mercredi 2 octobre 2013

Tu m’appelais frère (Il arrive que le surfeur s’allonge sur sa planche et nage jusqu’à la vague)

Tu as annulé notre rendez-vous et tu as dit
que tu reviendrais dans deux mois et ces deux mois
sont devenus des trimestres, tu devais m’appeler
et ton putain de coup de fil,
            tu n’as même pas idée
à quel point je l’ai attendu, planté
dans ma folie, les yeux rougis
par la violence des vents contraires. J’ai eu le temps
de trembler la nuit et le jour, pendant
tout ce temps,
 ils ont eu le temps de m’ouvrir en deux quelque part
dans un
hôpital rempli de mourants, j’ai pensé à
toi lorsqu’il m’ont emporté sur le chariot blanc
 il a bien
fallu, enfant béni de La Chance, habitué des Miracles, que je retombe
sur mes pieds, je suis fait pour m’évader
des cages et maintenant je ne sais
toujours pas ce que j’ai fait pour mériter
ton silence,                   vas-tu me dire
que j’ai changé, que j’ai noyé ce qui brillait ?
            pourtant, toi non plus tu n’aimais pas quand
je déchirais ma peau pour l’Amour enfuiE
quand mes larmes étaient d’acides
quand j’appelais la Mort à coups
de cachets dans le bleu des nuits
de printemps et d’été et aujourd’hui je suis
 assez fou pour savoir à quel point
            je suis
perdu, mal reconstruit, mais quitte à me cacher pour lécher
mes plaies, existe-t-il un meilleur endroit
que les ténèbres pour attendre
la lumière ?
Oui, mes murailles touchent le ciel et rien
ne doit m’atteindre, sans doute ai-je oublié
ce que je t’ai appris puisque
la colère elle aussi me protège
mes lèvres sont sèches,                          j’ai égaré le goût
de l’amour mais crois-tu vraiment qu’aimer
            me soit étranger ?
souviens toi, tu es partie
si longtemps avec tous mes secrets
            la confiance se perd dans l’incertitude des sentiments de l’autre
Bien sur, je n’ai jamais osé m’avouer
toutes ces fois où je suis si loin d’être à la hauteur
je préfère prétendre qu’il n’est jamais aisé de laisser
approcher une flamme là où un incendie a
            consumé ce qui battait au creux
de ma poitrine
si tu savais combien de nuits
j’ai gravé ton prénom sur les murs obscurs de
mes prisons mentales simplement parce que
l’absence est cruelle
peut-être accepterais-tu qu’une vérité puisse
en effacer d’autres
tu as sans doute une raison pour m’oublier, peut-être même
                        l’envie de me haïr
moi, c’est l’incompréhension et l’attente
qui me rongent,  tu me connais, j’ai besoin
de connaître mes combats, le silence serait
accepter de sombrer dans le noir de l’oubli
ce soir j’ai tellement envie
            de vivre, tu ne peux imaginer à quel point
on réapprend la rage
allongé sur un lit avec une aiguille
dans la veine et un tuyau dans le thorax,
            l’infirmière m’a sermonné, « utilisez la pompe
de morphine, arrêtez de faire le fort,  ça ne sert à rien
il ne faut surtout pas laisser la douleur
            s’installer »
j’ai pensé « la douleur je la connais par cœur »
            et j’ai tenu encore un peu
Quand j’ai vu que celle-là, je pouvais la vaincre seul
            j’ai souri et accepté d’appuyer sur la pompe,
Je savais déjà qu’un jour, je respirerai de nouveau à m’en briser les côtes
            ça faisait toute la différence,
                                    tu vois
j’ai toujours autant besoin d’avoir mal,  il faut crier pour qu’on entende le son de ta voix
je n’étais pas sur de pouvoir revenir boxer un jour, les prodiges
tiennent parfois dans un retour sur le ring bien plus tôt que
la plus optimiste des prévisions,            hier j’aurai voulu embrasser mon
premier coquard de la saison    et je sais bien,
enfant béni de La Chance, habitué des Miracles,
que je finirai par tenir le centre de l’arène, il arrive que l’arrogance soit le reflet de la volonté
                        en attendant
à chacune de mes victoires je me demande à quoi ressemblerait
ton sourire si tu étais là quelque part à protéger mon flanc mais          
je ne sais même plus si tu es fière de moi à chaque saut périlleux
            au dessus de l’incendie,
tu n’es pas là
et souvent j’ai froid sous chaque soleil, mais ce qui
me dévore embrase mon regard, je suis sur
que tu pourrais encore aimer chacun de mes rires
je n’espère plus que quelqu’un me comprenne mais tu savais
t’amuser de tout ça, est-ce si important qui je suis devenu ? tu peux détester ma manière
de courir et le manteau cousu d’ombres que j’ai revêtu mais devons-nous oublier que nos mains se tenaient pour nous garder de l’abîme ?
ce qui coule de mes yeux, c’est du sang et quand je serre les poings
les MOTS sont les ongles plantés la paume de mes mains et voilà celui que tu
appelais frère encore à courir après la futilité de ses rêves la bouche ouverte
pour avaler le vent, c’est ainsi que je vis, c’est ainsi
que je brûle,  quand je paye le prix, c’est toujours comptant, tu n’ignores pas que les cicatrices changent les peaux et les cœurs, toi, la sœur qui connaît tout de mes masques, m’entends-tu crier ?

Je suis le déséquilibriste, lorsque je chute du fil de l’histoire
c’est mon âme que je livre entre les lignes

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