Le
matin je reçois un mail qui déclare
en
substance que ce que j’écris
est
vide de sens et vulgaire, et
je
ne sais quoi répondre
ma
vie EST vide de sens et vulgaire,
mais
c’est bien
tourné
et respectueux et je suis pour
la
libre opinion et la franchise tout
comme
je me fous de ce qu’on pense
de
moi et puis
dans
l’après midi
je
reçois un autre courrier d’une autre
personne
qui me dit que je lui ai
fait
penser à Bukowski et Brautigan
mais
que je semble avoir ma propre voix
et
« nous voudrions publier trois de vos poèmes »
alors
comme tous les types imbus de leur soi même
j’ai
une légère érection à la deuxième lecture
car
je ne me fous pas TOUJOURS de ce
qu’on
pense
de
moi
et
je décide que l’auteur de ces mots sera
forcement
mon AMI
le
soir, je sors me souler avec deux copines
de
21 ans et on boit vraiment
trop
et tous les types autour sont
très
énervés car elles sont jeunes et belles
et
moi vieux et fou mais je ne comprends
pas
leur jalousie
car
je ne couche avec aucune des deux,
il
y en a même une que je considère comme ma fille
d’ailleurs
sa mère qui est russe, m’a dit un jour
« vince, tu es comme mon frère mais tu es un enfoiré avec
les femmes, alors si tu touches
à
ma fille, je t’égorge »
du
coup je ne touche pas à sa fille car il ne faut jamais
contrarier
une russe souviens-t-en,
plus
tard
dans
la nuit l’une part avec un de ceux
dont
elle est amoureuse
l’autre
met un casque sur les oreilles
et
rentre chez elle en écoutant de la musique
et
moi avec un pote ou deux on achète du poulet
et
des frites qu’on mange dans la rue et le froid
de
l’hiver
dans
deux jours c‘est Noël et une fille aux yeux
verts
comme la prairie où l’on voudrait s’allonger
et
regarder le soleil sans cligner des yeux
passe
et elle me demande mon prénom
et
je devrais lui crier je suis Brautigan je suis BUKOWSKI
mais
je dis "tu veux le vrai ?" et elle me regarde
surprise,
« ouais c’est mieux »
et
je vois qu’elle pense
que
je suis fou mais je sais où la trouver
ce
soir et je rentre chez moi et je dors et lorsque
je
me réveille ma bouche est plus sèche que celle que j’ai
tant
aimé quand elle pense encore à moi
et
ma tête
me
fait plus mal que mon cœur mort je suis encore
soul
et je pense à ces yeux verts
j’ai
mal au crâne
et
je pense à ces yeux verts,
et
je me lève, je vais pisser, et je bois de l’eau
de
l’eau, de l’eau, de l’eau, de l’eau et de l’eau de l’eau de l’eau
et
je pense à ces yeux verts
et
je fais oh oh oh, bientôt Noël, tu sais ce qu’il
se
passe quand tu es comme ça,
prend
un billet d’avion et part loin de ces yeux verts
mais
je pense à ces yeux verts
et
je ne devrais pas,
dans
aucune de mes morts je n’ai trouvé une once de beauté
le sang coule des arbres
le sang coule du vent
mon âme a déjà brûlé
j’ai
aimé trop peu de fois, mais assez pour mourir
un million de nuits
J'ai comme envie de parler à ton âme ce soir,
RépondreSupprimerde boire une bière avec ton fantôme,
de parler de Bukowski
et de Brautigan,
ces maudits qui semblent déjà avoir tout écrit,
tout compris,
mais qui nous font sentir moins seul
et qui ont allumé notre flamme.
J'ai comme envie de réécrire quelque chose de beau,
de cracher sur cette vie,
de cracher du jus bien noir
alors que je devrais cracher de l'or
ou de l'argent -
je suis un enfant gâté
avec une âme de clochard.
J'ai comme envie de porter à nouveau le fardeau de l'amour,
pour mieux le jeter sur le bas côté,
pour continuer sans peine à bouffer la chatte
et les seins
de cette beauté fatale
qui boit la tendresse violente que je lui offre
comme du petit lait.
J'ai comme envie d'aller me jeter contre le manque d'amour,
contre la solitude,
les soirs de biture,
les short noirs,
les bas résilles,
les yeux verts
et ces cuisses fermes qui nous enferment (pour mieux nous étrangler) pleines d'amour et de tendresse
au creux des nuits interdites.
J'ai comme envie de te dire merci,
car tes mots m'ont brûlé la gorge ce soir,
comme un shot d’arsenic,
comme une balle en plein coeur,
comme le jus de son sexe,
comme le contact de son clou sur ma langue,
comme une femme qui nous manque.
J'avais comme envie de t'écrire tout ça,
comme pour être sur que mes mots (mes maux) trouvent un lecteur,
au diable la reconnaissance,
au diable la technique, les éditeurs et les éditrices qui se prennent pour Dieu, au diable les gens qui ne parlent pas le langage du coeur et de l'âme,
va pour la vulgarité et pour la pornographie -
sous ta main, ce n'est que beauté,
sous ta main, le noir devient bleu,
puis pourpre,
puis rose
pour finir en un blanc immaculé
avec le saint suer au milieu.
J'ai comme envie d'effacer tout ça parce que trouve ça pathétique d'écrire autant à un inconnu que l'on croit connaître,
tout ça pour dire qu'un poème m'a fait chavirer plus que les autres soirs,
tout ça pour dire que certains poèmes me font bander,
mais j'ai comme envie de prendre le risque
car la vie est trop plate pour qu'on se refuse ce genre de sacrifice.
Les commentaires ne devraient jamais être mieux écrits que les poèmes qu'ils commentent :)
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