jeudi 17 janvier 2013

les suicides revêtent différentes formes


Ils m’ont montré les cartons sur la palette,
Il fallait les ouvrir et trier les pièces,
Il y avait eu une erreur à la fabrication.
Je me suis assis et j’ai commencé.
J’allais vite, le boulot n’était pas compliqué,
De temps à autre, je levais la tête, je voyais
Ceux qui bossaient là, dans l’entrepôt.
Ils avaient signé, ils l’avaient dans le cul,
ils étaient déjà broyé par le système,
je n’étais pas comme eux, j’étais
intérimaire,
je ne rêvais pas d’une famille, d’une maison
de 60 mètres carrés à crédit, je voulais
juste être libre,
je n’avais pas à me tuer là, pourtant
c’est ce que j’ai fait, ici et ailleurs.
J’étais comme eux,
niqué trés profond, voilà la seule vérité.
Je devais bouffer et bosser restait
Encore le meilleur moyen d’acheter de
La nourriture. (Enfin, le meilleur
moyen si je voulais rester dans la légalité)
Je savais que j’aurais du faire
médecin et ne jamais aimer la poésie,
les médecins s’en sortent mieux,
ils n’oublient jamais la mort, roulent
dans de belles voitures, habitent
de belles demeures, fréquentent
de jolies femmes...
- autant de raisons valables
d’apprécier la vie
à sa juste valeur –
L’odeur de l’endroit, (essence
Et huiles grasses), s’imprégnait
Sur mes fringues, mais ce n’était
Pas grave, c’étaient de vieilles
Fringues. Je savais aussi
Qu’aucune fille ne regarderait
Celui que j’étais,
            Les filles ne demandent
            pas toujours la lune, mais
            Elles ont besoin d’un type
            Avec un avenir
Et moi, le constat était
simple,
J’avais perdu
Je n’en possédais
aucun
Il faisait froid et                      
je triais
Les pièces comme d’autres se tirent une balle
dans une salle de bains car le carrelage
se nettoie plus facilement que la moquette
            (chaque suicide à son visage)
A un moment le chef est venu vers moi.
-       Ça se passe bien ? a-t-il demandé
-       Ouaip j’ai fait, tout roule.
                        Ce n’était pas ma première
fois, je savais que dans de tels endroits
la colère était morte étouffée
dans le fracas des machines. Avec
le temps
je m’étais habitué à n’entendre personne
            hurler son désespoir

2 commentaires :

  1. Bonjour ou bonsoir,

    Je vous ai lu dans le dernier numéro de Népenthès et je tenais simplement à vous dire que vous avez vraiment du talent et que je m'en suis pris une dans la gueule en vous lisant (oui, rien que ça!).

    Bref, bonne continuation!

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  2. Merci Julien. il est six heures 34 du matin, et lire un truc comme votre commentaire en rentrant avec 3 grammes de vodka dans chaque centimètres carrés de ma peau, c est du pain chaud dans ma bouche. Je suis toujours surpris que des gens puissent me lire et apprécier ce que j'écris. Et je dois une fière chandelle à toute l'équipe de Népenthès qui a décidé de publier en hors série adventice mes poèmes publiés dans la revue.
    Alors merci à vous comme je les remercie. Merci d'avoir pris le temps de me lire, et merci de commenter ici. :)

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