mardi 21 novembre 2017

Quand sonne la cloche qui annonce la fin du combat

Derrière moi il y avait l’hôpital et j’ai marché jusqu’à la voiture
Et mon père s’est éloigné de son côté et
Ma mère venait de mourir
Son cadavre était en train de refroidir dans sa chambre
Attendant que des gens viennent le prendre, le poser sur un chariot
Et l’amener ailleurs et son lit serait libre et quelqu’un d’autre
Viendrait ici s’allongerait et peut-être que ce quelqu’un
Ne mourrait pas là ou peut-être que si, va savoir !
Et le monde me semblait vide et glacé, inutile
Et assis sur le fauteuil de ma voiture
J’ai pris mon téléphone et j’ai appelé les gens
Parce qu’il fallait bien que quelqu’un le fasse
Et que mon père avait passé sa vie à s’occuper
De sa femme et que c’était tout ce que je pouvais
Faire pour le soulager
Alors j’ai appelé et j’ai dis c’est fini et ça m’a pris
Du temps mais ça repoussait le moment où je devrais
Affronter la douleur
quelques jours avant, mon père et moi
On avait mis leur chien dans un sac de sport
Et avec la complicité des infirmières on l’avait
Emmené dans la chambre et ma mère avait souri
Et le lendemain avec une amie on avait humecté
Sa bouche avec de la clairette de die et elle avait
Encore sourit et elle disait qu’elle pensait
Qu’elle allait mourir et on répondait non non et
Sans doute faisait-elle semblant de nous croire
Pour ne pas nous effrayer et peu de temps
Après elle avait sombré dans le coma et elle n’avait
Jamais rouvert ses yeux doux, jamais plus sourit
Et je lisais un magazine à côté d’elle quand c’est arrivé
son souffle
S’est arrêté une première fois et j’ai levé la tête et elle s’est remise à respirer
Et j’ai observé, puis j’ai repris ma lecture pour tromper
l’attente, car il ne restait plus que ça, l’attente et le stupide désir
de se tromper soi même qu’il ne fallait surtout pas écouter
car il n’aurait été que souffrance supplémentaire quand
surviendrait le moment ultime
                                                            et
comme si elle attendait que je regarde ailleurs
Elle a arrêté de respirer pour de bon
 et c’était comme si elle était partie
Tout doucement sur la pointe des pieds, pour
Ne pas déranger, et cela lui ressemblait tellement
Cette peur de déranger mais je m’en suis rendu compte
Et j’ai alerté mon père et on a appelé l’infirmière
Qui a dit « cette fois, je crois… » et on savait
Ce qu’elle croyait
Cette fois
et la doctoresse est venue et a constaté
Le décès et personne n’a rien essayé comme dans les films
Tu sais, les électrochocs sur la poitrine, la course sur un chariot
Jusqu’au bloc avec la famille qui pleure et hurle
« tiens bons, nous sommes là, tu n’es pas seule »
il n’y avait rien de tout ça, la partie était joué
nous le savions et nous avions juste voulu
qu’elle parte ainsi, sans trop de souffrance
sans savoir, shooté par les perfusions et dans le coma
c’était mieux et à côté de son corps déserté par tout ce
qui avait été elle
je me disais c’est juste ça de mourir
Ça paraissait presque doux, mais ce n’était pas doux
C’était un vide, un trou noir dans le cœur qui aspire la lumière
De ceux qui restent et nous étions ceux qui étaient encore vivant
Et elle semblait apaisée, on espère toujours que les morts
Soient apaisés et on l’a embrassé et j’aurai voulu un signe
Un souffle de vent, un vase qui tombe, quelque chose
Qui me laisse croire que ce n’était pas fini
Qu’on se reverrait ailleurs où dans une autre vie
Mais je sentais rien, je ne voyais rien peut-être
Etais-je aveugle et sourd ou peut-être était-ce bien
Fini, à tout jamais, une injustice de plus dans ce monde
Et mon père a filé aux infirmières son parfum
Et lui a dit « tchao » parce qu’il ne savait pas quoi dire 
Et qu’il ne voulait pas pleurer et on l’a embrassé
Et on est parti
Et j’ai appelé les gens et après je l’ai rejoint chez lui
Et il avait besoin de boire et moi je ne voulais pas boire
Car je savais que je me serais écroulé
Et maintenant je repense à ma mère, à sa façon
De rester debout face à la sclérose qui lui
avait pris ses jambes et il a fallut
Un cancer foudroyant du pancréas en plus
Pour l’avoir, ultime coup bas de la vie
et elle est resté elle même
Jusqu’au bout, tellement    digne
refusant de se plaindre ou de supplier
Et c’est comme si Dieu avait du la prendre
En traitre pour la ramener près de lui
Comme si Dieu n’avait jamais pu gagner le combat
Contre elle, mais la mort si

