mardi 27 juin 2023

Malsaines confessions du fou

j'ai toujours été un type considéré comme bizarre
je n'étais jamais invité aux gouters ni aux anniversaires
c'était comme ça et parfois c'était dur
j'ai jamais eu le visage adéquat, je ne venais pas du bon milieu
je n'avais pas les bons vêtements
j'aurai aimé apprendre la musique et le théâtre mais ça me semblait plus important
de savoir se battre
les sports de combat effrayaient mon père, j'ai du donc commencer par savoir encaisser
coups et humiliations avant
de pouvoir apprendre à me défendre

souvent
j'étais tout seul, et puis j'ai eu des amis dans ma rue, pour toujours, et ça allait mieux
et puis il y a eu ce gars qui faisait chavirer toutes les filles qui s'est assis
à côté de moi pendant des années
c'était étrange quand il m'appelait pour qu'on parte dans des virées d'adolescents
j'avais mal à croire que quelqu'un voulait trainer avec moi
je n'avais pas de thunes et il payait les diabolo menthes, les premières clope, les parties de flipper
(et n'a jamais rebroussé chemin sur la route de notre amitié)

à l'époque j'étais déjà considéré comme fou
ça m'allait bien
les gens évitent de se frotter aux fous, ça me protégeait

avec les femmes c'était pas mieux
celle du premier  baiser était une blonde sublime
mais il a fallu attendre d'avoir 18 ans
pour qu'une beauté brune voit en moi quelque chose de susceptible de faire battre un cœur
ses yeux étaient verts et immenses et elle était toujours collée à ma bouche,
mouillait contre les murs ou sous les abris de bus
subitement
je suis devenu beau
beau pour celles qui voulaient mon meilleur pote et qui se sont excusés auprès de ma belle
ne n'avoir pas su me voir
beau pour d'autres filles dont les prunelles éprouvaient maintenant du désir quand elles m'approchaient
beau pour cette professeur aux cheveux courts qui me regardait avec les yeux brillants et un peu plus
d'insistance que ne
l'autorisait son statut

et puis la brune est devenu infidèle et mouillait moins pour moi, elle partait et quand elle revenait
si je refusais de la reprendre, elle pleurait, suppliait, promettait de se tuer et ce serait ma faute
je n'aurais pas du, mais à chaque fois, je cédais à son chantage affectif
et quand je la reprenais, elle était jalouse et devait absolument me contrôler, j'ai vite compris
que me construire une cage, c'est me donner envie d'évasion, à mon tour
je suis devenu infidèle
en prison  dans ses bras c'est ailleurs que je me nourrissais de lumière
j'offrais des rires aux plus jolies, je me disais qu'on pourrait m'aimer si j'étais drôle
et ça cachait mes manques et mes faiblesses
"tu regardes dans les yeux et tu tiens le regard, nous les filles on aime bien ça" disait ma maitresse
aux yeux bleus, incroyable suceuse, un  de nos jours adultérins, je lui ai dit à quelle point elle était
belle, 
comme si personne n'avait su lui dire avant, elle a versé des larmes

et puis un jour j'ai lâché pour de bon la fille aux yeux verts en lui laissant un chat noir, une
voiture rouge et un nouveau mec
je suis parti aux quatre coins du monde
à faire les boulots de misère sur les plateaux de films pornos
je croyais vivre un rêve, voyages et jolie femmes mais cantonné aux taches subalternes
j'ai vu s'éteindre ma flamme et mourir le peu de confiance en moi que je possédais
là, j'ai aimé vraiment fort une magnifique russe aux yeux verts qui n'aimait pas qu'on la lèche
et dans un hotel de Riga je l'ai baisée comme un dingue malgré le whisky dans mes veines
elle hurlait son plaisir, s'est écroulée d'épuisement contre le mur quand elle a voulu sortir du lit et
le lendemain la jolie réceptionniste aux
yeux bleus me regardait avec gourmandise
quand je lui disais que je l'aimais, la russe disait que je mentais mais qu'elle m'aimait aussi
tout une vie ou presque et je n'ai véritablement aimé que trois femmes, dont elle

