samedi 2 février 2019

faudrait pas que je reste tout seul avec moi-mème

Elle vient me parler à la nuit tombée
elle dit qu'elle n'ose pas et qu'elle ne reviendra pas
comme si j'étais quelque chose de spécial
et ça parait si dur à croire, qu'on n'ose me parler
car moi je vois dans le miroir
ma sale gueule de déjanté qui s'accouple avec la
bête qui vit en lui
elle dit que je la fais fantasmer, que je dois être plus
jeune que je prétends
que j'écris des choses magnifiques
et je songe
qu'elle ne m'a jamais vu soul et fou
perdu aux comptoirs
avec mes blagues de cul pourries
mes yeux rougis
et le désir sournois de me faire mal
elle n'est pas là quand je suis ce type lourd/dingue
une parfaite justification du féminisme à lui tout seul
dans la vraie vie, les femmes me désirent peu et moins longtemps
que je ne le voudrais, on a tous notre croix à porter,
je me dis que je suis incompris, ça m'aide à tenir debout
elle dit
je ne suis ni blonde... ni de l'est... ni bien foutue
mais j'ai envie de l'alcoolique que tu es
et je me dis woow et je songe à toutes celles
qui m'ont lapidé l'âme, déchiré en deux, en quatre
qu'elles aillent se faire foutre, il y a encore
des femmes qui ont envie de moi, enfin
au moins une
                    et
je réponds tout ça finira dans un poème
- tout finit toujours dans un poème -
et je songe à Dan et à Charles qui léchaient les flammes
et lâchaient le feu en quelque lignes
et je vois s'éclaircir ma nuit et je me dis qu'elle ne saura
jamais le bien que peuvent faire ces quelques mots
dans l'obscurité, l'étincelle qu'elle est et ô combien sont précieux
les instants qu'elle m'offre
et j'oublie celles que j'ai trahies, meurtries, j'efface mes
lâchetés d'un geste auguste de semeur de discorde
soudain, voila l'instant ou je pourrais presque m'aimer
et croire en quelque talent
et la peur se mue en rire et la pluie est un manteau d'étoiles
sur mon crâne chauve
et les traces de foutre sur mes draps ne sont plus l'immonde résultat
de quelconques et rapides branlettes
mais les vestiges vertigineux de glorieux combats de corps à corps et à cris
et voila que je sais la souffrance, le prix de la défaite, mais aussi
ce qui pousse un homme sain d'esprit ou non à monter sur un ring
affronter le plus déterminé des adversaires au péril de sa propre existence
et voila que je décide de me faire un thé et que je réalise que
j'ai encore trop bu ce soir
et que personne ne va sucer ma queue
mes amours et mes chiens sont morts
Dieu a raison d'avoir honte de moi
et les taches de foutre sur mes draps sales sont bien ce qu'elles sont
- le résultat d'immondes, rapides et quelconques branlettes-
putain, je hais ce moment
quand la réalité me rattrape
et que je me souviens, que je ne bande plus aussi bien qu'à 20 ans
et que peu de femmes, il faut bien l'avouer, m'ont jugé digne d'intérêt
ce qui n'est pas nécessairement un constat d'échec, les femmes ont tendance à préférer
ceux qui les font souffrir
et je n'ose regarder les résultats de la loterie tant j'ai la certitude
qu'une fois de plus mon ticket sera perdant et je sais bien que quelque part
personne ne m'attend, (ce qui m'évitera donc de la décevoir)
putain, ce n'est pas écrire le plus dur, non, c'est tout ce qui nous amène à écrire
la solitude, le vice et autres manifestation de déchéances
écrire ce n'est jamais que remplir le vide en nous
et les usines étaient une forme malsaine de folie
(existe-t-il une forme de folie saine ?)
et les filles qui vendent leur cul ont tout mon respect quand elles en tirent un bon prix
et l'alcool et la drogue ne servent à rien sinon à raccourcir le temps de la souffrance
si souvent je rêve de gloire et de starlettes de cinéma agenouillées et appliquées
et moi j'écrirais  déjà des poèmes hallucinés et incroyables qui parleraient de leurs
bouches affamées, nous sommes bien tous pareil à cracher sur la réussite mais à
attendre
et
espérer
notre instant, notre moment, notre destinée
et quand tous les vents chauds auront fait fondre toutes les glaces
et que tout ne sera plus qu'un désert et que nos descendants décharnés nous jugeront
de n'avoir rien fait, nos mots d'alcooliques inadaptés sociaux ne seront plus rien
et ne sont déjà plus rien alors mème que disparaissent les oiseaux, les abeilles
et les femmes libres
je rêvais de retour triomphants
mais je ne suis jamais rentré que vaincu,
la tête basse et
la queue entre les jambes
bordel je n'ai jamais su choisir qui je préfère de
la pompom girl ou de la majorette
et je ne suis pas fait pour la vie normale
gynécologue conventionné ou employé de bureau
marié, 2,1 enfants, je sais bien qu'un jour je serais sorti
de chez moi prétextant un besoin soudain de prendre l'air
et je serai monté dans ma voiture et j'aurai roulé jusqu'à la mer
et une fois là, je n'aurai eu aucune raison de rentrer et tant de nager
jusqu'à l'horizon
avec ma chance la gloire attendra que je ne bande plus pour me rouler un patin
et elle m'agitera sous le nez de jolies étudiantes aux jambes et à la chatte parfaitement épilés
juste pour me torturer
et il me restera le viagra
et la vanité
je voudrais bien finir sur une note de tendresse, une touche de gaité fleurie mais
je vis dans un monde ou les putes sont hors de prix et ou mon cul ne vaut plus rien
va falloir que je tapine dans des ruelles sombres
petite pute de la poésie sale, j'te suce un poème pour un billet de dix

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