vendredi 2 octobre 2015

M'man

Et nous étions là si plein de santé
Alors que la maladie t'attaquait et te rongeait
toutes ces décennies jusqu'à deux jours d'ici où te voilà
allongé sur ce lit des urgences à côté d'une grand-mère
qui insulte les médecins et sa famille
et tu regardes ton mari, une aiguille dans le bras
un tuyau dans le nez jusqu'à l'estomac et tu te désoles de le laisser seul
pour la nuit
et tu lui dis :
"c'est pas moi sans toi"
plus de 50 ans de mariage
et toujours ÇA entre toi et lui
et je me demande comment j'ai pu ne pas croire
en l'amour
alors que la réponse est là, sous mes yeux
mon père et ma mère,
toujours amoureux
ensemble
tout ce temps
lui que tu as choisi contre l'avis de ta famille
lui qui accomplit l'inimaginable, l'impossible
et qui se désole de ne pouvoir te sauver
et le médecin qui nous annonce la sombre nouvelle
et ses craintes cruelles
et nous voilà tous, autour de toi,
à te mentir pour te préserver, faire comme si ce n'était pas
grave
suspendus aux lèvres de la science et de ses intendants
nos sourires de mascarades offerts à tes yeux
la peur aux ventre, nos sanglots ravalés
nous, avec la colère contre la vie
et ce destin, contre l'idée de te perdre
alliée à l'éventualité de tout ce qu'il te reste à endurer
            (Dieu n'a-t-il pas honte pour toute cette souffrance infligé à son ange ?
              Dieu est amour mais il agit comme un psychopathe patenté)
Nous, dans l'attente du résultat d'un examen et peut-être d'un miracle
nous qui espérions pour toi un départ tranquille une nuit
dans ton sommeil mais non,  nous voilà face au spectre
d'une inimaginable douleur et putain nous avons mal
mal à crever,  parce que nous avons peur de demain
et du temps qui passe et nous voudrions
être près de toi à chaque instant, ne pas te laisser seul
sur ce lit d'hopital et jamais tu ne te plains et tu dis que tu as
de la chance de nous avoir
mais c'est nous qui avons cette chance,
Merde !!! Tu rends ce monde tellement meilleur
et je voudrais te prendre dans mes bras
et te dire que je t'aime et pleurer sur ton épaule
et te voir rire et sourire comme quand j'étais enfant
quand tu marchais encore et que tu croyais que la vie
était belle
plus belle
que tous tes rêves
et mes larmes sont inutiles et mes cris
et mes mots sont vains
et je ne peux envisager ton absence,
toi, m'man,
tu as toujours été le soleil où vont se brûler mes obscurités

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