samedi 16 juin 2018

Parfois je me surprends à rêver avec arrogance que je suis le doigt planté dans le cul d’une certaine forme de littérature, comme si j’en avais à foutre quelque chose de la littérature…


Toujours debout, souriant
Cacher les plaies sous un sourire désarmant
Il y a des jours où je suis la vivante publicité pour une
Cuisine intégrée
De chez
ikea

Et d’autres où
je me surprends à rêver avec arrogance que je suis le doigt planté dans le cul d’une
certaine forme de littérature

comme si j’en avais à foutre quelque chose de la littérature…

Il ne se passe plus un jour sans que je ne désire tuer quelqu’un
Et ce n’est pas toujours
moi
Deviendrais-je enfin dangereux ?

J’aurai du choisir la fonction publique
La vie à deux
Le crédit immobilier sur 30 ans et la piscine hors-sol dans le jardin
Aller chercher à la sortie des classes les gosses
faits à une femme qui aurait cessé de m’aimer
bien avant la procréation
Commenter leurs bulletins de notes et m’émerveiller devant leur croissance

J’aurai du
Ecrire des romans à l’eau de rose
m’appliquer pour que chaque ligne soit ciselée et fasse mouiller
La ménagère, celle que son mari n’a jamais attachée au plumard
Jamais léchée dans une cage d’escalier
Celle qui rêve d’un amour de cinéma en s’épilant en prévision
Du final du prochain samedi soir passé
au milieu de sa petite famille à regarder
des émissions de télé destinées à anesthésier le cerveau des foules
à domestiquer le peuple en rendant ses appétits vides de sens

J’aurai du laisser la poésie à d’autres
Qui savent de quoi ils parlent
Usé par l’alcool, je n’ai jamais bien descendu les vers
Autant affronter l’ultime aveu
bourré
On n’écrit jamais loin et
La colère n’a jamais tué la douleur

jamais

D’un tour du monde du à un boulot dans le porno
J’ai ramené de jolies photos, des souvenirs d’étreintes brulantes et des chlamydias

Le reste du temps j’ai noyé l’absence d’amour
Dans des lacs de vodka remplis de monstres abyssaux aux yeux rouges
Réveil difficile
tout au fond de l’obscurité, je n’ai jamais rencontré que ma propre noirceur

Quand je laisse divaguer mes désirs
je me verrais bien attraction de tardives émissions littéraires
Costard gris et chemise noire ouverte sur une poitrine balafrée par l’existence
Lunettes glace pour protéger le monde de mon regard, voix grave et mots bruts

-       Pourquoi voudriez-vous que je joue le jeu ? demanderais-je à un animateur doué pour la franc-maçonnerie et le léchage de cul des personnalités, je pisse sur la littérature propre sur elle et bien pensante. Vous portez aux nues des livres somnifères quand j’aime que les mots m’empêchent de dormir. Il me faut du sang et de la boue, des femmes cruelles qui asservissent les héros avant de les tromper avec des âmes aux rêves brisés par de coupables silences divins , rien ne m’attise autant que les histoire acides parfumés à la merde fraiche d’un lendemain de cuite sauvage et vierge de tout romantisme. Je suis intimement convaincu que le génie est une fleur vénéneuse qui prend racine dans une plaie béante et purulente aux bords bouffés par la gangrène, pas dans vos salons littéraires. La plupart de ceux que vous admirez sont des fils de pute égocentriques dans la vraie vie, ils oublient qu’ils n’étaient qu’à quelques centimètres d’une gentille sodomie qui les aurait privé de la beauté des levers de soleil  et quand ils prennent la plume, qu’ils possèdent ou non la moindre once de talent, ils n’ont pas assez de couilles pour oser écrire « FUCK THE WORLD» à l’encre indélébile de la folie sur le cul d’un dieu, même si celui-ci était endormi ou plongé dans un profond et irréversible coma éthylique, auriez-vous une question intelligente ?

Et  la stagiaire de production canon qui refuse de se faire sauter par le producteur même échange d’un poste de présentatrice météo sur une chaine
d’informations
étoufferait un fou-rire et
me donnerait un 10/10 en pensée avant de céder aux joies occultes de la numérologie de téléphone sur  un papier blanc griffonné à la  va-vite et glissé discrètement dans ma poche
pendant la coupure publicitaire
mystique relique
symbole d’une victoire irrémédiable
            que je
conserverais
précieusement jusqu’à la fin de mes jours et
Une fois que serait dite la messe cathodique je l’appellerai et
Au petit matin, je quitterais Paris dans une vieille  décapotable avec la volonté
affirmée de
Rouler jusqu’à un océan et il resterait
un peu de son rouge à lèvres sur ma queue, délicate signature
Preuve écarlate de son aimable consentement à
la somme de tous mes vices

mais quoi qu’il pourrait arriver, je ne me sentirais
Pas moins seul
Pas moins inadapté

Ecrire c’est recoudre la peau dans le vain espoir de stopper l’hémorragie
dessous le sang continue de couler
et peu importe le temps que ça prend
une journée bien remplie ou des années lumières
les sutures finissent par céder sous la pression
et voilà qu’on se souvient que
l’asphyxie quotidienne
et les tentatives de suicides laissent des séquelles
on n’oublie jamais le reflet d’une veine bleue dans l’acier d’une
lame

parfois je peine à choisir mes maux
il m’a fallut des années d’autodestruction
pour réaliser que je craignais la mort
preuve que je suis un peu lent pour saisir les leçons existentielles
Certains n’acquièrent des notions d’équilibre que debout sur le fil du rasoir


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