vendredi 17 novembre 2017

D’après une histoire vraie

Un jour, et sans que je ne sache le pourquoi de cette idée saugrenue
le bureau hongrois d’une chaine de télé américaine
Décida de m’interviewer lors d’un documentaire
Consacré à un réalisateur de films porno que je
Connais plutôt bien.

            À une de leur question, je répondis
Quelque chose comme ça :

« ce n’est pas  grave de faire du porno
parce que ce n’est pas forcement  ce que tu fais
qui représente qui tu es, mais la manière dont tu le fais, prenons
les prêtres par exemple, ils ont le plus beau métier du monde
vu qu’ils sont chargé d’amener le divin sur terre, d’enseigner
la parole de Dieu, mais lorsqu’il devient pédophile, le prêtre
fait du plus beau métier du monde, le pire ! »

Je l’ai pas dit tout à fait comme ça, vu que je parlais en Anglais
Mais telle était mon intention. Curieusement, cette partie de mon
témoignage fut coupé au montage.

Certes, le monde du porno
N’est pas celui que je décrirais comme le plus sain que je connaisse, mais
je peux en dire autant de ceux qui t’enseignent les religions
bien que j’ai plus fréquenté le premier que les seconds
et que tout ça ne soit qu’affaire de convictions personnelles

Aussi que tu décides de faire prêtre ou pornographe
Saint ou putain, assassin ou gynécologue conventionné
quoi  que tu fasses, souviens-toi

la beauté du geste fait la légende

Et si jamais tu te réveilles rongé par un sombre désir d’écriture
Ne prends pas la plume si tu n’as pas l’intention
De donner à tes mots assez de force pour foudroyer un Dieu

