samedi 11 septembre 2021

Des morceaux de moi

C'était mon anniversaire et la fille aux yeux noirs était là
et je la trouvais belle, je l'ai toujours trouvé belle mais elle
a toujours préféré que d'autres que moi ruinent sa vie
alors je me suis guéri d'elle
et quelques heures après je me suis retrouvé aux urgences à plaisanter avec une
infirmière lesbienne pour oublier la douleur, oui je sais, peu d'infirmières des urgences
confient à un patient qu'elles sont lesbiennes mais que veux-tu, je crée des liens  partout
où je passe
et une dizaine de jours plus tard j'ai fini sur le billard, ça faisait plusieurs années qu'on m'avait dit
que ce moment
arriverait
 
et j'étais censé être en vacances
et il y avait cette fille magnifique qui voulait me rencontrer mais qui ne me parlait plus vraiment
quoi qu'il en soit je gardais son désir comme un truc pour tenir debout, de la chaleur
sur mon corps froid, de quoi faire battre mon cœur de voyou
 
et donc, j'étais dans une chambre blanche d’hôpital, loin de tout ce qui pourrai
me réchauffer, chatte, adrénaline ou alcool, et je riais avec les infirmières parce que je n'aime pas pleurer
et bien sur, j'ai fait quelques complications sans gravité mais relativement
douloureuses
et elles sont venues à quatre me soigner
et j'ai failli m'évanouir pour la première fois de ma vie et
j'en ai appelé une maitresse et demandé une autre en mariage, j'avais le temps de dire ces conneries,
j'aurai du sortir au bout de quatre jours mais je suis resté une semaine et
j'ai refusé que la fille aux yeux noirs vienne me voir, je ne voulais pas qu'elle me voit comme ça
pas elle
et aux jolies filles en blanc,
j'ai dit, bon j'ai vraiment perdu toute dignité ici
et j'ai pissé du sang et rien de tout ça n'était grave je dois bien l'avouer, et une infirmière avait l'air de bien m'aimer
et je l'aimais bien
et une fois chez moi, je sais qu'il faut l'oublier et
1M77 de chair brulante m'appelle et me dit qu'elle veut me faire un calin et qu'on baisera dès que je peux
enfin il me semble qu'elle a dit ça, ça m'arrange de le croire
et la fille aux yeux dorés m'appelle par hasard et me dit que mème si on ne se voit pas,
je suis un pilier de sa vie
et je me souviens l'avoir attachée à mon escalier pour branler sa chatte par dessus le tissu fin de son string  blanc,
un pari
étrange qui avait donné lieu à un joli poème, et je dis que je mettrais ma main dans sa culotte
quand on se verra et elle rit, mais j'insiste, choisi la jupe courte cette fois, pas le short moulant, je fais
en référence à notre première fois et je sais
qu'elle se souvient, mes mains sont magiques et nous savions rire pendant l'amour
et je ne pensais pas qu'on pourrais se sentir heureux rien qu'en pissant jaune
et quelque chose est cassé en moi, je suis allongé sur le lit et je pense à la fille 
qui disait inspirer ma poésie, je pense à sa voix m'implorant de lui dire qu'elle est ma pute
je pense à sa soif de cul
et à sa beauté et surtout à son besoin atavique de passion, merde, je devrais avoir vingt ans de moins
pour être près d'elle et la prendre  des heures et des heures, je devrais griffer sa peau, inscrire 
mon prénom en lettre de sang sur son joli cul, mordre son cou, claquer son joli cul de femme sublime
et aussi, lui dire des mots dorés à l'or fin pour qu'elle sache
que je connais la brûlante beauté de son âme et surtout,
 
inonder son visage de foutre
 
mais je n'aurai jamais que vingt ans de trop
et
les choses ne seront plus jamais pareil mais je refuse d'y penser
et je suis là
sur mon lit
à guérir doucement
sans savoir
si tout sera nickel
et je bande encore semble-t-il
et je suis épuisé
et je me dis qu'il faudrait que j'arrête d'écrire
que je trouve la paix
l'équilibre
que je songe à vieillir dans la peau d'un homme pas dans celle d'un enfant en manque d'amour
et je me dit que faire des pizzas dans un camion dans une campagne serait bien
il me faudrait une maison en pierre et une rivière
il me faudrait des livres et peut-être une petite chatte à lécher
et la rousse folle était assise devant moi sur ma terrasse et nous bouffions des hamburgers dégueulasses
et j'ai dit, j'ai envie de retomber amoureux
pas moi a t elle répondu,
et je me suis repris, oui, tu as raison, je ne suis pas sur de pouvoir payer ce prix là à nouveau,
mais parfois, c'est bien d'être deux
 
et ce matin je suis sur mon lit, je n'ai droit ni au sport ni à la folie mais la folie
se fout des avis médicaux
et les choses ne seront plus jamais vraiment pareil, je dois l'accepter
et j'ai encore plusieurs semaines avant de savoir ce qu'il en est
je serais mieux dit-on et c'est bien
et je sais aussi, que quoi qu'il en soit
le cirque infernal sera de retour, mème schéma, mème système
réapprendre à vivre avec moi-mème
fuir les miroirs et me convaincre qu'il faut tenir malgré moi
sale type incapable de se satisfaire d'être vivant
il m'en faut toujours plus
et je meurs d'être privé de ce plus
et je veux vivre à fond et debout encore une fois
je veux aimer et la douleur appartient à mon cadavre, celui que j'ai laissé derrière un samedi matin
d'avril il y a si longtemps
et je saigne de la queue, et je saigne des yeux et vole plus haut que ceux que vous dites aimez
et je viole des cœurs à coups de mots
et des chattes mouillent parfois pour moi
et je meurs seconde après seconde mais je vis toujours plus fort que le corps mou au regard vide assis 
dans votre salon mesdames
et dans mes yeux
des flammes me dévorent
et dans les tiens, je voudrais abriter des morceaux de moi
 
 



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