Dehors, devant
le restaurant,
Cheveux longs et
noirs, voix cassée
Clope au bec, coupe de champagne
Sur le comptoir,
Elle nous parle
de sa tumeur au poumon
Elle n’a que ça, elle est contente,
elle
S’attendait à
pire
Dans 15 jours,
ils vont l’opérer, lui ôter ça
Et une partie de
sa respiration
Elle va déguster, mais je ne lui dis pas
(moi aussi ils
m’ont ouvert en deux une fois mais j’ai eu plus de chance)
La souffrance, elle
s’en doute, mais ne recule pas, la douleur est son combat
La cicatrice sur
sa peau ne l’effraie pas non plus
Enceinte à 17
ans, depuis son ventre est couvert de vergetures
En tant que
femme, ça aussi, elle a appris à s’en foutre
à faire avec,
son fils est grand, elle ne regrette rien
Elle promet
qu’elle va arrêter de fumer
Elle a déjà eu deux cancers
C’est une
survivante
À l’écouter, je
me sens un peu comme dans un poème
Du gars Heptanes,
spectateur d’une ambiance décalée, clope, alcool et cancer
qui cohabitent
Dans le même
corps au même instant, rien à ajouter dirait-il sinon peut-être
Un
« enculé » qui résonnerait, un peu de rancœur
Quelque chose qui traine et colle aux
bottes quoi !
Mais la vérité,
c’est que
je ne comprends pas bien
Le Divin Plan,
toute cette misère et cette souffrance
Alors que nous
sommes si capables
De nous détruire tous seuls, sans
aucune aide
Et je songe que si nous sommes faits
à l’image de
Dieu, alors je comprends mieux
Les psychopathes, les assassins, les
bourreaux
Les sadiques,
les violeurs, les pédophiles, les fous,
Les haineux, les
voleurs, les menteurs, les schizophrènes…
à moins
Que ce ne soit
que l’arrogance humaine et rien d’autre
- Prétendre au Divin quand le Divin
Nous a abandonné
là, seuls à nous dévorer
Entre frères et
sœurs, à crever de nos maladies, nos guerres
Et nos folies,
sans amour ni honneur - c’est peut-être ça
L’idée, bien sur
que si j’étais Dieu, je nous aurais laissé là
Sans espoir de
fuite
Et je me serais
barré sur une planète verte, avec les plus jolies putes
Avec une bonne
provision de bières et les poème de Dan Fante et ceux de Bukowski
Pour m’allonger
Le ventre à l’air
Sous quelques soleils
Au
bord de
Quelques océans
Dans quelques
coins tranquilles
Où on baiserait et
où la poésie serait reine, des lieux calmes où il ferait bon
De bouffer des
chattes
Et boire frais, enfin
en équilibre, l’amour ne serait
Ni une épée dans
le dos ni un danger, jour et nuit, je banderais comme à
Vingt ans et de
délicates bouches peintes en rouge lècheraient mes couilles pendant
que j’écrirai
Ce truc là ou un
autre, mon chien ne serait pas en train de crever dans son vomi sur le
Plancher du
salon et mon cœur
pourrait
battre sans relâche, sans que la tentation de me l’arracher de mes propres
mains
ne ressemble
à une approche pertinente de la sagesse
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