samedi 29 octobre 2016

Sensation de solitude humaine quelque part près d’un comptoir à la nuit tombée due à une certaine incompréhension du Divin tandis que la Vie et la Mort se tiennent langoureusement par la taille tout en se roulant de saphiques patins et que se déroule le fil destin jusqu’à tisser la corde pour se pendre

Dehors, devant le restaurant,
Cheveux longs et noirs, voix cassée
            Clope au bec, coupe de champagne
Sur le comptoir,
Elle nous parle de sa tumeur au poumon
            Elle n’a que ça, elle est contente, elle
S’attendait à pire
Dans 15 jours, ils vont l’opérer, lui ôter ça
Et une partie de sa respiration
            Elle va déguster, mais je  ne lui dis pas
(moi aussi ils m’ont ouvert en deux une fois mais j’ai eu plus de chance)
La souffrance, elle s’en doute, mais ne recule pas, la douleur est son combat
La cicatrice sur sa peau ne l’effraie pas non plus
Enceinte à 17 ans, depuis son ventre est couvert de vergetures
En tant que femme, ça aussi, elle a appris à s’en foutre
à faire avec, son fils est grand, elle ne regrette rien
Elle promet qu’elle va arrêter de fumer
            Elle a déjà eu deux cancers
C’est une survivante
À l’écouter, je me sens un peu comme dans un poème
Du gars Heptanes, spectateur d’une ambiance décalée, clope, alcool et cancer
qui cohabitent
Dans le même corps au même instant, rien à ajouter dirait-il sinon peut-être
                                                Un « enculé » qui résonnerait, un peu de rancœur
Quelque chose qui traine et colle aux bottes quoi !
Mais la vérité, c’est que
            je ne comprends pas bien
Le Divin Plan, toute cette misère et cette souffrance
Alors que nous sommes si capables
            De nous détruire tous seuls, sans aucune aide
            Et je songe que si nous sommes faits
à l’image de Dieu, alors je comprends mieux
            Les psychopathes, les assassins, les bourreaux
Les sadiques, les violeurs, les pédophiles, les fous,
Les haineux, les voleurs, les menteurs, les schizophrènes…
à moins
Que ce ne soit que l’arrogance humaine et rien d’autre
            - Prétendre au Divin quand le Divin
Nous a abandonné là, seuls à nous dévorer
Entre frères et sœurs, à crever de nos maladies, nos guerres
Et nos folies, sans amour ni honneur - c’est peut-être ça
L’idée, bien sur que si j’étais Dieu, je nous aurais laissé là
Sans espoir de fuite
Et je me serais barré sur une planète verte, avec les plus jolies putes
Avec une bonne provision de bières et les poème de Dan Fante et ceux de Bukowski
Pour m’allonger
Le ventre à l’air
Sous quelques soleils
            Au bord de
Quelques océans
Dans quelques coins tranquilles
Où on baiserait et où la poésie serait reine, des lieux calmes où il ferait bon
De bouffer des chattes
Et boire frais, enfin en équilibre, l’amour ne serait
Ni une épée dans le dos ni un danger, jour et nuit, je banderais comme à
Vingt ans et de délicates bouches peintes en rouge lècheraient mes couilles pendant
que j’écrirai
Ce truc là ou un autre, mon chien ne serait pas en train de crever dans son vomi sur le
Plancher du salon et mon cœur
pourrait battre sans relâche, sans que la tentation de me l’arracher de mes propres mains
ne ressemble à une approche pertinente de la sagesse

lundi 10 octobre 2016

The Vlad's sad song

Il est allongé sur le carrelage  blanc et il respire mal
sans doute une tumeur au foie ou à la rate a dit le véto
il ne m'a pas laissé beaucoup d'espoir
Il pue la pisse et le vomi et il mérite mieux pour la fin
mais ses poumons sont touchés par une pneumonie
je n'ose plus le laver.

il est resté dans ma vie plus longtemps qu'aucune
de mes femmes, et comme elles, il fait
parfois des scènes de jalousie quand une autre
se colle chaudement contre mon corps

Il a supporté ma misère, mon sale caractère,
mes dépressions, mes absences, s'est même
habitué à me voir rentré bourré au petit matin
et à la longue il ne me jette plus son regard accusateur.

Il ne râle
que quand j'oublie de le sortir et ne fait la forte tête
que lorsque je tire sur la laisse alors qu'il est en pleine
enquête olfactive sur une odeur de pisse déposée sur le trottoir
par un ou une autre de ses congénères

C'est un putain de bon chien
le meilleur de tous

Je vais dormir sur le canapé cette nuit
parce que dans cette maison
il n'a jamais eu la force de monter jusqu'à ma chambre
pour dormir au pied de mon lit comme il le faisait
avant. Je vais dormir là, près de lui et je ne sais même pas
s'il sera encore là quand je vais rouvrir les yeux

Bientôt toutes nos ballades, son besoin irrépressible
de caresses et toutes les fois où il m'a attendu
avec patience appartiendront au passé et
je suis salement triste
Il m'a donné plus d'amour que bien des humains
et a toujours agi comme s'il n'avait rien à me pardonner
je voudrais qu'il sache à quel point je l'aime
et j'ai envie de casser un truc,
n'importe quoi
juste pour crier

vie de merde
toute la beauté du monde finit par mourir
et dans nos yeux ne reste que les blessures
les cicatrices et du sang frais à l'odeur
nauséabonde

Putain, c est mon clébard et je suis toujours autant démuni
face à la mort
         












lundi 3 octobre 2016

Du venin

Je me souviens sans haine aucune
De ma queue dans ta bouche et ailleurs
Comme de nos rires et du reste
Mais le plus souvent
Je ne pense pas à toi
Noyé dans d’autres corps
D’autres amours
Compliquées
Même si nulle réalité, nulle vérité, ne peut me faire
Oublier tes mensonges, comme si
Tout n’avait été qu’un ambitieux songe
La parodie rêvé d’un merveilleux amour
Où n’aurait résidé nul danger
            Mais il résidait du danger
            Bien plus sournois et insidieux
            Que l’indécence insolente qui brulait
            Dans tes yeux, ce désir brut
l’amour libère mes nuits
Et assombrit mes jours,
Je t’ai aimée comme on aime le venin dans ses veines

                                                                             Sans espoir de retour

Le monde en noir et blanc

Ce matin
            Ma caisse est partie à la casse
C’était une bonne voiture
            Plus fidèle que bien
Des femmes que je connais
            Les bonnes voitures sont rares
Les bonnes fées aussi

Cette après midi
Une des deux secrétaires chez l’expert automobile est pas trop mal

Je parle à l’autre, par réflexe, faut jamais leur faire part
De son intérêt, ça les pousse à se mettre en avant. Pour
preuve
La
Plus jolie me sourit avec plus d’insistance

De retour chez moi
            Une blonde vient me parler
Sur le net
-       que cherches tu ici ? je lui demande
-       des rencontres sans prises de têtes répond-elle
-       c est toi et ton mec sur la photo ?
-       oui dit elle
je décide que j’aime la vie au moins jusqu’à ce soir

tout de suite, je devrais bosser, mais je préfère lire
de la poésie.
            J’emmerde mes obligations quotidiennes
            Mais je suis comme tout le monde

Je feins d’ignorer le sang sur le trottoir gris
            Pour ne pas remettre en question
            Ma vision du monde