mardi 6 novembre 2012

Voilà comment nos cœurs s’ouvrent en deux

Dans la nuit espagnole et sous prétexte
que j’étais quelqu’un de bien, (sans doute
que je l’étais encore la dépression m’avait
rongé le cœur, pas encore l’âme)
                                    le videur ukrainien et
la serveuse roumaine
m’avaient confié leur amie la russe  qui
était tellement bourrée qu’elle
s’en trouvait
incapable
de marcher
et cette blonde qui venait d’un village près de
la frontière avec la Tchétchénie
et aurait pu me sauver en d’autres
circonstances pleurait pour
un homme
(un autre)
qui jamais ne l’appelait, et dans Barcelone
travailleuse illégale qui ne vendait pas son
corps et moi, (fou et dangereux pour ma personne
sortant tout juste de cinq tentatives
de suicide) nous roulions à 120 sur le périphérique
pour la ramener chez elle, et soudain,
en criant qu’elle
voulait
mourir
dans un mauvais anglais,
elle a ouvert la portière pour se jeter sur la route
et je me suis débarrassé de bien des femmes
de bien
des façons,
mais jamais ainsi,
et je l’ai atrappé
par les cheveux et j’ai tiré bien plus fort que
si j’étais en train de lui faire l’amour et
elle qui voulait se faire la mort est venu
se coucher sur mes genoux avec de la douleur
plein la voix et, vu qu’elle n’avait
pas lâché la poignée de la portière, celle-ci s’est
refermée dans le mouvement et j’ai plongé
et d’une claque habile sur
le loquet, je l’ai refermée, et lorsqu’elle s’est redréssée
                        la russe aux long cheveux
jaunes était tellement pleine de vodka
que nous avons fini le trajet sans qu’elle ne comprenne
pourquoi
cette maudite portière rouge refusait de s’ouvrir et moi
je criais STOP tandis qu’elle pleurait et voulait se tuer
en se jetant hors de MA voiture avec MOI, assis à ses côtés
et lorsque nous sommes arrivés en dessous de l’immeuble
où elle vivait en colocation dans un grand appartement,
je lui ai ouvert la portière et
elle a vomi sur le goudron sans quitter son siège et
une autre fois
juste à côté de la voiture
sur mes chaussures et quand elle est un peu redescendu
je l’ai laissée aller se coucher et
le lendemain elle m’a téléphoné
pour s’excuser et me remercier et nous avons ri de tout
ça et voici donc comment parfois nos cœurs s’ouvrent
                                    en deux pour se vider du sang
                                                et de la lumière qui s’abritent
                                                                                   

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