samedi 24 août 2024

La fin en héros du magnifique chien

le chien blanc allait mourir, c'était joué
j'ai prévenu la fille qui me l'avait vendu
il n'y avait pas grand chose à faire.

tous les deux jours je l'emmenai chez le véto qui
lui faisait une piqure. ça me le remontait jusqu'au lendemain, je retrouvais mon chien et il ne semblait
pas prêt à me laisser
mais le jour d'après il était de nouveau mal et je revenais au cabinet du doc
qui sortait dans la rue pour le piquer dans le coffre de la voiture.

Je filais 20 euros au véto à chaque fois mais je voyais bien que pour lui tout ça était inutile, seulement c'était son boulot qui dictait sa réfléxion, moi je suivais mon cœut
il disait : dur de savoir car il ne se plaint jamais mais il n'a pas l'air de souffrir, je comprends que vous ne
vouliez pas le piquer.

je répondais, si un jour votre coktail ne marche plus alors je l'amènerais. on l'anesthésiera avant
je veux qu'il s'endorme dans les bras et ne se sente pas mourir. 

en amérique ils endorment aussi les pédophiles avant de leur arrêter le coeur
avec l'injection. 
Ça me semblait le minimum pour mon chien puisque je ne pouvais pas le sauver,
l'endormir avant de le tuer.

Ça a duré plusieurs semaines. Je ne pouvais me résoudre à le laisser partir
une voix me disait de ne pas le faire.
Quand la piqure faisait son effet, 
je l'emmenais faire une petite ballade en nature.  

Un jour j'ai croisé ma voisine dans la rue.
"comme il vous regarde... on voit qu'il vous aime"
je me suis senti fier

un samedi, 
je l'ai amené dans un coin où on venait souvent à une dizaine de bornes de la ville
La veille je l'avais cru mort mais la piqure me l'avait ramené. On avait droit à un moment
de plus ensemble, dehors. Durant toute son existence, rien ne semblait le rendre plus heureux que 
d'être dehors
avec
moi

comme c'était la fin je le sortais rarement plus de dix minutes, 20 à tout casser
il ne tenait pas beaucoup plus

mais là,
il est sorti de la voiture et il a pris le chemin en reniflant toutes les odeurs

je le suivais et quand est venu le moment de faire demi-tour, il ne m'a pas écouté
juste il m'a jeté un regard en coin
et dans son oeil je n'ai lu que de la détermination. 
il ne voulait pas retourner dans la voiture, il voulait continuer.

j'ai dit OK, je te suis.
et je l'ai fait
quite à devoir le porter ou aller chercher la voiture si jamais il ne pouvait plus revenir
ce moment était à lui et je l'avais compris.

Mon golden était un putain d'animal têtu. 
et je n'ai plus
essayé de le faire changer d'avis, c'était le combat de sa vie, l'ultime round, un manière
de repousser sa mort.
je sentais tout ça
il voulait aller au bout de la ballade et il l'a fait
ça a du prendre 40 minutes et il n'a pas faillit. Mon chien était un putain de héros !

quand on est revenu pas loin de la voiture, on s'est allongé dans l'herbe.
j'ai du lui dire que je l'aimais, et peut-être que j'ai versé une larme.
c'était mon frère de meute. 

on est resté là un moment, tous les deux, il faisait soleil, puis on est rentré. 
comme à chaque fois, je l'ai porté pour le mettre dans la voiture. On avait enlevé les sièges
pour qu'il puisse s'allonger

le lendemain il n'était pas en super forme et cette fois, la piqure ne l'a pas remonté. 
Il est resté prostré sur le sol tout le lundi. je savais qu'il avait été au bout de ses forces
je me suis décidé à l'amener le lendemain pour la dernière fois au vétérinaire.
Je lui ai demandé de me pardonner ce que j'allais faire

Le soir, je me suis couché sur le canapé, il était allongé à côté.
dans la nuit je me suis levé, il était allé dans la cuisine sur le carrelage. Il avait toujours trop chaud
la plupart du temps, il dormait sur des trucs froid. 
il respirait difficilement. je l'ai embrassé. 
je lui ai encore demandé pardon. 

comme il n'avait pas voulu rester près de moi, je suis aller me recoucher dans mon lit.

Quand je me suis relevé, il était toujours sur le carrelage, là où je l'avais laissé, la vie l'avait quitté.
il ne baverait plus jamais sur mon pantalon, ne sauterait plus dans les flaques de boue, ne fuguerait plus
pour aller renifler dans la rue et
ne ruinerait jamais plus l'intérieur d'une seule de mes voitures.

quand je ne pense aux chiens, je sais que nous ne méritons pas leur amour
quand je pense aux humains, moi inclus, je sais que les chiens ne méritent pas ça
lui
Je l'avais eu quand j'étais au plus bas moralement, j'étais une loque dépressive, solitaire, folle
et il m'a donné plus d'amour que j'en avais perdu
il a été le compagnon le long d'une route qu'il a rendu plus belle
j'ai été loin d'être le meilleur des maitres, mais il m'a pardonné toutes mes erreurs

il est mort chez lui, 
dans un endroit ou il se sentait en sécurité et se savait aimé
c'était peut-être égoïste mais cela revêtait une certaine importance pour moi. 

J'ai amené son corps au véto pour le faire incinérer. J'ai payé ce que je devais après
l'avoir posé sur la table. On l'a mis dans un sac blanc, seule sa tête dépassait pour sa dernière caresse
il n'était plus là mais j'ai fait comme si, je lui ai dit au revoir en pleurant
c'était fini

je suis rentré chez moi, et sans doute que là aussi, j"ai chialé










Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire