vendredi 23 décembre 2011

Je me demande souvent si Jésus a léché son sang avant que le miracle de la résurrection ne referme ses plaies


Le matin je reçois un mail qui déclare
en substance que ce que j’écris
est vide de sens et vulgaire, et
je ne sais quoi répondre
ma vie EST vide de sens et vulgaire,
mais c’est bien
tourné et respectueux et je suis pour
la libre opinion et la franchise tout
comme je me fous de ce qu’on pense
de moi et puis
dans l’après midi
je reçois un autre courrier d’une autre
personne qui me dit que je lui ai
fait penser à Bukowski et Brautigan
mais que je semble avoir ma propre voix
et « nous voudrions publier trois de vos poèmes »
alors comme tous les types imbus de leur soi même
j’ai une légère érection à la deuxième lecture
car je ne me fous pas TOUJOURS de ce
qu’on pense
de moi
et je décide que l’auteur de ces mots sera
forcement mon AMI

le soir, je sors me souler avec deux copines
de 21 ans et on boit vraiment
trop et tous les types autour sont
très énervés car elles sont jeunes et belles
et moi vieux et fou mais je ne comprends
pas leur jalousie
car je ne couche avec aucune des deux,
il y en a même une que je considère comme ma fille
d’ailleurs sa mère qui est russe, m’a dit un jour
                « vince, tu es comme mon frère mais tu es un enfoiré avec
                les femmes, alors si tu touches
à ma fille, je t’égorge »
du coup je ne touche pas à sa fille car il ne faut jamais
contrarier une russe souviens-t-en,

plus tard
dans la nuit l’une part avec un de ceux
dont elle est amoureuse
l’autre met un casque sur les oreilles
et rentre chez elle en écoutant de la musique

et moi avec un pote ou deux on achète du poulet
et des frites qu’on mange dans la rue et le froid
de l’hiver
dans deux jours c‘est Noël et une fille aux yeux
verts comme la prairie où l’on voudrait s’allonger
et regarder le soleil sans cligner des yeux
passe et elle me demande mon prénom
et je devrais lui crier je suis Brautigan je suis BUKOWSKI
mais je dis "tu veux le vrai ?" et elle me regarde
surprise,
                 « ouais c’est mieux »
et je vois qu’elle pense
que je suis fou mais je sais où la trouver
ce soir et je rentre chez moi et je dors et lorsque
je me réveille ma bouche est plus sèche que celle que j’ai
tant aimé quand elle pense encore à moi
et ma tête
me fait plus mal que mon cœur mort je suis encore
soul et je pense à ces yeux verts
j’ai mal au crâne
et je pense à ces yeux verts,
et je me lève, je vais pisser, et je bois de l’eau
de l’eau, de l’eau, de l’eau, de l’eau et de l’eau de l’eau de l’eau
et je pense à ces yeux verts
et je fais oh oh oh, bientôt Noël, tu sais ce qu’il
se passe quand tu es comme ça,
prend un billet d’avion et part loin de ces yeux verts
mais je pense à ces yeux verts
et je ne devrais pas,

dans aucune de mes morts je n’ai trouvé une once de beauté
                le sang coule des arbres
                le sang coule du vent
                mon âme a déjà brûlé
j’ai aimé trop peu de fois, mais assez pour mourir
                un million de nuits

2 commentaires :

  1. J'ai comme envie de parler à ton âme ce soir,
    de boire une bière avec ton fantôme,
    de parler de Bukowski
    et de Brautigan,
    ces maudits qui semblent déjà avoir tout écrit,
    tout compris,
    mais qui nous font sentir moins seul
    et qui ont allumé notre flamme.

    J'ai comme envie de réécrire quelque chose de beau,
    de cracher sur cette vie,
    de cracher du jus bien noir
    alors que je devrais cracher de l'or
    ou de l'argent -
    je suis un enfant gâté
    avec une âme de clochard.

    J'ai comme envie de porter à nouveau le fardeau de l'amour,
    pour mieux le jeter sur le bas côté,
    pour continuer sans peine à bouffer la chatte
    et les seins
    de cette beauté fatale
    qui boit la tendresse violente que je lui offre
    comme du petit lait.

    J'ai comme envie d'aller me jeter contre le manque d'amour,
    contre la solitude,
    les soirs de biture,
    les short noirs,
    les bas résilles,
    les yeux verts
    et ces cuisses fermes qui nous enferment (pour mieux nous étrangler) pleines d'amour et de tendresse
    au creux des nuits interdites.

    J'ai comme envie de te dire merci,
    car tes mots m'ont brûlé la gorge ce soir,
    comme un shot d’arsenic,
    comme une balle en plein coeur,
    comme le jus de son sexe,
    comme le contact de son clou sur ma langue,
    comme une femme qui nous manque.

    J'avais comme envie de t'écrire tout ça,
    comme pour être sur que mes mots (mes maux) trouvent un lecteur,
    au diable la reconnaissance,
    au diable la technique, les éditeurs et les éditrices qui se prennent pour Dieu, au diable les gens qui ne parlent pas le langage du coeur et de l'âme,
    va pour la vulgarité et pour la pornographie -
    sous ta main, ce n'est que beauté,
    sous ta main, le noir devient bleu,
    puis pourpre,
    puis rose
    pour finir en un blanc immaculé
    avec le saint suer au milieu.

    J'ai comme envie d'effacer tout ça parce que trouve ça pathétique d'écrire autant à un inconnu que l'on croit connaître,
    tout ça pour dire qu'un poème m'a fait chavirer plus que les autres soirs,
    tout ça pour dire que certains poèmes me font bander,
    mais j'ai comme envie de prendre le risque
    car la vie est trop plate pour qu'on se refuse ce genre de sacrifice.

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  2. Les commentaires ne devraient jamais être mieux écrits que les poèmes qu'ils commentent :)

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