mardi 31 mars 2020

Bella (Quelque part dans les années 90)

la fille a dit je veux te voir fumer un pétard
alors j'ai trouvé un gars qui a dit je vais pas te vendre un pétard mais je vais fumer avec vous
et on s'est planqué dans l'escalier qui menait à l'esplanade à côté du bar
et on a fumé deux pétards
et c'est clair qu'il bandait pour la fille qui était avec moi mais je n'en ai pas pris ombrage
n'importe quel mec hétéro aurait bandé pour cette fille, elle était belle comme l'incendie dans
les yeux du pyromane et c'était une actrice de cul
ce qui excite encore plus les mecs hétéro
et les yeux de la fille changeaient de couleur selon son humeur et là ils sont devenus verts
et après on est allé au billard et le patron m'a dit : je t'avais dit que ce serait pour moi la première
fois que tu viendrais" et il a tenu parole et ce fut la croix et la bannière pour payer ma tournée
mais pas pour en boire plein et la fille se demandait qui j'étais
puisqu'on ne payait rien ou presque et il y avait plein de videurs de boite de nuit, des serbes
et tous bandaient pour la fille avec moi mais je n'en ai pas pris ombrage, ça aurait été suicidaire
ils étaient tous plus costaud que moi,
et ils étaient tous sympas, on riait bien et faut dire ce qui est
y avait personne pour venir nous emmerder
et on a joué au billard et la fille a gagné contre moi et elle a frimé
et on a joué aux fléchettes avec le patron et les videurs et je ne sais plus qui a gagné
et c'était une putain de soirée, une de celle qui s'imprime en toi tant l'illusion du monde
confine à la pureté dans ces instants de feu
et la fille était dingue mais elle le cachait bien, comme ceux et celles qui ont affronté la part
sombre de l'humanité et savent qu'il faut se fondre dans la masse malgré tout
elle avait du survivre à un père incestueux et à la rue à 16 ans
ce qui vous forge un caractère et vous plombe le fond des yeux
Quand l'illusion se déchire, sous les étoiles, rien n'est pur, tout n'est question que de survie
peu importe la beauté du décor
derrière il n'y a des ombres et des cassures, la fille était seule et le serait toujours
emprisonnée à tout jamais dans la violence de son enfance
il y a des douleurs qui jamais ne se taisent, vous pouvez juste avancer et faire comme si
vous ne les entendez plus
tout ce qu'elle faisait comme se vendre de la bouche au cul pour ne rien donner et surtout pas son
cœur
elle le faisait pour se libérer, sortir la tête hors de l'eau et respirer
elle avait un but et se battait pour le rejoindre sans se soucier du prix qu'elle payait car elle savait que
nous n'avons qu'un seul choix, avancer quoi qu'il en coute.
et plus tard on est allé à son hôtel
et dans la chambre elle riait
et quand tout est devenu sérieux elle a dit non
et puis oui
et puis non etc... c'était étrange, drôle et beau
ce n'était pas le sexe qui l'effrayait mais tout ce qu'il y aurait pu avoir d'autre, de plus
et elle s'est collé contre moi, le cul contre ma bite et elle pris ma main
et l'a posé sur ses seins et elle a dit qu'elle n'embrassait avec la langue
que lorsqu'elle était amoureuse
et  il a bien fallu que j'accepte le fait qu'elle ne la glisse pas dans ma bouche
ni dans son lit
ni à l'aéroport quand vint l'heure des adieux au matin
et quand elle m'a appelé le soir, une fois rentrée loin
et qu'elle a dit qu'elle regrettait, qu'elle aurait du laisser sa langue s'enrouler autour de la mienne
peut-être mentait-elle
peut-être ne mentait-elle pas
peut-être que ça voulait dire quelque chose
peut-être que non


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