mardi 5 septembre 2023

Sournois se montre le criminel

je vais sur internet, je calcule mes droits à la retraite
l'âge de départ et le montant me font vitre comprendre
que si je dois vivre, je dois le faire maintenant, inutile de parier sur l'avenir

hier, une fille magnifique m'envoie un poème tout aussi magnifique qu'elle a écrit
et j'entrevois à quoi ressemble le talent
c'est comme si je plongeais dans une scène d'un film très beau
je me demande comment elle fait pour lire ma mauvaise pornographie sans saigner des rétines

aujourd'hui, fin d'après midi,
je récupère mon vélo chez le réparateur et le chien et moi on roule 21 bornes
dans les bois, à un moment
je tombe sur une tente, un couple de quadra, on parle deux minutes,
je les laisse, ils seront bien pour la nuit, sans doute qu'il va la faire crier
(l'amour existe chez les autres, moi, je ne suis pas dans ses projets)

maintenant, je pue la transpiration
MadMax, (le jolie animal au pelage bringé) dort sur le plancher, j'ai l'espoir
qu'il récupère en pourchassant un lièvre au fil de son rêve canin

j'ai envie de me branler mais je préfère écrire

tout ce qui brûle n'est pas or
tout ce qui brûle n'est pas mort
je sais bien qu'il n'y aura plus de filles aux yeux couleur menthe à l'eau
pour me faire oublier que celle que j'ai le plus aimée avait les du noir dans le regard et dans le coeur
j'ai envie de me branler
mais plus que tout, je veux vivre à fond,
crever la rage au ventre pour oublier la douleur de l'agonie

se lance mon cinéma intérieur, 
moi dans mon salon, le bide à l'air, 
une bouteille de vodka à la main dansant très mal tout contre une brune sublime aux longs cheveux
musique sensuelle et désir de coller nos peaux par la sueur sale du sexe de trottoir

passons sous silence que je n'ai jamais bien bandé bourré
la vodka aurait pu me tuer, laissons-lui une seconde chance

le vide actuel de mon coeur me fait réaliser que
j'ai besoin d'un visage à coller à cette scène porno qu'on dirait venue d'une autre époque
mais je n'arrive pas à me duper, il n'y aura plus d'amour non plus, je devrais me concentrer
sur un moyen rapide et légal de faire du fric même dans mes fantasmes de vieux salaud

changement de plan,

journée ensoleillée,

la fille qui écrit des poèmes qui ressemblent à des scènes de films de réalisateurs italiens célèbres
je l'imagine dans les toilettes d'un lieu public, disons un bar d'étudiant, elle ôte sa 
culotte
doucement, 
la fine pièce de lingerie, noire, glisse le long de ses jambes blanches
elle fait ce que je lui ai dit de faire
roule en boule son appât à fétichiste couleur charbon, 
l'enfonce dans sa bouche aux lèvres peintes en rouge vif
relève sa jupe courte, noire aussi, se caresse, il y a mon nom écrit par sa main sur son pubis et 
ses ongles
sont peints
eux-aussi, (noir ou rouge ? j'hésite encore)
elle pense qu'elle est ma pute tout en se faisant du bien
elle pense que je suis laid mais qu'elle m'obéit en étouffant ses gémissements
elle pense que ma voix lui murmure à l'oreille qu'elle est une sublime putain et qu'elle peut jouir
en imaginant que je prends son cul de salope pendant qu'elle se caresse avec
sa petite culotte humide dans sa bouche brûlante

et bien sur,
un fois que l'éclair blanc lui aurait coupé le souffle,
elle irait boire un café
et d'une écriture de femme sure d'elle, elle écrirait un de ses magnifiques poèmes
qui raconterait la scène et n'aurait pour moi, le pervers barge et vicieux,
aucune tendresse

puis elle en ferait une photo qu'elle m'enverrait

cette fille est trop jeune, trop belle, pour moi
mais quand je lis ses mots, c'est comme si je la baisais
ça requiert la même confiance de partager ça avec moi,
ça requiert un désir sourd, quelque chose qui vient de l'intérieur
tous ne peuvent pas mais
je suis persuadé qu'elle peut comprendre que c'est aussi s'offrir à moi

c'est comme une photo de son cul, une partie intime qu'elle réserve aux élus
mais avec tout ce qui ne se voit pas sur une photo, une façon à soi de raconter
tout ce qui se passe derrière les paupières closes et les cris
tout ce qui manque au mélange de deux corps sans la communion de l'âme
une façon à soi d'illustrer le vide récurrent de l'existence pour une âme comme la sienne
les relations humaines n'offrent que peu de perspectives, on n'avance jamais que dans un sens, le sien

elle m'écrit vite, me dit garde ça pour toi,
et je ne vois pas comment il pourrait en être autrement

ô beauté, 
je garde tous tes présents pour moi, tu es là et tu es précieuse
des amours m'ont brisé
des amis m'ont trahit
des femmes passent puis s'éloignent tandis que je trépasse sur mon fauteuil en cuir bleu
et je n'ai rien d'un glorieux guerrier
mais dans la nuit, si peu de toi suffit à éclairer les murs de ma prison mentale,
tu es un monde de couleurs chatoyantes à l'appétit insatiable, moi
je suis une pièce sans fenêtres remplie de vases brisés

maintenant, la nuit m'abrite comme elle abrite les crimes sournois
je pense à toi
              j'ai peur
à me lire
tu es sans doute préparée à ma laideur physique
mais je suis effrayé à l'idée que ma réalité te paraisse
banale
tu ne le supporterais pas

et derrière ça, le désir de te mordre le cou et griffer ta peau

rougie par les claques ou non,
ton cul aussi doit être magnifique,
te dis-je
mais tu dors et ne m'entends pas
je devrais tenter ma chance dans le satin de tes rêves

je suis un crime à jamais irrésolu
















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