J’ai posé
ma main sur le bois
clair
de votre
cercueil,
votre
maison lorsque j’étais enfant
était le
point de ralliement, on venait
là, les
gosses du quartier,
fumer des
clopes et boire des bières
sans que vous le deviniez
c’est dans
votre voiture que je suis
parti pour
la première fois
voir le
bleu de la mer,
il y avait toujours
votre
sourire, votre manière
un peu guindée
de fumer
des cigarettes fines
à la menthe
on riait
souvent, et souvent
le soir, je
pouvais rester
regarder la
télé en couleurs.
quand on se faisait prendre
car nous
étions des garnements
vous n’appeliez
jamais nos
parents et nous
avons
grandi ainsi
on
apprenait
la vie, on
était des gamins
puis des
adolescents et
votre fille
qui est comme ma
sœur a lu
vos mots
au dessus de votre
cercueil, Dieu
que vous
écriviez bien,
et votre petite
fille vous
a lu un magnifique adieu
écrit de sa
main juvénile, vous deviez
être fière
d’elle de là-haut
et nous
avons tous pleuré
un peu plus
et votre
fils qui
est comme
mon frère
ne pouvait
dire un
mot, étranglé
par le
chagrin, moi
j’étais
tout au fond
à ravaler
mes sanglots
vêtu d’une
stupide
(inutile et
incongrue)
pudeur tout
en pensant
que tous
ces gens ici
vous
aimaient et
surtout que,
tous ces
gens ici,
vous les aimiez
et pour le
bleu de la mer
le bleu de la vie
et le bleu de votre
sourire
je voulais
vous crier un
merci, mais
vous n’étiez plus
là, alors
j’ai posé la main
sur le bois
clair de votre cercueil
et je l’ai
murmuré comme on
parle à la
douceur du vent,
le vent qui emporte
vers
le ciel les
âmes
bleus qui s’en vont
loin
des larmes de ceux
qui
restent
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