lundi 6 août 2018

électroencéphalogramme existentiel plat

Été caniculaire

c'est la nuit et la chaleur est une étouffante amante

dans un monde parfait, je lancerai un 33T de Saint-Preux
sur la platine du salon
je laisserai dormir la ville et
j'écrirai un immortel roman pour lequel un éditeur de talent
m'aurait déjà versé une mirifique avance en me remerciant
d'avoir signé chez lui pour celui-là avant de s'en être allé discrètement
sans avoir oublié de laisser
sa délicieuse et beaucoup plus jeune épouse s'occuper de mes appétits charnels
avec une étonnante implication personnelle

mais nous n'en sommes pas là et il n'y que la nuit, précieuse alliée
de l'assassin

quelque part une femme enceinte veut me sucer
quelque part une soumise m'appelle Monsieur quand elle m'écrit
quelque part une petite chienne désire que je lèche sa chatte

ce n'est pas si mal, me dis-je elles sont loin et couchent avec d'autres
mais je suis bientôt vieux
usé
et il y en a de plus beaux qui n'ont personne pour penser à eux

je bois de grandes rasades de Volvic citron et ce faisant
j'atteins un stade de conscience qui confine à la démence

j'ai la sale gueule du type qui serait resté
trop longtemps en prison

et pas pour des crimes glorieux

ce n'est pas le manque d'amour le problème
ce n'est pas la solitude, ce n'est pas d'être cassé en une multitude de petits morceaux
éparpillés sur le sol gris et impossibles à recoller
ni même ce constant déséquilibre intérieur, l'implacable certitude qu'il manque une partie de soi
et qu'il en sera toujours ainsi

avec le temps, j'ai appris à résumer la folie et le dégout de soi
en une simple évidence, la
compréhension que peu importe la grandeur de nos aspirations
                                                                          la plupart du temps
                                                                          il ne se passe rien





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