Dans
la nuit espagnole et sous prétexte
que
j’étais quelqu’un de bien, (sans doute
que
je l’étais encore la dépression m’avait
rongé
le cœur, pas encore l’âme)
le
videur ukrainien et
la
serveuse roumaine
m’avaient
confié leur amie la russe qui
était
tellement bourrée qu’elle
s’en
trouvait
incapable
de
marcher
et cette
blonde qui venait d’un village près de
la
frontière avec la Tchétchénie
et
aurait pu me sauver en d’autres
circonstances
pleurait pour
un
homme
(un
autre)
qui
jamais ne l’appelait, et dans Barcelone
travailleuse
illégale qui ne vendait pas son
corps
et moi, (fou et dangereux pour ma personne
sortant
tout juste de cinq tentatives
de
suicide) nous roulions à 120 sur le périphérique
pour
la ramener chez elle, et soudain,
en
criant qu’elle
voulait
mourir
dans
un mauvais anglais,
elle
a ouvert la portière pour se jeter sur la route
et
je me suis débarrassé de bien des femmes
de bien
des façons,
mais jamais ainsi,
et
je l’ai atrappé
par
les cheveux et j’ai tiré bien plus fort que
si
j’étais en train de lui faire l’amour et
elle
qui voulait se faire la mort est venu
se
coucher sur mes genoux avec de la douleur
plein
la voix et, vu qu’elle n’avait
pas
lâché la poignée de la portière, celle-ci s’est
refermée
dans le mouvement et j’ai plongé
et
d’une claque habile sur
le
loquet, je l’ai refermée, et lorsqu’elle s’est redréssée
la russe aux long cheveux
jaunes
était tellement pleine de vodka
que
nous avons fini le trajet sans qu’elle ne comprenne
pourquoi
cette
maudite portière rouge refusait de s’ouvrir et moi
je
criais STOP tandis qu’elle pleurait et voulait se tuer
en
se jetant hors de MA voiture avec MOI, assis à ses côtés
et
lorsque nous sommes arrivés en dessous de l’immeuble
où
elle vivait en colocation dans un grand appartement,
je
lui ai ouvert la portière et
elle
a vomi sur le goudron sans quitter son siège et
une
autre fois
juste
à côté de la voiture
sur
mes chaussures et quand elle est un peu redescendu
je
l’ai laissée aller se coucher et
le
lendemain elle m’a téléphoné
pour
s’excuser et me remercier et nous avons ri de tout
ça
et voici donc comment parfois nos cœurs s’ouvrent
en deux pour
se vider du sang
et
de la lumière qui s’abritent
là
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