mardi 24 janvier 2012

De quoi briser les plus forts d'entre nous

ils m’ont montré en quoi consistait le travail,

Je devais poser huit pneus sur un tapis roulant
Et aller en récupérer quatre lorsqu’ils sortaient
du point de contrôle dix mètres plus loin,

puis je revenais et j’en reposais quatre de plus
et ainsi de suite….

Huit heures moins deux pauses de dix minutes
et une demi-heure pour manger,

        Les journées ont succédé aux journées

Le type qui matait l’écran de contrôle avait les yeux
rouges mais je n’ai jamais su si cela provenait
du travail ou s’il pleurait doucement, enfermé seul
dans sa cabine

        Quand je pense que j’ai fêté mon contrat de travail disait-il souvent.

Il était piégé, il le savait.
C’était comme avoir des fers au pieds.
Il rêvait de piloter des hélicoptères mais
à moins d’un coup de chance,
(quelque chose comme une faillite ou gagner à la loterie)
Il ne ressortirait pas de là avant
plusieurs décennies

        C’était pareil pour tous les ouvriers,
une peine de prison avec une libération
conditionnelle toutes les huit heures.

Du lundi au vendredi, et parfois
même le samedi, il fallait revenir
avec son casse-croute sous le bras
et enfiler l’uniforme bleu comme la folie

Un des gars passait son doigt sur ces pneus
à la recherche d’un éventuel défaut
depuis plus de trente ans.
Il attendait sa médaille et sa retraite,
Dans son regard, l’espoir était aussi mort
que l’avenir

        Et mon âme se roulait sur le sol taché d’huile en hurlant

                Elle ne voulait pas mourir ici

3 commentaires :

  1. Bonjour,

    J'aimerais savoir si je peux publier ce texte-ci sur mon blog ? Histoire de ne pas être complètement seul sur le bidule, et puis j'aime vraiment beaucoup ce texte.

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  2. Pas de souci, du moment que vous citez le nom de l'auteur lol,

    merci beaucoup :)

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