lundi 11 juin 2012

Nous ne serons jamais que des jouets entre leurs mains de tueuses


Vingt ans dans trente six jours,
 ses yeux sont sombres et rieurs
elle assure ne pas aimer la douceur et
on tuerait facilement pour sa beauté

elle m’envoie des messages depuis
plusieurs mois
parfois le jour,
parfois la nuit
des messages où
Elle rit, provoque et  joue un peu
sans que je ne fasse rien pour attirer
son attention plus que ça, sinon être moi,
fou et sur le fil au dessus
des flammes

Et dans cette soirée il y a cette longue chevelure brune qui me mange
du regard et elle l’empêche de m’approcher jusqu’à ce qu’elle lâche
l’affaire (moi) et parte,
alors je me demande ce qu’elle
veut vraiment, mais lorsque j’essaie de l’embrasser
elle se dérobe en riant
non non non tu ne m’auras pas Vincent, tu sais
mon père n’a que quelques années de plus que toi,
et je lui réponds
je m'en doute mais tu es ambigüe et je devais
savoir, quant à la morale et ce qu'on peut faire ou ne pas faire, ça ne m’intéresse
pas, tu sais ce que tu fais tu n’es pas une enfant mais au moins
tout est clair maintenant
et elle rit encore plus
et me questionne avec une feinte
                                                innocence
ah bon je suis ambigüe ??? Moi  ???

et je la laisse disparaitre au volant de sa voiture verte
et elle ne m’appelle pas pendant trois ou quatre semaines
et hier elle vient me chercher au restaurant où je travaille
et dans la discothèque garçons et demoiselles me font
qu’est-ce qu’elle est belle, elle te veux !
et des filles s’approchent et je les embrasse sur la bouche
juste parce que je suis ainsi

puis elle s’assoit sur moi et remue son magnifique cul
sur mon entrejambe
comme si de rien n’était, mais elle et moi savons
que ce n’est pas comme si de rien n’était
et après
elle m’emmène danser,
et la piste s’enflamme et s’érotise,
et les regards sont rivés sur nous
(sur elle), elle bouge en jetant des étincelles
tout autour et me laisse approcher
si près de sa bouche avant de se dérober encore
et encore  avec son sempiternel :
non non non Vincent tu ne m’auras pas
et je réponds
            je fais et je prends ce que je veux, je suis une âme libre
ce qui l’amuse beaucoup

mais dans les lavabos ses lèvres en forme de cœur
s’ouvrent et nos langues se trouvent et tout s’affole
et la nuit est une pluie d’étoiles
et un peu après elle me dit
d’accord tu as eu un peu de moi, mais
non non non Vincent tu n’auras pas tout,

et ce matin elle m’envoie des messages
qui me réveillent et font
c’est moi qui parle, c’est moi qui décide
amène moi un pain au chocolat,
et c’est sous la pluie
que je pars récupérer ma voiture abandonné
à l'aube
quelque part au cœur de
la ville loin,
bien loin de chez moi,
tout en me demandant où trouver
une boulangerie qui soit ouverte un
dimanche

3 commentaires :

  1. A vingt ans moins trente jours, j' aurais aimé avoir eu cet aplomb.. :)

    Bien mené ce poème qu' on lit comme une nouvelle

    PS: il faut aussi un sacré tempérament pour survivre au pain au chocolat mouillé d' un dimanche matin blême.. :)

    RépondreSupprimer
  2. J'avoue que cette demoiselle est particulièrement douée !

    RépondreSupprimer
  3. et j'en ai oublié de vous remercier une fois de plus.

    et j'avoue que le pain au chocolat du dimanche matin blême fait mal, mais, comparé à la vodka la nuit et si on ajoute les yeux noirs au bout de la route, ca peut valoir le coup de se lever :-)

    RépondreSupprimer