lundi 29 octobre 2018

Ode et vénération du verbe lécher (Paradis de la cirrhose, round 3)


Vendredi soir, je cesse d’arrêter de boire
Welcome au
Paradis de la cirrhose round 3 :
prenez une position confortable, digne et laissez vous aller
nul doute sur la luxure de mes actes à venir

il y a mon pote chevelu comme moi
Celui qui écrit des trucs forts, précis, dingues qui disent tout et plus en une seule phrase
Qui les lit sur la musique du pote musicien et ça balance et ça envoie
Droite, gauche, uppercut large, low-kick, balayage tu restes au sol pour le compte
mais il continue à balancer, faut toujours finir le travail
Achever celui qui est tombé

Et après, je lui dis qu’il devrait écrire des romans parce que
Chacune des phrases  de chacun de ses poèmes pourrait être un chapitre
Et crois moi, il faut un sacré talent pour écrire un chapitre par phrase
Un livre en un seul poème
Lui, tranquille avec sa bière il lâche un succinct « fais pas chier avec ça » !
Moi, je me marre, nous avons tous nos propres désirs
Et ceux que nous nourrissons pour d’autres ne sont pas synonymes de leur bonheur

Et le musicien, (le chauve qui vit autour de ma belle âme ne peut se résoudre
à détester ses longs cheveux)
il se fout de tout, il pourrait dire, bite, chatte dans un repas mondain
Citer kafka dans un combat de catch
il écrit, il joue, il peint et il fait tout ça bien et il est cool
Je crois que c’est ça le truc le plus important pour lui, être cool
Mais je peux me tromper

Et puis je rencontre la fille qui affirme qu’elle ne boit plus avec une  bière à la main
Yeux noirs et chevelure de déesse, un sourire rempli de vérités
Et on parle par intermittence dans le début de soirée, et elle a ce visage délicat
Et ce truc qu’elle dégage et parfois des regards cachés qui sont des portes dérobées
Sur quelque chose de beau et fragile camouflé derrière un feu sombre
Explosif cocktail qui donne
Ode et vénération du verbe lécher
et encore, idées salaces en roue libre dans mon crâne/étancher la soif de corps
j’ai tout ça en moi,
mais,
étrangement,
pas trop,
c’est juste une voix en sourdine, un vieux
Reflexe d’alcoolique fou et frustré qui devrait raccrocher les gants
(qu’attendre de l’alcoolique fou et frustré adossé comptoir, on le connaît non ?)
Mais la soirée n’est pas ça, ni le lieu/ni le moment et
Il est temps d’apprendre à me tenir en société, fils de pute mal dégrossi que je suis

Et quand je plonge la tête la première derrière ses yeux, je vois,
Cicatrices et plaies
Sang qui coule des paupières
Intérieur cassé, mal recollé, mal rangé, mal cautérisé
Tous ces trucs qui donnent envie à celui assez courageux/doué pour regarder là
désir subtil et doux, de l’allonger près d’une rivière
Endroit vert et bleu, eau fraiche et pure
pour lui murmurer à l’oreille « je n’ai jamais aimé que toi et toutes les fois où tu t’enfuit loin de moi pour te briser dans des nuits de traitrise ne sont rien tant que tu
me revient parce qu’il ne m’appartient pas de t’enfermer dans une cage, ni de rogner tes ailes, tes ailes tu dois les déployer pour prendre ton envol, qu’elles emplissent mon ciel et magnifient mon soleil »
Elle est faite pour voler plus haut que la douleur,
Et ce ne serait pas si grave que ces mots ne soient qu’un mensonge de plus
Sur une route de déchirures
car parfois
Vérité cruelle,
Le mensonge fait du bien,
Dit celui
qui connait des insomnies pendant lesquelles il arrive qu’il se réveille

Etre le chien qui lèche les plaies jusqu’à ce qu’elles cessent
De saigner
Coller une âme égaré contre la chaleur de son corps usé jusqu’à ce qu’elle cesse d’avoir froid

C’est ce que fait l’ami qui sait
Le courage nécessaire pour affronter le soleil
Quand tout est si rassurant dans la pénombre de nos grottes
Là où nous cachons folie et solitude en espérant qu’elles cessent de nous hanter
Quand ceci n’est que chaines et prisons, nous
Tout à la fois
Geôliers fous/prisonniers de cette peau qui recouvre nos os transis
La brûlure est intense et la blessure béante
Et nous ne savons ni d’où, ni pourquoi
Aventuriers du chagrin qui tenons debout envers et contre nous