j'avais des filles splendides dans mon lit
et en dehors de mon lit, des plus ternes me snobaient, 
comme toujours je manquais de tout ce qui fait un homme
je n'avais pas les bonnes fringues, pas la bonne gueule pas le bon job

je plaisante régulièrement en affirmant que toutes les femmes rêvent d'un homme comme moi quand elles s'endorment
dans les bras de celui qui partage leur vie
simplement elles l'imaginent toujours plus beau, plus fort, plus intelligent
et plus riche que je ne suis

puis vint ma tueuse

avec ses yeux noirs où j'aimais plonger pour peindre des étoiles et sa sublime petite 
gueule de salope merveilleuse, 
bordel qu'elle était belle, un truc de fou,  au premier regard
les types la désiraient maladivement et les filles la jalousaient

elle avait un cœur et une âme, mettait tant de passion dans le cul, j'aimais quand elle griffait, 
je gémissais quand elle suçait
et
dans la voix et ses caresses, elle m'offrait une douceur infinie, 
je m'enivrais de bonheur de ne jamais l'entendre crier pris au piège de ses "je t'aime à en mourir"
elle veillait sur mon flanc et
vivre semblait tellement facile à ses côtés, 
- je sens un truc obscur en toi disait-elle
je répondais, "ce n'est que de la souffrance" et c'était vrai
tout ça a fini par disparaitre entre ses bras, plus elle me serrait fort, mieux je respirais
mais
deux ans plus tard je n'étais plus qu'un type gentil  et pauvre, un 
perdant certifié, une appellation  d'origine contrôlée de la loose et elle s'est barrée
foutant ma vie en l'air pour toujours
souvent le dimanche matin, je voyais son nouveau mec partir d'after en tenant une autre fille
par la main et je souriais en me disant "bonne pioche bébé !!!"
partout dans la ville, pendant que je luttais contre mon cerveau, tentant désespérément de
sortir de la dépression et des tentatives de suicides,
elle s'est mise à raconter que j'étais un manipulateur, un type pas très sain
moi je me souviens qu'elle a pleuré de bonheur dans mes bras, DEUX FOIS et que c'est près de moi qu'elle a appris à rire
et mème à jouir 
mais j'imagine que chacun de nous deux à droit à sa version de l'histoire

après elle,
vinrent l'alcool et les virées la nuit pour les loisirs
pour le boulot, j'en avais soupé des usines et des entrepôts, alors
de nouveau le porno, j'ai repris la route, ce qui semble avoir définitivement tué
tout forme d'amour propre en moi,
mais il y avait encore, les voyages et les filles
de magazine
ce qui m'amène à la plus magnifique de toutes, une russe encore, avec des yeux verts 
lesquels étaient remplis d'une rage  contenue quand au petit déjeuner, dans un hôtel de Prague 
elle m'a lancé :
- il parait que tu as dragué la danseuse devant moi pour réussir à coucher avec moi !

moi j'ai
éclaté de rire et avoué ce crime, "parfois je suis doué avec les femmes"
- félicitations, ça a marché a-t-elle répondu 
si je continue ce boulot et si je reviens, promets moi que tu viendras me chercher
à l'aéroport, je veux te voir quand je sortirais de l'avion

tout ce temps, j'ai sombré, j'étais un sac de larmes, 
j'affirme qu'il faut 
un rire pour sécher une larme mais je me suis marré sans jamais rien réparer,
je me détestais et me complaisait dans la haine de moi, ça me faisait une bonne raison
de me détruire,
dans un océan de vodka j'ai noyé mon âme
et dans les regards de mes proches, je voyais tristesse et incompréhension danser main dans la main
mais dans la nuit sombre d'une forme certaine d'alcoolisme, mes fantômes se diluaient et l'amour comptait moins
que la recherche de l'étreinte