mardi 14 novembre 2017

Dieu bande mou

J’étais assis sur un banc public lorsque Dieu est venu s’asseoir à côté de moi. IL a posé son cul divin contre moi et je me suis poussé tout en ressentant un amour indicible.
-       C’est chiant qu’ IL a dit. Dès que j’approche un mortel il ressent ça et il sait automatiquement qui je suis. Impossible de bénéficier de l’effet de surprise, même pour faire une farce à un pote.
J’ai compris que Dieu pouvait lire dans mes pensées ou tout au moins ressentir ce que ce qui se passait en moi. La sensation de divin amour s’est estompée et je décidai de me méfier, j’avais toujours eu un côté paranoïaque.
IL l’a compris et IL a secoué la tête d’un air dégouté avant de sortir un paquet de cigarettes au menthol.
-       T’en veux une ? qu’IL a fait en me regardant.
J’ai accepté en hochant la tête, chose doublement surprenante puisque j’avais arrêté de téter la mort en pastille et quand je fumais, je détestais les clopes à la menthe. Mais j’imagine que c’est dur de refuser un truc à Dieu.
IL me l’a allumée avec un vieux zippo argenté.
Je me demandais ce qu’on foutait là tous les deux, sous la pluie de Novembre.
-       Je suis crevé qu’IL a fait.
J’ai pensé que moi aussi, mais je crois bien que comme d’habitude, Dieu se foutait bien de ce qu’on pouvait ressentir. En tout cas, IL n’a pas relevé. J’ai attendu la suite en L’observant. Ses fringues étaient crasseuses et Sa barbe blanche mal taillée. Son œil était morne et aucune lumière n’émanait plus de mon compagnon de banc depuis la disparition de la sensation fugace qui m'avait révélé son essence. Limite on aurait pu le prendre pour un clochard, au mieux pour un retraité pas bien lavé avec des problèmes récurrents d’incontinence.
-       Putain, y fait un temps à aller aux putes qu’IL a déclaré, Dieu.
-       Ouais j’ai dit.
Ça faisait longtemps que je n’avais pas tiré un coup. Ma vie sexuelle était un peu comme le Sahara, en moins humide.
-       Tu connais un bordel en ville ?
-        Il y a bien l’Enfer dans les petites rues pas loin d’ici.
-       L’Enfer ?
-       Un bar à hôtesses. Le champagne est cher et mauvais et suivant ses moyens on peut se faire sucer dans la cour de derrière ou passer un peu plus de temps dans une chambre à l’étage.
-       Ça me plait. On y va ?
-       Tu sais que j’ai dit à Dieu en le tutoyant parce qu’IL avait commencé, j’ai pas trop d’oseille pour le moment, tu m’as pas trop favorisé jusque là, question réussite sociale.
-       Oui mais tu as une grosse bite, non ?
-       Non, tu confonds.
-       Ah merde. Et le proverbe aide-toi le ciel t’aidera ?
Un point pour Lui.
-       J’ai eu beau me branler à l’adolescence, j’ai pas reçu une grosse bite.
Un point partout.
-       Bah, après la cigarette, je dois pouvoir t’offrir une petite pipe afin de me pardonner pour t’avoir si peu membré. Pour ma part, je pense me faire la totale, champagne, chambre et deux ou trois poulettes bien roulées. Mais ce serait bien le diable si je ne faisais pas croquer mon nouveau pote.
-       Sympa, merci Vieu...Dieu !
-       C’est le moins que je puisse faire si tu m’indiques le chemin, on y va ?
Bon, même s’il y trouvait un intérêt en terme de lieu et d’itinéraire, il semblait bien que pour une fois Dieu se souciait de sa brebis égarée. J’étais tellement aux anges à l’idée de tirer un coup gratis que je ne me demandais même pas comment Son omniscience ne connaissait pas l’adresse du moindre bordel et autres lieux de péchés sur terre. En tout cas moi, je savais où un sale type comme moi possédait une chance de se faire sucer contre quelques billets, là résidait la différence entre l’humain et le divin.
On a commencé à marcher en silence. Dieu ne semblait intéressé par ni les gens qu’on croisait, ni par l’idée de converser avec moi.
On a fini par se retrouver devant l’entrée de l’Enfer et je me demandais si on allait nous laisser passer, vu que tous les deux, on ne présentait pas vraiment comme Donald Trump quand il se rend à « pompe mon noeud land » dans son gros 4X4 noir aux vitres fumées. Ceci dit, l’Enfer était un bordel glauque, pas le quatre étoiles de la maison close. Le videur à l’entrée nous a regardé et Dieu a sorti une liasse de billet de 20 épaisse comme la fourberie d’un politicien qui, allié à la sensation divine qu’on éprouvait en rencontrant Dieu, a produit l’effet escompté. Le cerbère nous a laissé passer en souriant. Dieu lui a filé un bifton ou deux pour le remercier.
-       Tu vois qu’IL a dit, Dieu, comme s’IL avait deviné mes pensées, c’est pas si compliqué de visiter l’enfer.
-       Je l’avais entendu dire au catéchisme !
Plus tard, Dieu était allongé sur le lit avec trois prostituées roumaines presque majeures tandis que dans un coin je besognais en levrette sur le plancher une petite russe aux yeux verts surement pas plus âgée que les autres. IL fumait un cigare tout en buvant du champagne pendant que deux filles se la donnaient dans une parodie de langoureux show lesbien et que la troisième lui prodiguait une paradisiaque fellation histoire de réveiller ses divines ardeurs. D’où j’étais, je voyais bien qu’IL bandait mou.
J’ai joui péniblement dans la chatte de ma pute à moi, puis j’ai ôté la capote et je me suis appuyé, nu, contre le mur histoire de reprendre mon souffle. J’ai fais signe à la fille qui s’est levée pour nous servir deux coupes de champagne. Ensuite, elle a ramené des cigarettes et un cendrier.  On a fumé sans rien dire tandis que sa collègue semblait échouer à raviver la flamme divine.
Dieu me semblait vide, usé, impuissant.
