dimanche 12 mars 2023

hégémonie nullement poétique

il arrive toujours un moment
où tu t'aperçois que tu n'as pas à t'excuser de ne pas être ce qu'ils désirent que tu sois
c'est là que tu découvres ta liberté
le droit de ne pas leur ressembler te laisse ouvert le champ des possibles
souviens-toi que dans le monde des opportunités qu'ils te laissent, tu restes libre de n'en saisir aucune

le fric m'aurait suffit
écrire m'aurait suffit
une fois aussi, une seule femme me suffisait
mais ça aussi je l'ai foiré,  elle était différente mais désirait des trucs normaux
une maison normale
une vie normale
un chien normal
un enfant normal
un autre enfant normal
une maison normale
un mari normal
je ne sais pas quelle idée lui a pris de m'intégrer dans ce schéma là
mais elle a fini par se rendre compte de son erreur
maintenant, je ne me demande plus si elle a eu tout ça
et si elle a compris
que les pires choses s'abritent derrière le concept de la normalité
le quotidien et la société ne sont que deux faces policées de la folie
les masques cachent les monstres, peu importe la durée du crédit immobilier
les cérémonies religieuses
les annuités de travail et le montant des impôts réglés

lorsque je mourrai, dites que j'étais fou et jetez mon cadavre quelque part loin
d'un cimetière,
les cimetières sont remplis de gens avec lesquels nous n'aurions pas voulu nous
fréquenter de notre vivant
autant ne pas nous côtoyer durant la mort, ça dure plus longtemps

vendredi, j'étais toujours laid et chauve
et la fille est entrée dans le bar tabac, cheveux noirs, peau cuivré
elle m'a dit bonjour en riant
et j'étais comme un adolescent 
je suis parti
mais j'aurai du l'attendre
la faire rire
laisser parler nos regards rieurs
lécher sa chatte
espérer que sa beauté me sauve de quelque chose qui porte mon visage

il existe une chose rare et puissante qui parfois colle deux être l'un à l'autre
peu importe que cela ne dure qu'une minute
ou
toute une vie, 
je ne vivais que pour ça
et je n'avais pas de plan B, l'incertitude que cela pourrait arriver me rendait si

vivant

Ce matin dans le miroir,
je parais tellement normal mais, hégémonie nullement poétique
derrière mon sourire de circonstance, le monstre hurle, affamé




Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire