mardi 25 juin 2013

Je vis avec un passeport en cours de validité à portée de main car cela me rassure de croire à la possibilité d’une fuite


Lorsque j’étais jeune, je croyais qu’écrire
me rapporterait des femmes, de l’amour, du respect, de l’argent,

                                                la liberté

            je me voyais déjà assis sur les sièges en cuir
de voitures coûteuses conduites par des filles de riches ou
des éditrices, des productrices, des critiques d’art, des antiquaires
parisiennes, des photographes new-yorkaises, des top-modèles russes
 des starlettes de cinéma… Toutes
soucieuses de savourer ma queue de génie littéraire
                                    avec toute la vigueur
de leurs lèvres peintes tandis que je profiterai d’elles
en laissant flotter sur mon visage l’arrogant sourire
de l’arnaqueur qui sait qu’il est en train de tromper son monde

            mais je sais aujourd’hui qu‘écrire, c’est juste côtoyer
            la folie et se noyer dans son sang, c’est un putain
            de chemin à parcourir les tripes à l’air et celles
qui sucent la bite de l’écrivain sont le plus souvent
aussi dérangées et seules qu’il l’est parce que la puanteur de la vie fait
            que le fou se lie au fou et mes nuits sont solitaires ou dingues
et je vis avec un passeport en cours de validité
à portée de main car cela me rassure
de croire à la possibilité
d’une fuite

                        les trous dans mon âme ne laissent pas passer la lumière
            mais, quelle que soit l’obscurité, écrire me permet d’envisager
la vie

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