-       Je suis fatigué qu’IL a fait, fatigué !
J’ai eu envie de lui demander pourquoi.
Pas pourquoi IL se sentait rempli de fatigue, mais pourquoi les guerres, les meurtres, les viols, la solitude, la souffrance, les maladies, la mort, la folie, la rage, la haine, les mécaniciens malhonnêtes et les gynécologues hommes, pourquoi ce trou dans le regard de la pute de dix sept ans que je venais de baiser et  ce qu’elle foutait là, il existait bien la possibilité d’un meilleur destin pour elle, non ? Pourquoi j’étais fou, immonde, vivant, alcoolique ? Pourquoi pour toute la merde de la vie, pourquoi pour toutes les fois où j’avais regardé la réalité et où je m’étais dit que Dieu devrait arrêter de jouer au poker avec le Diable parce qu’IL perdait ?
-       PARCE QUE ! qu’Elle a rugit, Sa voix, dans ma tête.
Bon j’imagine qu’après avoir baisé dans la même pièce, je pouvais partager mes pensées avec Lui tout en n’obtenant aucune réponse précise à toutes ces questions merdiques qui me taraudaient l’esprit tout d’un coup. Sans doute qu’à sa place, si ma création partait en couilles comme le monde actuel le faisait en ce moment, je tenterais aussi de me planquer derrière un mystérieux parce-que qui signifiait « les voies du seigneur sont impénétrables, tu peux pas comprendre » en plus concis. Tout d’un coup, Dieu m’apparaissait tel un ministre véreux pris en défaut par un journaliste lors d’un talk show en direct.
Pendant que je m’interrogeais sur le sens de son Divin parce que, Sa virilité a fini par se redresser et la pute s’est mise à califourchon sur lui. Il penchait la tête sur le côté pour profiter du spectacle des deux autres filles qui venaient de démarrer un plus ou moins torride 69 tandis qu’elle s’activait sur son membre avec de frénétiques va et vient avec l’intention évidente d’en finir le plus vite possible.
Trois minutes plus tard Dieu a joui.
Pas de cris, pas de tsunami ni d’autres catastrophes naturelles pour accompagner sa jouissance. IL a juste gémi doucement.
Puis IL s’est endormi tandis que la pute allait laver sa chatte remplie de Divin Foutre.
(Oui, Dieu baise sans capote. On peut imaginer que Son éternité préserve des maladies vénériennes et pour la déontologie, IL avait payé le double pour ne pas en utiliser pendant l’acte).
IL a roupillé un bon moment, les putes avaient toutes disparues une fois le champagne bu jusqu’à la dernière goutte, mais Ses Ronflements on fini par cesser. J’attendais toujours et j’avais fumé presque toutes les cigarettes lorsqu’IL a ouvert les yeux. Il était tard et nous sommes partis manger au restaurant. Il a pris un poisson avec du riz car nous étions vendredi avec un pichet de rouge et moi, une entrecôte frites saignante parce que je pratique peu la religion.
-       Des belles salopes ces trois putes, c’est rien de le dire. Elle t’a plu ? la tienne, celle que tu as baisée ?
-       Elle simulait, comme elles le font toutes.
-       Normal, à leur place, toi aussi tu saignerais de l’anus et des yeux tout en faisant semblant d’aimer pour que ça aille plus vite, c’est le métier qui veut ça.
Ciel, Dieu était cynique !
J’ai songé à notre visite à l’Enfer. Là-bas comme ici, lorsqu’IL approchait les gens, pendant quelques secondes, une extase béate se peignait sur leurs visages. Puis tout disparaissait et Dieu nous dévoilait soudain une présence triste et solitaire.
Je me demandais si les filles qu’on avait payé pour abuser d’elles se souviendraient de leur première rencontre avec leur Créateur.
-       T’inquiètes, je ne les oublierais pas quand viendra l’heure de me rencontrer à nouveau.
-       Ok que j’ai dit sans remettre en cause Sa Divine Parole.
Bordel de merde, j’avais trouvé Dieu, d’accord, mais où tout cela nous menait-il donc ? Qu’est-ce que je foutais là à bouffer avec Lui ? Et pourquoi semblait-IL si… vieux ? On aurait dit que l’immortalité lui pesait encore plus que le travail à un fonctionnaire. L’avions nous déçu à ce point, nous, le genre humain ? On aurait dit que oui.
-       Toi aussi, IL a ajouté, t’auras droit à une place à ma droite… Au bar !
IL a éclaté de rire sous l’effet de sa propre plaisanterie (promesse ?), puis IL a avalé une bouchée avant de se pencher en arrière sur son siège. Dans cette position, IL a lâché un rot bruyant, comme ça, en plein milieu du restaurant. Autour de nous, les conversations se sont tues. IL s’est rapproché de moi en se penchant au dessus de l’assiette comme s’IL avait voulu toucher mon visage. Ses yeux brillaient sans que je puisse dire s’ils étaient larmoyants ou juste pleins d’alcool.
-       tu sais qu’IL a dit. Ça fait un moment que ça dure, t’as même pas idée. Mais je suis fatigué, fatigué… Tellement de temps que je me sens...
Je ne savais quoi lui dire pour lui remonter le moral, tenter de remettre une étincelle dans le bleu lavasse de Son regard éternellement usé. Peut-être que nous L’avions déçu, peut-être qu’IL nous avait déçu et qu’IL en souffrait, en vérité je n’en savais rien. J’ai failli lui suggérer une cure de sommeil.
-       Fatigué ! qu’IL  a encore ajouté.
Puis IL a pris sa tête entre ses mains et il n’a plus parlé. On aurait dit qu’IL s’était endormi. Je m’attendais à ce qu’IL se remette à ronfler là, comme ça, en plein milieu du restaurant.
Moi, depuis le début, j’attendais quelque chose, une parole, un signe… Et planté en face de lui et d’une entrecôte accompagnée de frites maison, j’attendais encore, mais rien ne se passait, rien ne venait. J’avais envie de pisser mais je n’osais pas bouger.
Putain, il n’y avait aucun sens à toute cette merde.