L’alcool n’est rien
L’alcool n’aide pas à oublier
L’alcool n’aide pas à résister
L’alccol n’aide pas à écrire
L’alcool c’est verser de l’essence sur la flamme qui te réduit en cendres

Et vient la fille qui dit des mots et les écrits et les lits et faits plein d’autres trucs que j’ai oublié
Et la fille qui dit qu’elle ne boit plus avec une bière à la main
Me présente et dit de moi quelque chose comme

- Il écrit des trucs tellement sales que ça donne envie de le prendre
Et de le gifler et de l’étrangler, (elle mime la gifle et l’étranglement)
Mais parfois il y a tellement de tendresse, qu’on oublie –

Et aussitôt cette vision de moi me devient précieuse/nécessaire

mes masques sont faits d’obscurité mais
Je capte la lumière dans des regard que d’autres remplissent d’ombres, voilà qui je suis, tant pis pour ceux
Qui se rappellent de l’indécence des mots mais oublient la justesse du propos
(soudain mon arrogance me ravit)

Et la fille qui dit des mots et les écrits et les lits et faits plein d’autres trucs que j’ai oublié
n’est que rires et elle est pour moi une énigme
Je ne sens pas de cassures mais
elle n’est pas normale
Je parle ici de la normalité de la société, alors qui est elle ? elle m’échappe

elle aussi, beauté/yeux noirs, pourquoi a t elle coupé ses cheveux ?
tout est comme si sa folie était faite d’innocence enfantine
            et de quelque chose de solide
Et sa vie est un roman étrange d’un autre siècle qu’elle déroule
En le remplissant de rires et d’éclats d’étoiles
Et voilà qu’elle enchante la nuit
Elle,
Elle fait ce qu’elle veut
Elle fait ce qu’elle dit
Elle possède la liberté de ceux que rien n’a jamais vraiment freiné
Mais sur ce dernier point aussi, je peux me tromper

Et tous les trois nous rions
Et je songe que
nous sommes de cette meute que la foule ordinaire voudrait massacrer
et la nuit courre vers le matin et nous buvons des bières
Et la bière fait pisser, toutes les trois minutes dans mon cas
Et il y a mon pote qui peint super bien mais qui préfère la carrière commerciale
Et la vie de famille (nous avons tous nos priorités)
            Quand il partira, la fille qui affirme ne plus boire avec une bière à la main
            Me dira : ton pote, il a une tête de queutard
            Et moi, ami de merde
            Je répondrai : oui
            Dans l’espoir de détourner l’attention de moi
            Il arrive que l’amitié ne soit qu’une diversion
Et lui aussi à soif de vivre et de folie
Il est arrivé en retard et le regrette, il veut rattraper le temps perdu
Et nous écoutons des mots et de la musique superbes et nous buvons, parlons
et
arrive un moment nous finissons tous les quatre en haut dans une pièce avec des affiches partout , de la nourriture, des bières, de la vodka
Mais je ne touche à rien, je ne veux ni casser la magie du lieu
ni réveiller le monstre en moi
Celui qui veut crier et griffer une peau pour nourrir ce qui le dévore
Et la fille qui affirme qu’elle ne boit plus avec une bière à la main aimerait connaître celui-ci, le barge aux yeux hallucinés, aux rires gras vissés sur les lèvres, je ne le lui
Conseille pas, mais je ne suis pas un ami avisé
Et je songe que j’ai envie d’aller à Berlin, conduire jusque là en riant, connaître à nouveau
Le danger de la vitesse
Pourquoi Berlin ? aucune idée, certaines pensées naissent sans raison particulière
Et il en est de même de mes désirs étranges

Et nous sommes là, à rire, à deviser, il y a des poétesses, des poètes
Un éditeur bourré comme pas possible, (ne jamais sous estimer le pouvoir de la vodka)
Tous, des gens plus ou moins défoncés mais habités par quelque chose qui nous réunit
Et la fille qui dit des mots et les écrits et les lits et faits plein d’autres trucs que j’ai oublié réfléchit et elle dit :
Ici, je me sens normale
Puis elle précise :
Pas normale comme dans la vraie vie, mais je veux dire que suis bien avec vous tous
Et je comprends
Qu’elle parle de la quiétude que trouve le fou qui se mélange aux fous.
Et quitte à lécher le feu, je ne vois pas où je pourrais être moi
Ailleurs
Qu’ici
Et
Maintenant
Fin de la séance d’hypnose

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