mardi 6 novembre 2018

Mardi jusqu’à demain et toujours pas partie prenante de ce monde




Et toi t’es là, à côté de ton ordinateur qui se réinstalle tout seul
Parce que tu as eu la bonne idée de tout foutre à la poubelle
Tout ça sans sauvegarde
Et donc, t’es là et tu sais pas quoi faire
Y a ton tour de fenêtre à repeindre et ta soif de vivre à étancher
T’es là et et t’as pas de moyens
T’es pas rasé
T’es pas lavé
T’es pas parfumé
T’es pas sucé
T’es pas grand chose
Putain ça craint la solitude, en fait t’es vachement seul
Mais c’est pas si grave
Tu pourrais reprendre un chien ou t’ouvrir les veines
Mais quitte à te suicider tu préfèrerais tomber amoureux
Même si baiser te suffirait  (enfin baiser souvent)
tu voudrais te défigurer
Mais quand tu te regardes tu te rends compte que la vie et le temps
s’en sont chargés avec la discrétion de ceux qui passent sans parler
et puis pour s’enlaidir, il faudrait être beau
un truc de plus qui t’a manqué, la beauté
il n’y a bien que les coups tirés dans le dos qui ne t’ont jamais manqué
et toi t’es là
et tu demandes comment tu as fait pour ne jamais tuer quelqu’un
ne jamais l’envisager
ne jamais essayer
c’est rien de le dire mais les types comme toi sont trop gentils pour ce monde
t’es un mouton mais tu te rêves en fils de pute
et pourtant, soyons francs, y a pas un moment dans l’existence
                        où tu t’es senti capable de faire jouir ta mère
tu ne crois en rien
mais les femmes sont menteuses
mais les hommes sont lâches, c’est pire
on est mardi jusqu'à demain et tes seules pensées joyeuses sont de savoir
que tu t’es branlé entre midi et deux et
que tu n’as jamais été enfant de chœur, ton trou du cul remercie tes
parents de ne pas avoir insisté pour le catéchisme
ta jolie bouche aussi
et pourtant quand tu dis « j’encule dieu » tu es persuadé que c’est lui qui a commencé
tu mets ça sur le compte de la mauvaise foi du terrien
t’es p’tete bien un fils de pute
t’es p’tete bien un lâche
tu doutes pas vraiment de ces deux derniers points
mardi jusqu’à demain et tu n’es toujours pas partie prenante de ce monde
Douze heures te semblent un délai raisonnable pour recharger tes couilles alors
tu décides de te branler à nouveau aux alentours de minuit
et que ton prochain ami sera celui dont tu pourras baiser la femme dans son dos
mais tu hésites à cesser de te tutoyer dans certains de tes mauvais poèmes
et tu repenses à ces jolies russes aux yeux verts avec lesquelles tu as couché
c’étaient de sacrés bons coups ces russes magnifiques, des suceuses impénitentes
et d’inépuisables jouisseuses, putain, toi tu sais pourquoi autant de françaises t’indiffèrent
puis tu songes au mot trahison sans savoir qui décapiter
tu te demandes si tu étais préparé à quelque chose, merde
faut vraiment que tu t’endurcisse mec,
ça aide à tenir debout dans le vent et l’odeur de la mort
t’es pas au bout du chagrin et t’as du chemin à tracer
les poètes de la nuit le savent
c’est pas le tout de lâcher son foutre dans la bouche de la sainte vierge
faut encore qu’elle l’avale

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