Alors là,
c’était pas du tout le plan
Je devais rentrer
et surtout pas boire
Un seul verre
d’alcool parce que vois tu
On était samedi
et trois jours avant
Ils m’avaient
endormi et enfoncé
Un tuyau bien
profond dans la bite pour différentes
Raisons
médicales, (j’avais déjà connu
Nombre de
mercredi à l’esprit plus sauvage
Et libre que
celui-ci) et vois-tu
Les anesthésies
générales ont tendance
à me maintenir
en état de défonce
Sur deux
semaines et j’avais acheté
Des fraises de
l’avocat du cumin
Des radis, de
l’orange et tout un tas
D’autres trucs
comestibles et bio
Autant que
possible car je me suis dit
Qu’à bientôt 47
balais il était
Temps de me
mettre à la cuisine
Enfin au moins
de faire un test
Histoire de voir
si j’étais capable
De sortir de
l’adolescence, de devenir
Bon à marier
etc… et si on ne tablait
Pas sur mon
évident manque de volonté
Et mon besoin
viscéral d’autodestruction
On aurait pu
parier des fortunes sur
Mon désir de
weekend stable et résigné
mais quelque
part sur le chemin, j’ai réalisé
Que la vie est
encore plus courte
Qu’on le croit
même quand on est déjà
Sur que la vie
est courte et quelque chose
A du casser dans
ma tête, quelque chose
casse souvent
dans ma pauvre tête, c’est peut-être
du à mon
impossibilité d’être
normal
en équilibre
sain
rassurant
un gagnant
quelque chose
qui donne envie à une merveilleuse
demoiselle de
poser sa tête sur mon épaule
et de rester là
à regarder une émission de télé
débile créée
pour occuper le cerveau atrophié
de spectateurs
débiles, juste parce que la dite
demoiselle se
trouverait bien sur la forme
délicate de mon
épaule
et voilà comment
je me suis retrouvé
à ce comptoir
alors même que je devais
rentrer en dax
st70, (un vieux deux roues
pour les plus
incultes de mes lecteurs)
et je me disais
que je rentrerais plus en ski
qu’en moto si
j’étais assez con pour ne pas
revenir à pied,
mais en fait non, je ne me disais
pas ça, car je
suis assez con pour ne pas revenir
à pied mais en moto-ski
quand je bois
et je cherchais
le regard des jolies filles
avec l’avidité
stupide du type qui n’a pas baisé
depuis trop
longtemps, mais l'air pas trop crevard non plus
vu que je vais
peut-être baiser dans deux semaines
(j’ai dis
peut-être et si Dieu est bon, ce sera avant)
et il y avait
celle là, avec des yeux noirs remplis
de braises et de
flammes, si belle
mais beaucoup
trop jeune pour mon vieux corps
vieillir c’est
nul
je la trouvais
magnifique mais je n’ai même
pas osé
l’approcher, je connaissais trop bien
l’idée de la
défaite et j’ai parlé
à une autre
complètement dingue et c’est comme
ça que je me
suis retrouvé à demander une bougie
et un briquet au
comptoir de la boite de nuit
et à une fille
qui passait dans le coin
et a aussitôt
regretté d’être venu quand je lui ai adressé
la parole
mais la boite de
nuit était
mal équipée en
terme de bougies et la fille
qui passait par
là ne va pas danser avec sa bougie
et du coup ,
ô éternels regrets, je n’ai pas pu
verser
de la cire
chaude sur la poitrine de la fille dingue
à qui je parlais
au milieu de la foule
et quand j’ai
proposé
de lui bruler le
mamelon au briquet pour satisfaire ses
penchants
masochistes
elle a bien vu
que sur ce
second point
je n’étais pas
du tout sérieux et elle s’est marrée et elle m’a dit
« tu es
vraiment barge mais je t’apprécie bien »
et je ne me suis
pas demandé ce qu’elle aurait prononcé
si je lui avait
demandé son âge, son prénom
ce qu’elle
faisait dans la vie, non, elle n’aurait pas aimé
quelqu’un de
normal, alors j’ai juste
dit un truc
genre « je te connaissais pas il y a quinze minutes
et je suis passé
si près de te verser de la cire chaude sur les seins »
reconnaissons ma
capacité innée à rendre
magique un
dialogue, non ? et plus tard
une copine
lesbienne s’est battue avec une fille
et il a fallu
les séparer mais ma copine
lesbienne
méritait qu’on la laisse finir le travail
et je l’affirme alors
que j’abhorre la violence,
tout ça pour te
conter la nuit et le feu
(il y a vraiment
des nuits
remplis de feu) et
maintenant c est
le matin depuis longtemps, je suis nu
et toujours
chauve, remplis d’alcool, de produits
anesthésiques et
de souvenirs embrumés
assis
sur mon siège à
taper ce mauvais poème
sur mon clavier,
l’œil rouge délavé
par la vie,
l’alcool, les dépressions, le manque
de vitamine D,
aussi sexy que la caisse
rouillée d’une
machine à laver abandonnée dans une
décharge depuis
des décennies
j’ai faim, il
serait temps que j’aille me
faire des
fraises au parmesan et vinaigre balsamique
je me suis
branlé, merci de partager ce moment intime
et il n’y a rien
d’autre à faire sinon mourir
à petit feu en
prétendant sans y croire que cela n’arrivera
pas
j’ai brûlé dans des soleils
je me suis noyé
dans les ombres
j’ai fini
écartelé sur l’autel des sentiments
j’ai perdu mon
âme là où j’aurais du la vendre
je suis malsain
je suis tout
sauf le gendre idéal
et tout ça alors
même que je ne désirais rien
sinon
vivre un plus
fort que ce que la vie m’offrait
sans jamais y parvenir
et quelque part
je m’estime chanceux
je connais les raisons
de ma démence
et si je n’y
trouve nul espoir de guérison
je sais bien que
ce n’est pas donné à tout le monde
loin
de là
ma
poule
loin de là
loin de là
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