Lorsque
j’étais jeune, je croyais qu’écrire
me
rapporterait des femmes, de l’amour, du respect, de l’argent,
la
liberté
je me voyais déjà assis sur les sièges en cuir
de
voitures coûteuses conduites par des filles de riches ou
des
éditrices, des productrices, des critiques d’art, des antiquaires
parisiennes,
des photographes new-yorkaises, des top-modèles russes
des starlettes de cinéma… Toutes
soucieuses
de savourer ma queue de génie littéraire
avec
toute la vigueur
de
leurs lèvres peintes tandis que je profiterai d’elles
en
laissant flotter sur mon visage l’arrogant sourire
de
l’arnaqueur qui sait qu’il est en train de tromper son monde
mais je sais aujourd’hui qu‘écrire, c’est
juste côtoyer
la folie et se noyer dans son sang,
c’est un putain
de chemin à parcourir les tripes à
l’air et celles
qui
sucent la bite de l’écrivain sont le plus souvent
aussi
dérangées et seules qu’il l’est parce que la puanteur de la vie fait
que le fou se lie au fou et mes nuits
sont solitaires ou dingues
et
je vis avec un passeport en cours de validité
à
portée de main car cela me rassure
de croire à la possibilité
d’une fuite
les trous dans mon âme
ne laissent pas passer la lumière
mais, quelle que soit l’obscurité,
écrire me permet d’envisager
la vie
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