si tu veux l'amour, souviens-toi,
personne ne t'aime véritablement si toi tu ne t'aimes pas
s'aimer
c'est montrer au monde
sa lumière
ne pas s'aimer c'est finir par se dissimuler derrière un masque

bizarrement, dans ces nuits vampiriques, les gens se liaient à moi, souvent d'autres 
laissés pour compte des sentiments
Pour ceux-ci, je devenais coach sentimental
ils étaient avides de mes conseils foireux
ça me semblait étrange, c'était
comme trouver raisonnable de demander le secret de l'équilibre mental à un patient d'hôpital psychiatrique
j'imagine que mon cœur de verre brisé en un milliard de petits morceaux  par une femme magnifique
me nimbait d'une certaine crédibilité

je réparais des cœurs mais laissait mourir le mien
j'avais toujours eu ce côté docteur vincent, mister vicelard
le démon protège l'ange, l'ange sauvera peut-être le démon
mais docteur vincent pleurnichait trop, alors pour survivre je l'ai étranglé de mes propres mains
après tout, je n'étais pas un super héros
et quand j'appelais la lesbienne têtue, celle qui m'avait tenu la tête hors de l'eau nauséabonde
de mon propre océan de détresse sentimentale, je lui disais, "le bouffon vert encule spiderman"
ce qui résumait bien mon état d'esprit sombre et désespéré
elle se marrait
mais elle savait aussi que ça voulait dire que je perdais ma lumière
elle aussi a fini par se barrer, (ma sœur, divine bouffeuse de chattes, je te dois la vie mais c'est ainsi que tu as soufflé la dernière étincelle de beauté en moi, nous ne sommes plus amis, mais jamais je ne te détesterai)

j'ai fini
par toucher le fond
la
ne
vit
nulle
clarté
mais il fallait bien que je remonte à la surface
sinon, c'était mourir

je me souviens des rires de la fille à la bouche en forme de cœur
à sa peau trop jeune pour mes vieilles batailles perdues, à son absence de cicatrices face à mes pupilles
fracturées d'avoir trop vu ce monde
une fois de plus
je trouvais étrange qu'une fille comme elle puisse voir quelque chose de beau dans le chaos de
la laideur physique et mentale qui compose mon être, dans ses bras, j'étais un enfant effrayé
quand elle m'aurait voulu conquérant, je ne sais comment elle a pu me pardonner
d'être aussi mauvais d'avoir à chaque fois préféré boire plutôt que de vénérer son corps chaud
comme il le méritait

ô peu importe la solitude de ma nuit
il y a des baisers et des lèvres sur ma queue qui sont une magique guérison
de l'espoir inattendu dans les rires de femmes trop belle pour moi
et,                                                               malsaines confessions du fou
c'est de la que sont sortis mes premiers mots de poésie, 
de la défaite 
et de la beauté des femmes

voilà où je me cache, voilà où tu m'abandonnes
à déflorer la page blanche
je laisse mes giclées de foutre au gout dégueulasse couler sur le visage angélique de tes désirs d'amour
virginal
gras et chauve, quand elles me croisent
la plupart pincent leur jolies lèvres et détournent leur paupières fardées vers d'autres spectacles
plus attirant
tu agonises du manque d'amour
d'être déjà mort, me voici prêt à renaitre
il faudrait que tu tendes la main si tu veux entrer dans la danse
mais je ne t'en veux pas de cette peur viscérale qui t'anime quand tu penses à moi, j'ai vécu ça
bien souvent et j'en fait le vent qui ranime l'incendie dans mon cœur de pierre précieuse
je suis en morceau et j'avance en titubant
je mourrai seul dans un fossé avec l'espoir qu'on ne retrouve mon corps que lorsqu'il sera
à moitié bouffé par les vers
dans la mort aussi, je veux garder ma laideur
mais d'ici là, je veux vivre dans un rire éternel
et puisque tu n'es pas là, et puisque tu ne viendra pas
il me reste
de mauvais films pornos pour me branler
et assez d'imagination pour oublier qu'il n'existe aucune femme à qui offrir ma peau couturée et de sublimes
mots d'amour




















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