J’avais toujours
cru
En l’idée de
devenir un écrivain célèbre
Parce qu’un
écrivain n’est pas obligé
De fréquenter
ses collègues de boulot
Et qu’il est clair
Qu’il baise plus facilement
Qu’un ouvrier de chez Michelin
Je sais de quoi je parle
J’ai été un ouvrier de chez Michelin
Et j’ai connu
mieux pour se faire savourer
La queue
Par la jolie bouche peinte d’une
Fille incroyablement belle dans la
vingtaine
Et je me voyais
bien
Rester enfermé chez moi pendant des
jours
à écrire, mater des films américains
Noircir des pages et des pages de
phrases
Etranges et percutantes qui
parleraient
à des générations entières d’âmes
avides
De folie et d’autodestruction, tout
ça
En me branlant
jusqu’à saigner, sans me laver
sans me raser
En écoutant des
chansons mélancoliques et
Peut-être de
l’opéra si le besoin s’en faisait sentir
En buvant de la
vodka, en hurlant après l’éventualité
d’une divinité
En maudissant
mon amour, en suppliant qu’une
Pute aux talons
hauts viennent me sauver de moi
avec sa jolie
chatte bien chaude
Parce que les
putes et la baise sauvage sont un moindre
Mensonge quand
on les compare à celles
que l’on couvre
d’un amour fou en espérant
Les protéger du
froid avec le vain espoir
De les retenir
près de son âme effilochée
et ouais, c’est comme
Ça que je voyais
le cliché, ce qui devait être
ma manière à moi
De m’ouvrir le
bide avec le brillant katana du poète
ivre d’autosatisfaction et d’auto
apitoiement
Pour en vider
les tripes et la merde fumantes sur quantités
de blanches
pages
vierges mais pas
farouches
J’avais toujours
cru en la possibilité
de finir comme
un putain d’écrivain
avec ma paire de couilles
poétiquement scarifiée
inscrite en
filigrane sur les petites culottes humides
De jolies
étudiantes en littératures diversement appliquées
Et la cervelle
étalée sur le mur de la création
Pour parfaire le
suicide littéraire résultant de l’analyse
Froide et lucide
de la folie résiduelle
d’une vie passée
à se détruire sans autre mauvaise raison que
tuer les voix
qui hurlent dans ma tête
Et me poussent à
me jeter le visage en avant contre les murs
De ma prison
mentale
Tout ça parce
que je ne voyais pas quoi faire à la place
Sinon gangster
ou politicien mais
Les hommes politiques
sont tous des
Des fils de putes qui sucent
les
banquiers qui sucent satan le
grand capital et quoi qu’on en
dise, avec un peu d’intelligence
et un bon sens de la corruption
les
dealers de drogues durent
même en prison
mais je n’aimais pas l’idée
du sang sur les mains et encore
moins le risque de finir enfermé
j’avais déjà construit ces geôles
intérieures
qui n’appartiennent qu’à moi et
elles me suffisaient
Ecrivain, ça me
paraissait cool
Vu que je
n’étais pas plus fait que toi pour la vie normale
(personne n’est
fait pour la vie normale, il y a juste, à
différents
degrés,
ceux qui
arrivent à la supporter), c’était ça l’idée
être le cri déchirant
qui empêcherait ta propre nuit de t’étouffer
et pour tout ça,
plutôt deux fois qu’une
j’étais
prêt à payer le prix
m’asseoir au premier
rang et lever le doigt bien haut pour donner
la réponse, plonger en
apnée dans un océan de mazout
avaler jusqu’à
la garde
la bite bien
raide de dieu, lui lécher les couilles avec application
le laisser jouir
dans ma bouche et, bien sur, tout avaler jusqu’à la dernière
goutte
avec
l’avidité d’une bonne petite chienne
bien
dressée
tout était bon tant que cela ne
nuirait pas à la pure intégrité
de mon âme de gratte
papier
et ceci
n’explique ni mes larmes ni ma rage, mais peut-être
mon obstination à écrire la nuit
quand je devrais
chercher à
baiser, ou à dormir, ou à me branler sur du porno
de mauvaise
qualité
et d’accord,
j’ai tout raté et ça aussi mais
quitte à tout
rater, et bien que je me foute de
Sinatra et de sa voix de crooner
j’ai préféré le faire à ma manière
écrire
m’a toujours laissé croire
que
je ne vivais pas à crédit
et si je n’ai
rien d’un putain d’écrivain
être un putain
de looser, c’est toujours être un putain de quelque chose
on se rassure
comme on peut diras tu, mais ce serait négliger
l’importance de
ce vivace sentiment, le dévorant besoin d’exister
peu importe la subtilité
du pas de danse
c’est l’intensité du
mouvement
qui rend immortelle
chacune des explosions
de ton cœur déréglé
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