vendredi 15 juin 2018

Pendant que les gens trop propres sur eux font semblant d'aimer dormir

2h42
elles viennent toujours la nuit
pour me parler de tout ce qui leur brûle le ventre
elles me trouvent sur le net, facebook à ses avantages après tout
je suis comme le héros de Guinzburg, un plombier des âmes

la fille qui utilise le mot baiser dans la conversation
écrit vraiment bien
des trucs que je suis incapable d'écrire
des trucs qui ne parlent pas trop de cul
mais que je comprends malgré tout
elle saisit bien la lumière et ça touche juste

et pendant que les gens trop propres sur eux font semblant d'aimer dormir
à poil sur mon lit, je tripote distraitement ma bite
je lis ses textes
et  dans un similaire tempo, elle me dit
qu'elle aime embrasser
qu'un mec la tient à coup d'éjaculations sur le visage
et qu'elle adore parler avec moi
quand j'aborde des sujets aussi divers que fessées, mots crus et autres saloperies

Suis-je vraiment ça ?
cet allumé qui ne lui a jamais demandé si son prénom était vrai
ou
juste un pseudonyme ?
comme si la vraie vie ne comptait pas
et sans doute
qu'elle ne compte pas
et sans doute que oui
elle ne parlerait pas à un type pas dingue
pas comme ça

Il y a deux jours, un médecin moins rassurant qu'il ne l'aurait voulu
m'a dit "on va faire un examen pour vérifier ça" et je me disais
retrouve ton âme, vend-là et part claquer le fric sur une plage à l'autre bout d'un monde
avec des catins russes aux yeux verts, oublie l'examen, finit en beauté
mais on n'arnaque pas le diable avec une âme frelaté
et cet après midi, une autre fille m'écrivait que "superbe pute"
est l'insulte la plus classe et la plus excitante qu'on puisse lui dire
et cette nuit
la fille qui utilise le mot baiser dans la conversation
affirme que je lui plais et que ça craint
La vraie vie peut aller se faire foutre
la vraie vie je suis seul ce soir sur mon lit
à poil
gros bide
chauve
nez cassé
éventuellement malade
yeux verts remplis d'une certaine forme de solitude

je lance Artic Monkeys, four out of five en boucle sur youtube
je rêve cigarettes et vodka, dix ans de moins
plaquer la fille contre un mur
lécher ses seins
sa chatte
dans une rue ou une cage d'escalier
la nuit
graver mon nom sur son cul avec mes ongles
langues emmélées et caresses, foutre et mouille
est-ce qu'elle gémit ?
est-ce qu'elle crie ?

tu veux que je fasse quoi dans la vraie vie ?
j'ai connu les usines et les femmes frigides qui ne sont pas si frigides dans ton dos
j'ai vu la mort prendre son du
j'ai entendu le silence de Dieu
et j'ai appris que ceux qui jouent de la guitare se font les plus jolies
mais ce ne sont pas eux qui les épousent
je sais cette dernière affirmation ne veut rien dire, mais parfois, j'adore pérorer

je suis cassé ma puce tu sais
cassé en milles morceaux
la vie me tape sur le visage
et la mort guette son moment
et là tu te caresses, à plat ventre, mais tu n'as pas mis la ceinture autour
de ton cou comme je l'avais demandé
je devrai te punir pour ça
un jour et toi tu réclames ta récompenses en riant

tu as sans doute raison
peut-être ne devrait-on pas trop parler
juste baiser
juste baiser
juste baiser
à s'en exploser le cœur avant qu'un autre enfant de pute ne nous le brise à nouveau
bordel,
tu es si loin quand tu devrais être trop près
tout ça pourrait être un vol parfait







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