mardi 3 août 2021

Mes sourires sont des cicatrices

certains jours des gens m'écrivent que je n'écris pas le truc qu'ils voudraient lire
et je perds du temps à leur expliquer
a) que j'en ai rien à foutre
b) qu'il serait plus simple qu'ils se l'écrivent eux même (et comme je suis foncièrement bien élevé
- prenons s'il vous plait une seconde pour en remercier mes géniteurs - je n'ajoute pas qu'ils peuvent, une fois que s'est fait, se le carrer dans le cul)
 
et d'autres jours, il y en a qui me disent, fais toi éditer
en oubliant que se faire éditer serait dire adieu à une certaine liberté
et qu'il faudrait avant tout, plaire à un éditeur ou à une éditrice
donc trouver quelqu'un doté d'assez de goût pour aimer autre chose que ces trucs gnangnans
et sirupeux pondus par des gens dont la souffrance n'a jamais atteint un niveau de confrontation
directe avec la mort tel que risquer de prendre un coup de couteau dans un restaurant ou
s'ouvrir les veines avec une lame
rouillée 
seul devant un miroir fêlé qui ne laisse passer que l'obscurité qu'il reflète
et qu'en plus, la-dite personne possède assez de courage littéraire pour parier sur un cinglé, voleur, menteur, ex-alcoolo, pornographe
dans mon genre, autant dire, résoudre
une équation à plus de degrés que la vodka avec laquelle j'ai détruit
ma santé avec application durant de belles mais sordides années
passant régulièrement le mur du fond de bouteille bien avant le petit matin
à l'âge ou d'autres avaient déjà réussi leur vie et leur progéniture avec ce brio certain
qui m'a toujours manqué

les gens croient que j'ai envie d'écrire
la vérité du truc - mes sourires sont des cicatrices -
c'est que je DOIS écrire
c'est comme ça depuis que je suis gamin
le besoin est là depuis toujours ou presque
et c'est une putain de croix, 
la paroi de verre quoi me sépare du monde et de la vie normale
solitaire de mon côté, je regarde les autres,
mais je ne serais jamais comme eux
je le sais, ils le sentent confusément et souvent, me le font payer
je voudrais briser la vitre mais
j'ai ça en moi
je dois écrire parce que je vois et ressent ce qu'ils ne voient pas  et ne ressentent pas

"que la vie n'est rien d'autre qu'une putain de file d'attente devant le guichet de la mort"

si j'avais eu un peu de talent
j'aurais pu finir auteur d'héroic-fantasy, de romans policiers
de bande-dessinées
n'importe quoi plutôt que d'affronter le monde et ses règles
Pour m'en sortir,
j'aurais même accepté de pondre de stupides romans sentimentaux destinés à faire mouiller
le nombre grandissant des laissées pour compte de l'amour plus ou moins ménopausées
mais au lieu de ça, comme tout un chacun
j'ai du lécher dans le sens du poil un nombre incalculable de trous de balles
non pas pour survivre, mais juste pour bouffer, parce que je n'avais pas les couilles pour voler,
et j'ai du
                                         marcher dans les usines et les entrepôts sales et humides
ou enfiler des costumes, nouer des cravates assorties et arborer une mine avenante
fait des études qui ne me correspondaient pas avant de virer monteur de films pornos sur le tard
être un esclave partout ou je suis passé
même pour ma propre famille
pour réussir à pondre de futiles poèmes auto-centrés sans grande envergure
 
et tout en acceptant ce destin puant la merde fraichement évacuée par une quelconque divinité silencieuse
un lendemain de cuite divine
je savais que la vie, les gens, ce monde, me demanderaient tout le temps de faire
de dire
d'accepter
des putains de choses que je me sentais absolument incapable de faire
de dire
d'accepter
 
et pourtant, caché derrière mon masque
j'ai tenté et réussi à donner le change, avec plus ou moins de réussite
laissant perdurer l'illusion que je jouissais à chaque fois que je prenais dans le cul
le prix de l'amour, du travail, de l'amitié, parfois de la simple gentillesse
marchant à peu près droit en
saignant de tous les orifices, la gueule et les yeux défoncés par les coups en traitre
et les retours de bâtons tout en sachant très bien que je n'ai jamais eu de génie que pour
la simple défaite et qu'écrire...

merde, à cette instant, un peu de franchise ne serait pas malvenue
 
pour les gonzesses posez leur donc la question, mais pour les mecs qui écrivent
nul doute qu'on le fait tous principalement pour continuer à briller dans les yeux des femmes
tout ce cirque ne rime à rien sinon nous permettre
de continuer à bouffer des chattes trop jeunes pour nos bouches de frustrés de la
vie
 
mais de façon plus générale, et là j'inclus sans honte les femmes dans le groupe, la bassesse humaine n'est pas du seul ressort des hommes,  bien malheureusement,
écrire c'est bon pour les perdants, ceux qui ne sont pas assez fort pour dévorer la vie
mais aussi pour les dingues, les salauds et les ordures
 
on pardonnera tout à un écrivain, ses constants échecs, sa laideur, d'être un con, un pédophile, d'avoir violé sa mère ou congelé son enfant que ce soit ou non sous l'emprise d'une drogue frelatée, de se branler avec un doigt dans le cul,
sur des photos d'adolph hitler... toute sa face sombre ne sera rien tant qu'il pourra le justifier et
s'en faire plaindre avec le talent des mots,

on lui pardonnera même d'être pauvre

écrire
ça procure l'illusion qu'on peut faire de la défaite une victoire
 
et c'est comme que je tiens jour après jour
que je peux expliquer pourquoi
personne n'a encore retrouvé mon cerveau dégoulinant sur le difficile à nettoyer
mur du salon, mais
 
En bon fils de pute qui s'y connait en diverses formes de branlette, je vous le dis mes ami(e)s,
 
tout ça n'est que de l'esbroufe


 
 
 
 

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