J’aime ta gueule. Parce que je crois que la beauté
d’un visage
ne réside que dans les quelques trucs qui l’ont
cassé…
m’écrit la fille à cheveux courts
aux yeux gris parfois verts quand
gronde l’orage,
elle vit dans une autre ville, ne me connaît pas,
et certains soirs, elle m’envoie sa voix, ses
secrets ou
quelques lignes
poétiques qui me permettent d’affronter
la
solitude et le froid.
elle couche
les mots avec talent, mais elle préfère lire
moi je casse tout, comme toujours,
comme à chaque fois,
je réclame des photos
d’elle nue
- que feras-tu d’une photo de
moi nue ?
demande-t-elle
je mens, je dis que ce sera pour le souvenir mais
tout le monde sait que je me branlerai en imaginant
Cette jolie bouche enroulée autour de ma queue,
le gris de ses yeux hypnotisant le vert des miens.
Elle
n’est pas dupe.
J’aime de moins en moins l’homme et de plus en plus
en plus l’artiste
déclare-t-elle
je
la comprends et je voudrais griffer sa peau, la mordre , l’écouter gémir et
supplier
ses
désirs
je
voudrais
l’entendre
rire car j’aime son rire, je voudrais qu’elle mouille
la
soumettre à ma loi
je voudrais qu’elle me sauve, elle
ou une autre, mais je suis ce que je suis
je
m’abandonne aux baisers dans l’obscurité des nuits, peu importe la bouche
qui les
offre, qui pourrais m’aimer ? je ne sais plus aimer
je ne sais que trahir, dans mon monde,
j’ai
vu des hommes briser le visage de leur amour avec leurs poings serrés, dans mon
monde
j’ai
vu des larmes changer un cœur mais ce sont les guerres et les révolutions
qui
changent la donne, quelque soit l’esclavage, c’est toujours par les
armes qu’on l’obtient,
voilà
d’où je viens, voilà où je vis
je
ne laisse personne approcher et
moi
aussi, je déteste l’homme, enfin pas tout le temps, je suis souvent
arrogant, fier, fou et je manque de
photos de filles nues pour me branler,
comme je
manque de corps brûlants pour ne pas avoir
à me
branler, vieillir, c’est avancer aussi seul qu’avant
le
sexe en moins
et
puisque tout est question de regards je voudrais qu’elle s’allonge
et de mes ongles courts j’écrirais
en lettres
de
sang sur son corps d’albâtre quelque chose qui ressemblerait à ceci
l’homme et l’artiste ne
sont pas si différents,
l’un se
protège quand l’autre se livre à nu
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