dimanche 26 janvier 2014

La vengeance de la fille à la bouche en forme de cœur

Et voilà, la fille avec sa bouche en forme de cœur
m’a mis au pas, s’est vengée,

            - tu as eu ta chance, Vince, je t’avais prévenu

 moi j’avais choisi l’alcool ce soir là, et maintenant elle s’endort
            à côté de moi, dans mes draps bleus, mais pas le droit de la toucher,
que veux-tu que je fasse ? je ne vais pas la violer, je devrais peut-être y songer un instant
            mais je ne suis pas de ceux-là,
j’ai eu ma chance j’ai perdu
la dague dans mon flanc, je l’ai planté là tout seul !

            je suis à ses côtés, et je sais bien qu’elle va
s’enfuir et moi je vais la regarder faire, et la nuit devient froide
            et je regrette de ne pas avoir bu, il y a des instants où
            je sais pourquoi je me tue, pourquoi je me noie

            - j’ai toujours aimé ton jeu, je t’ai laissé faire, tu es
                        dangereuse,

elle rit et jubile, une partie de moi aussi s’amuse de ça
que veux-tu que je fasse ? c’est aussi une amie qui accourt
            dès qu’elle apprend mes douleurs, on doit prendre
soin des amis, ceux-là sont si rares,
que veux tu que je
fasse ? son rire sonne clair et
il y existe quelque chose de libre et d’incontrôlable en elle, je ne veux
            pas être celui, qui brisera cela

au matin je la laisse à sa voiture, lorsque je rentre,
            je sais déjà, que je dois me guérir,
j’ai toujours préféré en avoir une à qui penser,
            mais je sais aussi quand elles s’approchent de trop près

voilà donc revenu le moment de me transformer à nouveau
            en coquille vide, pas de sentiments, juste un cœur
qui sonne creux,  juste de la glace là où jadis vivait un volcan
            et il restera, un goût de cendres dans ma bouche,
            le sourd désir de ronger mes veines, alors
dehors j’irai boire jusqu’à tomber, boire jusqu’à ressentir quelque chose
de la douleur ou de la rage,
et je ferai tout pour éloigner les sourires et les regards des amoureuses
            et je rentrerai pour m’endormir en hurlant, l’âme clouée
en croix, sur les murs sordides de mon existence


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