Histoire de planter le décor

ne vous fiez pas à son joli minois
la poésie est une dévergondée
et
je suis celui qui renifle ses petites culottes sales



samedi 4 novembre 2017

Le paradis de la cirrhose version 2.0

A l’origine, je devais venir avec la fille qui écrit vachement super bien comme un
génie mais qui veut pas y croire et le type
qui met des étiquettes partout et
Qui écrit comme un génie lui aussi mais que ca fait chier de pondre des trucs de plus
De 25 lignes avec de la ponctuation
mais ils se sont trompé de jour, moi ça me fait marrer
je suis un enfoiré avec mes potes

Bon, cette année, me suis-je dis à jeun, point
De conneries, point trop d’alcool
Donc je débarque sans l’asiatique folle qui me sert de meilleure
Pote
Parce que venir avec elle et vouloir ne pas boire
ce serait comme décider de vivre centenaire tout en m’enfonçant un bâton de dynamite
Dans le cul avant d’allumer une mèche courte
vu qu’elle et moi
on a un certain talent pour s’entrainer
à boire plus et trop et même pire
quand on se retrouve ensemble
à un comptoir soit-il de bois ou de zinc
Et la fille qui devait venir mais qui fait la morte dès qu’elle doit me voir
Elle a fait la morte sous le fallacieux prétexte
Qu’elle est malade
Et sa copine qui devait venir et que je ne connais pas mais qui paraît un peu cinglée ne pouvait pas
Venir sous le fallacieux prétexte qu’elle travaille
Du coup je suis venu seul mais ce n’est pas si grave
avec le temps, l’alcool et en faisant des efforts, j’arrive à plus ou moins
me supporter

et,  yeppee
 me revoilà au paradis de la cirrhose
(Version 2.O)

Et tout à mes bonnes résolutions d’alcoolique bucolique
Je me suis donc répété jusqu’à y croire, ce soir pas d’alcool ou pas trop
Après tout ma vie est meilleure depuis que
Je ne bois plus
Ou presque
(non c’est pas vrai,
c’est comme se branler avec une râpe à fromage et prétendre
que c’est un peeling de la bite… je me fais chier certains samedis soir, t’as pas idée)

A l’entrée l’organisateur de la soirée me dit
« 5 euros ou 10 si tu soutiens »
merde, il a repéré ma tête de type qui sait pas dire non
je file 10 euros parce que, dussè-je froisser la féministe
piégée à l’intérieur de mon corps gras et velu
je me marre tout seul à l’idée de devenir un souteneur !

