il y a une
flamme dans ses yeux quand elle parle
D’elle, de ses
écrits et j’aime la furieuse liberté
Qui l’anime et
la tient debout envers et contre tous
Et je vais
pisser et le type vachement grand a collé
Là une étiquette
avec des mots qui tapent net et précis
Comme je te le disais plus haut et
Mon rire résonne plus
haut que les prières
Du prêtre de la radio
je fais une photo floue pour la
beauté de l’instant
Et putain je
suis bien, je pourrais mourir ici, ou mieux
Vivre ici des
années sans chercher à m’enfuir
Quand bien même il n’y aurait ni gardien ni
verrous
Sur les
portes
Et puis vient
l’heure de partir parce que la brune magnifique
Qui est blonde
parce qu’elle a des cheveux blancs, les
Femmes ont leur
propre logique et nous les hommes
Les contemplons avec la
fascination
Du papillon pour
la flamme, et donc,
celle là, qui me
trouve trop vieux du haut de l’insolence
de ses 28 ans,
est en ville et je la rejoins et toute la soirée
je lui parle, je
bois de la vodka au cola, je lui trouve
des bonbons
sucrés et je perds l’équilibre récemment
acquis et à
l’arrivée c’est un autre qu’elle veut
mais je peint un
million de rires sur son visage parfait
et elle donne
mon numéro à la fille des vestiaires
qui l’accepte
sans sourciller car je suis toujours
méchant avec
elle puisque tous les deux nous savons
bien qu’elle
n’aime pas les gentils garçons
et je pars avec
la blonde magnifique
et elle m’offre
un kebab sauce ketchup
et elle prend un
sandwich américain sauce blanche
les deux sans
frites et on continue à vivre ainsi
noyés dans les fous rires
il fait jour, il
est 78 heures du matin ou quelque chose
comme ça et elle
part avec sa cousine et le mec
de sa cousine et
je reste seul dans la rue, il fait
jour et rien,
absolument rien n’a changé
Petit
matin :
Et soudain j’ai froid.
Il fait jour, je suis seul
Sur la route
glacé
Et je me demande
ce que je fais là
Avec plus
d’alcool dans les veines qu’un homme
Sain d’esprit en
boirait en six mois
J’aurai besoin d’aimer Dieu à cet
instant
Mais ce n’est
pas lui que je hais, c’est juste moi
Et c’est à moi
que je parle dans tous mes reproches
Au divin, moi
qui n’ait pas
Le courage de
changer ce monde et qui
Reste là, planté
sur le goudron, les bras le long
Du corps
Ivre et
Pathétique
Et soudain, une
vérité m’apparaît nue et offerte
Comme une vierge
se donne à son premier amour
Un jour j’ai su l’amour
et après, tout
ne fut plus qu’un mensonge et moi
un perdant dans les yeux
d’une tueuse et
tout ça
l’amour, la félicité
est arrivé à un
autre que moi dans une autre vie
j’ai perdu
et je suis mort
et maintenant
je n’écris que pour LA
femme
et non pas pour le
vain espoir de continuer grâce
à l’écriture à
me taper des filles de 20 ans
alors que je
tape les 46 dans deux mois, non, j’écris pour celle-ci
celle qui
viendra, avec la patience d’un sculpteur perfectionniste
recoller chaque éclat de mon cœur
jusqu’à lui redonner
forme humaine,
celle dont chaque souffle sur ma peau
tuera un peu plus la douleur
et je ne sais s’il en existe une,
quelque part
qui osera un
jour prendre mon visage entre ses mains
et doucement, murmurer à mes yeux un
délicat
« tu ne seras plus
jamais seul »
et cela
suffirait
et elle ne voudrait rien
d’autre que moi
sinon le régulier battement de mon
corps dans le sien
et nous
n’aurions rien à faire que le monde nous appartienne ou non
parce que nous
serions un monde
à chaque fois que nos mains se tiendraient, une armure
contre tous les tempêtes et la folie
glisserait sur nous
en chantant et
l’amour ne serait plus mon ennemi
et d’ici là sans doute vais-je
continuer à
sombrer dans mes noirs abimes, à m’abimer
dans de sordides
fuites et mes funestes démons se réjouiront
tout en
déchirant mes chairs de leurs ongles sales
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