mercredi 14 février 2024

nos âmes ne retrouvent jamais le chemin de la maison

au comptoir
je suis un client haut de gramme
et tes yeux font naitre en moi le désir de t'ouvrir le cœur en deux
avant de le dévorer
je décide de faire ça bien et je te perds

autre soirée
elle dit - toi, toutes ses aventures que tu as eu, juste pour les filles -
je songe - non pour l'amour -
je ne la corrige pas
elle n'a jamais cru une seule de mes paroles sensés

je suis en paix avec l'être que je suis et son inadaptation sociale

bien souvent, je devais me noyer dans des litres d'alcool pour que les étoiles s'alignent
et lorsque je rouvrais les yeux, l'indicible solitude refermait sur moi ses serres, 
je m'enfermais devant un ordinateur et je tapais ma bargitude
puis je prenais un livre et
junkie possédé, je snifais les lignes de poètes maudits

la vodka, les nuits,  les livres, il fallait que ça tape dur, il fallait que je tutoie la déchéance
j'avais ce besoin de m'infliger une douleur plus forte que celle qui maintenait au sol
ainsi je croyais maitriser mon destin
je croyais être celui qui décidait de me tuer
j'étais le ver dans ma pomme, mon cancer mental et j'oubliais qu'au-dessous de tout ça
quelque chose restait, une petite flamme de pureté que je délaissais, j'aurais du écouter ses cris de
désespoir, elle me rappelait que
je voulais vivre
vivre plus intensément,
plus fort

avec le cœur indomptable de celui qui ne craint pas de mourir seul

puisqu'il n'y avait pas de femme régulière, je me branlais jour et nuit, laissant libre cours à mes déviances
et quand il y avait une délicieuse créature de la nuit, je volais sa chaleur pour me réchauffer
je griffais des peaux avec l'espoir de creuser la chair jusqu'à trouver ce qui
palpitait au creux de la poitrine afin de graver là mon nom de sculpteur

après l'alcool, j'aimais écrire, raconter la folie et les lèvres qui se collent 
toutes ces bouches qui s'offraient sublimaient cruellement l'injustice de l'existence que je m'étais
choisi :  ne pas bander bourré

puis j'ai fini par oublier le prénom de ma douleur, à composer avec mon visage dans le miroir
j'ai fini par aimer l'être que je suis, celui dont personne ne veut
je ne suis pas comme vous, je l'accepte sans larmes ni rage et quand la blonde dit : tu es trop fou
elle a raison
mais elle ne connait rien de ma véritable folie, elle ne voit que les remous qui dissimulent le
monstre triste

et quand une brune m'écrit qu'elle a sucé un homme en pensant à moi
et qu'elle s'est pincée le sein comme si c'était moi qui le faisait
je souris
elle me donne plus d'amour et plus de vérité que jamais, tatoue un peu de lumière sur mes obscures
pensées
si elle était là, je pourrais fouetter son cul avec ma ceinture de cuir et elle aimerait sa récompense
c'est ainsi qu'elle veut vivre
Dieu que j'aime sa perversion de sublime pute autant que ses mots

et je me branle toujours jour et nuit
et je me fous que ce soit la Saint Valentin aujourd'hui, j'ai déjà joui 
dans ma main de vieux salaud

poétique névrosée du sursitaire qui a survécu à sa main assassine,
chaque cicatrice qui vrille mon regard est synonyme de victoire
nos âmes ne retrouvent jamais le chemin de la maison
mais quand je m'agenouille, c'est la vie insolente que je demande en mariage













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