samedi 24 octobre 2015

Et chaque jour je porterai ton absence comme une cicatrice

Tous ces jours
Je t’ai regardée mourir
Sans pouvoir te protéger, ni t’aider plus
            que tenir ta main quand tu agonisais, te dire que je t’aime

J’étais là quand tu t’es en allée, juste à côté mais je n’ai pas pu
Te retenir
tu as juste arrêté de respirer
                        en douceur, comme si tu avais voulu ne pas nous déranger
Et c’était bien toi, partir sur la pointe des pieds, en catimini
                        Si doucement que j’ai failli ne pas t’entendre

Et j’ai embrassé ton front quand ce fut finit
                        J’étais là et sans doute que la mort
fut une délivrance pour toi, il faut bien se dire ça pour atténuer
            La souffrance de ceux qui restent
                        Toute une vie de supplice, ton corps rongé par la sclérose
Et le cancer pour finir, comme si ce n’était pas assez, Dieu a très peu d’humour
mais il semble bien qu’il sache manier l’ironie

Et ton refus de te plaindre, comme si la douleur
                        n’était qu’une chimère plutôt qu’une fatalité
Apprendre le courage dans tous tes sourires
                        La dignité dans toute ta bonté
Et maintenant nous sommes là, ton mari, tes enfants et tes petits enfants
            Les yeux brouillés par les larmes, le cœur en berne avec ton absence
Pour seule compagnie

            Vient l’heure de regarder les vieilles photos, celles où tu ries
celles où tu es si belle, l’heure de trier tes affaires, jeter tes vieux ouvrages
ceux que tu faisais et défaisais sans cesse pour lutter contre la maladie qui
te clouait au fauteuil, te volait tes jambes et tes bras sans jamais craindre aucune
justice
l’heure de donner tes habits à des associations, de contempler tristement ce vase que
je t’ai offert il y a si longtemps,
d’affronter mille autres objets qui scandent
insolemment que tu n’es plus là
et brillent comme un poignard sous le soleil
                        tes bijoux, ton alliance, ta bague de fiançailles

Dieu qu’elles nous déchirent
toutes ces choses
ces choses qui étaient toi mais qui ne sont rien qu’un vent froid sans toi
                       
j’ai mal m’man, tu sais, vraiment mal
                        quelque part en dedans, dans un coin qui n’appartient qu’à toi
                        un quelque part qui n’était pas cassé, pas encore
                        c’est mal fichu la vie
                        et la mort encore plus

putain c’est pas facile !
pas facile de se persuader que la mort c’est laisser nos âmes s’étreindre
                                    pour un million d’éternités ou plus
alors même que je n’embrasserai
                                    plus que le silence d’ici là

ton absence est la cicatrice qui balafre le sourire de chaque jour nouveau

                                                            

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