dimanche 3 janvier 2016

Je n'aime pas dire que j'ai des meilleures amies

On est passé dans ce bar après le ciné avec un ami
et j'ai commencé à boire et puis les filles et d'autres potes
ont débarqués
et j'ai continué à boire
et une fille m'a dit qu'elle aimait bien un des gars de la bande
et on est parti en boite, sur la route, avec
l'asiatique qui me sert de meilleur amie de temps à autres
on s'est arrêté pour boire des verres dans
un autre bar puis on a rejoint le reste de l'équipe pour boire
avec eux
et le gars de la bande et la fille qui l'aimait bien sont partis
après s'être embrassée, sans doute pour tirer un bon coup
et je les ai enviés et je me suis disputé avec l'asiatique
et la rousse qui me sert aussi de meilleure amie de temps à autres
et j'ai dit
à la blonde canon que personne n'aime les vieux pervers
chauve comme moi et elle a dit que si, elle, elle les aime bien
mais j'ai répondu arrête tu es la copine de mon pote je peux rien faire
avec toi
mais je ne suis pas sur qu'elle l'ait dit dans ce sens, plus pour me faire
plaisir qu'autre chose, mais ça me faisait du bien à l'égo de le croire
et après j'ai dit à la serveuse que je l'aimais et j'ai dit à la fille du vestiaire que
je l'aimais elle aussi, je débordais de sentiments amoureux
et je suis rentré à pied, en titubant et au réveil j'avais soif, soif, soif,
mais d'eau et mal au crâne comme si une écurie de chevaux avaient
décidé de se faire une course dedans, et je me suis haï avec
tout la force dont je suis capable,
j'avais parlé à tellement de filles et sans parvenir à faire naitre la
moindre petite étincelle dans leurs regards
"vieux fou tellement bourré, pathétique et dingue pas une femme ne veux de toi !"
me dis-je et j'eus soudain encore plus besoin de me faire mal, plus que
la nuit dernière, pris par la nécessité subite et viscérale de lécher le canon d'un flingue
avant de me l'enfoncer dans la bouche et de le laisser décharger là
sa pastille de mort brulante, j'ai laissé me submerger le désir sordide
de me foutre en l'air histoire de laisser la mort solder les comptes
et refermer les blessures mais j'ai manqué de courage au moment
de passer à l'acte et je me suis juste levé
et assis sur un chiottes pour chier liquide et odorant et après j'ai vu
mon
visage dans la glace, la gueule cassée par l'alcool et les yeux rougis
par les larmes de colère envers moi et je sais bien que je ne serais plus jamais
beau, plus jamais en équilibre, juste un clown tragique pris au piège
de ses peurs, un pauvre type qui n'a eu besoin de personne pour
apprendre à se détester, ça fait si longtemps que je m'accouple à la douleur
je fais tout pour vivre seul en sachant bien que la solitude me tue et là ou je meurs
l'amour est un mensonge, l'amour est un couteau dans le poumon
tu crois que ça prend aux ventre, mais ça t'empêche juste de respirer
l'homme moderne a toujours eu besoin d'illusions, l'amour, le loto
l'espoir maigre de s'en sortir, quelque chose d'infime,
                                                                      un simple leurre pour soulager
le poids des chaines et quand je mourrai, un autre prendra ma place
dans le bus
et lui aussi aura plus ou moins mal

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