des fois je titube, mais le plus souvent je trébuche

ce soir, je bois au comptoir du bar tabac vers chez moi
et la vie n'est pas si dégueulasse
je dis à la blonde, je ne t'emmène pas en virée, tu seras trop soule pour conduire jusqu'à chez toi sinon !

pas avec toi répond-elle, tu es trop fou

je suis toujours trop fou pour les femmes de la réalité

et elles laissent des hommes pas fous leur briser l'âme et le cœur

bon, il faut relativiser

parfois je suis simplement trop laid

moi, je dis, 

je suis un putain de poète

quand elles me lisent, des femmes mouillent et m'envoie des photos d'elle nues

certaines se caressent en cam to cam pour moi

et elles demandent à voir ma queue sur leur écran

musso et levy n'ont pas des lectrices brûlantes comme les miennes

mais musso et levy sont blindés d'oseille

ils peuvent se payer toutes les putes de la planète, donc ils se foutent que mes lectrices

soient bien meilleures que les leurs et j'imagine que pour eux

peu importe que personne ne puisse citer une seule phrase qu'ils ont écrite

l'oseille suffit à les rassurer sur leur talent

merde,

vendre autant, et pas une seule citation qui a fait le tour du monde.

c'est comme une nymphomane qui suce avec les dents

mais ceci n'est que l'opinion d'un obscur et pauvre fils de pute, la mienne

la plupart des gens qui ont quelque choses à dire et qui l'écrivent bien

ne sont pas publiés

ou par de confidentielles petites maisons d'éditions

les grands éditeurs aiment ce qui se vend, ou qui parait intelligent si ca ne se vend pas

plus tu te masturbes la matière grise

pour répondre à des questions que ne se posent jamais 

ceux qui chaque jour que Dieu défait, sont confrontés à la nécessite de trouver la

force de ne pas arracher avec les dents la gorge

de leurs collègues de travail, plus tu as ta chance de voir ton nom sur les rayons

de la FNAC

je dis ça mais je ne parle pas de moi. je suis un génie à part

(on se rassure comme je peux)

personnellement,

je peux vivre sans problème avec cette certitude :

les éditeurs aiment les philosophes et les culottes blanches et propres des jeunes filles

et les éditrices ne mouillent pas pour moi

mais peut-être que leurs filles me lisent, ce qui laisse un espoir au monde littéraire de demain

oui, l'arrogance est une autre façon de rassurer l'écrivain raté qui vit en moi

des fois je titube, mais le plus souvent je trébuche

heureusement

il y a des trucs qui m'aident à tenir

comme me convaincre que je suis un putain de génie incompris

la branlette

la mort ou juste l'emasculation d'un torero sur la corne d'un taureau, 

la photo d'une paire de seins accompagnée d'un "branle toi la dessus, connard"

l'idée que l'enfer c'est ici et que la réincarnation n'existe pas

pisser sur les portières de la voiture de la vieille pétasse blonde qui a failli rouler sur moi

et mon chien l'autre fois, sans oublier de bien arroser les poignées où elle va poser ses mains

les philosophes me font marrer

s'interroger sur le sens de la vie alors que ce n'est qu'un trajet en ligne droite de la naissance à la

mort

je ne serais pas surpris qu'un jour un vrai écrivain leur arrache la gorge avec ses dents

l'autre jour, j'ai réalisé que

si je n'ai plus besoin d'amour

je vais bien

parfois, le bonheur, c'est juste s'affranchir des chaines que l'on forge soi-mème

depuis je vais mieux

autre bonne nouvelle,

je suis censé baiser la semaine prochaine

se concentrer sur le sexe me parait une excellente solution pour ne plus souffrir du manque d'amour

Pourquoi n'ai-je donc pas mis ceci en application quand j'avais 20 ans, des cheveux et le ventre plat ?

mystère !

tout ceci, l'alcool, lire et écrire de la poésie ce soir, la perspective de fourrer bientôt une chatte brulante

suffit à contenter l'homme que je suis devenu

merde

a quel moment ai-je oublié que je m'étais juré de mourir loin de là où je suis né ?

retrouve ta rage, fils de pute !