Je fais trois pas et je tombe sur un comptoir, (mais peut-être
me souvenais-je de la disposition des lieux)
Et le gars qui se tient derrière, me dis : « oui on a de la bière, 1euros 50 il en reste
deux ou trois »
Bon là il se paye ma tête, y en a des packs
et j’en commande une en souriant
Et je ne suis pas jaloux de ses cheveux longs alors
que je suis quasi chauve et il me
File une bière en souriant et je n’aurais aucune excuse si je devais
Détester ce gars, du coup je ne le hais point et je prends
La bière parce que nous sommes en novembre et les bonnes résolutions, il faut
les garder
Pour le premier de l’an, surtout quand elles concernent l’alcool
Et je me dis pas plus de deux ou trois canettes sinon tu vas passer ta soirée
à pisser alors que tu es venu écouter de la bonne poésie
Et j’aperçois au loin la poétesse au regard  bleu et hypnotique
Et elle me sourit
Et je lui souris
Et on se fait la bise
Et je suis encore à jeun et super timide, l’œil pas fou
Et on discute et elle me dit, « je gère l’alcool, je passe avant dernière »
Et je dis « sur, je n’essaierai pas de te souler tant que tu n’as pas lu »
Et on discute et un autre de ses fans vient lui parler et j’en profite
Pour aller chercher une autre bière
Et l’asiatique folle m’appelle pour que je vienne me souler chez une blonde
aux yeux bleus canon et très sympa que j’apprécie beaucoup
mais je dois refuser
et mon pote qui aime être soul et fou m’appelle aussi
il est avec une fille sympa aussi qui m’aimait
puis me détestait (à juste titre)
et me re-aime, (dans le sens aime bien à chaque fois)
et eux aussi veulent boire et je me dis,
« pourquoi ils me veulent tous ce soir, je suis si seul
d’habitude
merde pourquoi ce soir, ? là c’est la poésie ma maitresse
pas la bouteille ! »
Et je n’ai pas la réponse, mais j’enquille bière
Sur bière comme si mes potes de cuites étaient là
 (et avec le recul, oui on pourrait aisément considérer que les canettes sont un
peu mes maitresses
à ce moment là mais la mauvaise foi c’est mon truc, alors je prétends que non et quand bien même,
avec tout ce que j’enfile à la suite, ça tiens plus du gang bang
Que de la relation suivie)

Et il y a une poétesse et des poètes qui parlent sur la scène
Et je vais les écouter
et franchement
Je prends quelques claques
Et ça fait du bien.

A un moment sur une lecture, un type crie :
-       vive la chatte !!!
et si je ne peux nier que son discours possède un certain potentiel
susceptible de faire vibrer certaines de mes fibres artistiques à moi
je le trouve peu constructif à cet instant précis
mais en vérité je ne lui en veux pas, c’est un exercice
difficile que de placer un « vive la chatte » et d’en
récolter les applaudissements et la reconnaissance de la foule
la plupart du temps, on fait comme lui, on se plante et personnellement
je suis heureux, car ce n’est pas moi qui ait crié ça
alors que j’en suis tout à fait capable avec mon taux d’alcoolémie
qui grimpe à vitesse grand V(ince), je fais si souvent désordre
dans les soirées …

Passé la dixième bière, je me met à aller pisser
plus souvent que Trump tweet une connerie/saloperie
ce qui n’est pas peu dire,
j’ai une vessie d’octogénaire on dirait
et j’avoue (attention, plaisir coupable) j’aime toujours autant
les chiottes du paradis de la cirrhose car
il y a ce haut parleur qui diffuse
une radio catholique et, crois moi sur parole d’évangile,
si tu n’as jamais vécu
l’expérience de la messe et des chants religieux
aux toilettes, tu n’as jamais rien vécu !!!
Ici, le moindre pissou devient une expérience mystique

et l’organisateur de la soirée fait une lecture
et je suis sur que si ce gars voulait faire du Lévy
ou du Musso
il serait riche  et vivrait à new york, mais
heureusement pour la littérature, il a décidé
de rester lui même, intègre, droit dans ses bottes
d’écrivain et donc d’écrire
des trucs vachement bien !!!

