samedi 17 août 2013

Poème pour la dame qui habitait en haut de la rue

J’ai posé ma main sur le bois
                                    clair
de votre cercueil,
votre maison lorsque j’étais enfant
était le point de ralliement, on venait
là, les gosses du quartier,
fumer des clopes et boire des bières
            sans que vous le deviniez
c’est dans votre voiture que je suis
parti pour la première fois
voir le bleu de la mer,
            il y avait toujours
votre sourire, votre manière
            un peu guindée
de fumer des cigarettes fines
à la menthe
on riait souvent, et souvent
le soir, je pouvais rester
regarder la télé en couleurs.
quand on se faisait prendre
car nous étions des garnements
vous n’appeliez jamais nos
            parents et nous
avons grandi ainsi
on apprenait
la vie, on était des gamins
puis des adolescents et
votre fille qui est comme ma
sœur a lu vos mots
            au dessus de votre
            cercueil, Dieu
que vous écriviez bien,
            et votre petite
fille vous a lu un magnifique adieu
écrit de sa main juvénile, vous deviez
être fière d’elle de là-haut
et nous avons tous pleuré
            un peu plus
et votre fils qui
est comme mon frère
ne pouvait
dire un mot, étranglé
par le chagrin, moi
j’étais tout au fond
à ravaler mes sanglots
vêtu d’une stupide
(inutile et incongrue)
pudeur tout en pensant
que tous ces gens ici
vous aimaient et
surtout que,
tous ces gens ici,
vous les aimiez
et pour le bleu de la mer
            le bleu de la vie
            et le bleu de votre
            sourire
je voulais vous crier un
merci, mais vous n’étiez plus
là, alors j’ai posé la main
sur le bois clair de votre cercueil
et je l’ai murmuré comme on
parle à la douceur du vent,
le vent qui emporte
                        vers le ciel les
                        âmes bleus qui s’en vont
                        loin des larmes de ceux
                                                qui restent

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire