un jour une femme m'a aimé parce que j'étais différent. Plus tard
elle m'a quitté car je n'étais pas comme les autres
et ensuite
chaque fois que j'accepte de poser mes miches dans une histoire "normale"
c'est à dire ou je n'aurais pas à dormir sur le ventre parce qu'un coup de couteau sous l'omoplate
dans son sommeil,
c'est toujours moins pire que l'amputation d'une bite avec des ciseaux de cuisine,
chaque fois, elles disent, non pas un type comme toi,
mème quand elles viennent me chercher
la différence ne paie pas
(mais la normalité est une prison)
et maintenant mon plan cul depuis vingt ans, elle s'est mise à aimer les claques dans la gueule quand on baise
et me dit tripper sur les pires trucs... (sans m'en dire plus hélas)
et une trentenaire m'envoie des photos de ses seins énormes dans un autre pays, parfois sous le soleil
parfois sans le soleil, et je songe que c'est vraiment cool pour un quinquagénaire laid comme moi,
et elle aussi, aime les trucs violents, ça me va, dans tous les cas
je m'adapte et je laisse vivre en moi le sourd désir de la fouetter avec ma ceinture un jour
moi je parle à une absence
et je dis, viens et je te brûle le coeur
viens et je lèche tes seins dans la rue, ta chatte s'ouvrira sous mes doigts contre un mur
viens
viens
viens
je veux juste que tu viennes près de moi et contre le béton, que tu viennes
puis, te dire que tu es belle et te laisser imaginer
que l'amour
existe après qu'il excite
pendant des années j'ai voulu remplir un vide en moi,
avec de l'alcool où
en évacuant ma semence au gout dégueulasse dans un mouchoir en papier ou
dès que je pouvais sur un cul ou une jolie gueule
pendant des années j'ai cru que l'amour me sauverait, même après qu'il m'ait fait éclater en un
million de morceaux de verre
j'ai même cru que je voulais changer, vie normale, boulot normal, femme normale, voiture normale
mais à l'arrivée
c'est toujours le mème truc, tu te sens bien seul
tu te sens bien sans les autres
tu te dis, seuls les chiens savent aimer, et c'est une vérité
c'est parfois cool de pouvoir se branler quand on en a envie
de choisir quelle série de merde on va regarder et
de ne pas avoir à s'enfermer dans les chiottes pour lire tranquillement
tout comme
de pouvoir fuir ses échecs
et de ne pas s'inquiéter de l'accueil quand on rentre bourré chez soi
bien sur, c'est plus compliqué quand tu finis à l'hosto avec une sonde dans l'urêtre avec personne
pour t'apporter des fringues propres, du chocolat et te tenir la main et sécher tes larmes
quand l'infirmière vient
te prélever un peu de ton sang
merde bébé, j'ai besoin que tu aies une âmes, et un regard avec quelque chose qui te brûle dedans
j'ai besoin de douceur
et de rires
tu pourrais rire mème quand tu lécherais mes couilles avec application,
simplement parce que tu ne comprendrais pas ce qui s'est passé pour que tu te retrouves là
dans cette position, à genoux, à faire ce que tu fais avec tant d'application et de plaisir
je ne veux rien attendre de toi et surtout pas de ce que d'autres (hommes, femmes, parents, amis) t'ont
ancrée
dans la tête
avec leurs délires égoïstes visant à te contrôler de manière plus ou moins malsaine
dans l'absolu, je voudrais que ta seule chaine ne soit que ton désir de rester près de moi,
malgré ma sale gueule, mon bide
mon manque de cheveux
mon caractère étrange et mes ronflements infernaux dus aux nombreuses fractures de mon nez tordu
merde, je ne t'en voudrais mème pas d'écrire de la meilleure poésie que moi
mais tout ça c'est du vent,
les inutiles croyances et promesses d'un type qui, maintenant, reste sobre trop longtemps et cherche
de nouvelles formes d'adrénaline moins destructives pour le physique
passé six mois ou un an, les couples ne baisent plus aussi souvent, (du moins ensemble)
et les discussions se résument à expliquer à l'autre que ton quotidien sans lui est aussi merdique le sien
sans toi
Putain, je hais qu'on me raconte sa journée pourrie au boulot qu'on déteste
avec le temps, j'ai bien compris que
j'arrive presque toujours à moins m'ennuyer tout seul qu'à deux
et parfois, à baiser plus
et
il faut regarder les choses en face, avec tout ce qui me brûle,
le seul truc qui me chagrine
c'est juste d'avoir passé l'âge de me réduire en cendres