et moi
je prends
des shoots de mots dans mes veines bleus

et puis bien sur, magie parmi les magies, il y a le moment
ou la poétesse au regard bleu et hypnotique lit son texte
et putain, elle met tout le monde d’accord, c’est une orfèvre

quand elle lit, comme je lui dis après, « mes yeux brillent plus fort
que pour ma plus belle histoire de cul »
(on exprime son admiration comme on peut)

putain, pourquoi je ne sais pas écrire à moitié aussi beau qu’elle ?

elle touche à chaque phrase, c’est précis, pointu,
de la pure héroïne qui pique un sprint dans mes artères
et comble d’extase mon cerveau fou, faisant faire les voix
qui hurlent et divaguent à l’intérieur de mon asile psychiatrique mental

Je l’écoute et je me dis, mais quel monde
littéraire de merde, elle devait être à la grande librairie cette semaine
à côté d’elle, Houellebecq est un fils de pute sans talent
et Beigbeder ausssi

Et après avec la poétesse au regard hypnotique on boit
Des bières, enfin moi surtout, et on parle
On parle
On parle
On parle de trucs dont je ne parlerais pas ici
Parce qu’il ne faut pas trop répéter ce que les femmes
Te confient
Mais je te jure, elle est si… intéressante, pointue, fabuleuse
magique
c’est un plaisir de l’écouter parler de sa vie, de son écriture, d’elle
et toute cette humilité … alors qu’elle pourrait se la péter
comme pas possible avec son talent.
Et je bois ses paroles
et
C’est comme quand t’es gosse et que tu manges ton choco BN
juste après que la plus jolie
Fille de la cour de récréation t’ait embrassé sur la bouche
Devant tout le monde
Pendant que le directeur de l’école regardait ailleurs
et sans doute que moi je parle trop
je devrais juste ne pas bouger et l’écouter parler
boire ses paroles et ne pas amorcer l’esquisse du moindre geste
pas même porter ma bière jusqu’à mes lèvres
de peur de briser
la diaphane magie qu’elle procure

Et je finis complètement bourré et j’ai pissé aussi souvent
Qu’un chat de gouttière mal famée dans l’appartement
D’une vieille fille solitaire et usée
Et une jolie fille avec du rouge dans les cheveux danse bizarrement
Et je me dis, il y a vingt ans, je l’aurais ramené
Mais la vérité c’est que je ne l’aurais pas ramené
Mais ça me rassure de penser des trucs comme ça
Comme si j’étais un séducteur, comme si je l’avais été
alors qu’il faut bien avouer
Que mêmes soules les filles sont rarement assez cinglées
pour s’encombrer d’un type
Comme moi et il en a toujours été ainsi et,
attention moment d’honnêteté poétique,
Je sais peu de choses du mystère féminin mais
Une chose est assez certaine, s’il existe bien un truc
Dont les femmes ne veulent pas, c’est moi !!!

Et la poétesse me paye une bière
Et le barman aux cheveux longs me paye une bière
Et une fille brune me dit tu veux une bière ?
Et je répond, ai-je la tête d’un type qui dit non merci ?
Et elle me tend une bière et je lui tend 1euro50
et, c’est là ou un peu avant que, (attention accroche toi à quelque chose)
me vient ma grande phrase de la soirée

« j’’étais fait pour mourir à trente ans avec la vessie d’un adolescent »

autant te dire que je la garde pour moi
en me promettant de ne pas poétiser plus que ça les effets néfastes
de la bière et surtout pas à haute voix ! À 47 balais
il est temps de sortir de l’adolescence et d’arrêter de
dire n’importe quoi en public.

Mais si je devais vivre dans un bar au lieu d’y mourir
à petit feu
Ce bar est le bar où je voudrais vivre
Il y a de la poésie, des bières pas chères, des gens qui sourient
Et Fifi la chienne noire et blanche qui vient quémander des caresses par moment

Je m’y sens tellement bien que je crois bien que je ne mate presque pas les filles
(j’écris je crois bien car, je suis soul, je ne me rend pas bien compte de mes actes)

Et un type qui est prof sort le casse croute qu’il avait
Préparé et amené pour son ex qui n’est jamais venu
Et il en propose aux gens
et on mange du pain et du fromage, le saint nectaire
C’est la vie comme dit une écrivain talentueuse aux longs cheveux  blonds

Et je flotte
et je vis
Et je me dis que pour un type égoïste et laid qui ne mérite
Que le fouet et le courroux divin
Je passe une putain de chouette soirée