samedi 1 avril 2023

mon sang sur le goudron

Elle avait ramené des petites bouteilles de mauvais champagne
après l'avoir bu, au milieu de la baise, j'ai en ai pris une et je lui ai défoncé la chatte avec
elle a dit que j'étais fou, mais ses yeux disaient je t'aime à la folie, tu peux me baiser
comme tu veux, fais moi jouir connard de mes rêves
ou peut-être que c'est moi qui voulait lire ça dans ses prunelles,
pourtant aujourd'hui encore, je pense qu'elle m'aimait vraiment à ce moment
cœur qui bat fort et papillons virevoltants dans son ventre blanc

les femmes ne veulent jamais de moi, je dois toujours développer des trésors
d'imagination
pour qu'elles m'approchent, mette en œuvre un certain talent
et ensuite, je ne peux plus m'en débarrasser pendant un long moment
il leur faut des mois ou des années
à m'entendre ronfler
à laver mes caleçons sales
à détester la folie de mes cuites
pour qu'elles finissent par partir, pour d'autres plus normaux, plus rassurants
des types qui les trompent ou les ennuient, mentent
mais qu'elles ne quittent pas, pour des raisons diverses, comme la stabilité, les vacances dans le sud l'été
où je ne sais quoi
des raisons dont je me fous, je ne suis pas un type normal
je ne veux pas d'une histoire raisonnable

maintenant j'ai vieilli
les étoiles brillent et s'en foutent, il y en aura un autre après qui pleurnichera sur le papier blanc
un autre qui tapera des mots dérisoires
j'ai vieilli mais j'arrive encore à me branler deux fois par jour
j'ai vieilli mais je peux encore enflammer un comptoir, enchainer les tournées et coller des rires
dans les yeux verts de la serveuse
bien sur, j'aimerai écrire que j'ai fait fortune dans la bourse ou
gagné à la loterie assez de pognon pour m'enfuir jusqu'à la fin de mes jours
ça me ferait marrer de m'en sortir, déjouer les pronostics

j'ai en moi des trucs que je garde précieusement
des sourires
et des rires
des parties de baises et des secrets honteux avoués à mon oreille
mais je me souviens aussi de leurs larmes, que j'ai parfois séché,
de leur façon de se coller à ma peau
je reste des mois sans femme
mais quand une passe, elle me donne quelque chose de plus qu'aux autres
une partie d'elle cachée, protégée
quand ça arrive, je me sens spécial, comme si mon existence bâclée avait un sens

ça fait longtemps que je n'ai pas quitté la ville et partir me manque
ça fait longtemps que je n'ai pas hurlé ma douleur sous la nuit et hurler de douleur ne me manque pas
j'ai l'âme d'un boxeur et je prétends que je sais encaisser le courroux de Dieu et l'opprobre de la foule
mais je titube et je me demande comment je tiens encore debout
comment j'ai pu arriver jusque là
en moi se trouve quelque chose de trop fragile pour ce monde, j'ai du
maquiller ma folie pour effrayer les gens et le garder intact

je vis comme je peux
comme n'importe quel type incapable d'oublier
que les moments heureux aussi font partie de son agonie
j'ai brisé des femmes et une autre m'a brisé, théorie de l'équilibre universel
je mérite le sang que je verse sur le goudron mais j'irai au paradis
simplement parce que j'aime l'idée de vous donner tort

j'aimais bien quand dans le miroir de la salle de bains
se trouvait le reflet d'une fille aux longs cheveux qui peignait ses lèvres en rouges
aujourd'hui cette image s'est enfuie et d'autres se sont maquillés dans d'autre miroirs
d'autres salles de bains

bizarre que celles que je rencontre me jugent sur mes histoires vouées à ne pas durer me dis-je

c'est ce genre de petit détails qui me fait douter du genre humain






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