samedi 26 mars 2011

Quand je bossais en interim

Je bossais bien

Pas par plaisir
On bosse rarement pour le gout
De son travail

J’avais besoin d’argent et
ça me procurait une certaine liberté
au boulot
Ils me laissaient dans mon coin
et ne m’emmerdaient pas
Mais revers de la médaille du travail
Ils me voulaient tous dans leurs équipes

Dans cette usine,
Il y avait ce contremaitre
Il venait me voir souvent pour
Me proposer une embauche

Donc
Souvent je refusais et
Il ne comprenait pas pourquoi

Moi je voyais les collègues
Ceux qui avaient signé
Leurs regards,
Leurs âmes effilochés
Les trois huit avaient eu leur peau
Et leur cœur

Dans cette autre usine
Ils voulaient m’intégrer au
sein du personnel
Mais il y avait ce gars,
Trente ans de sa vie
A passer le doigt dans des pneus
A la recherche d’un défaut
et il n’était pas encore devenu
fou
Je n’étais pas sur de tenir autant

Et dans la laiterie,
Un gaz fuyait me piquait les yeux et
me décolorait les cheveux
Je finis par devenir si roux
Qu’une coiffeuse me prit
Pour un irlandais
Il y avait de l’eau partout
Tant et si bien que des champignons
se sont mis à pousser
Sur mes bras
mes pieds
mes cuisses
mes mollets
Et eux, ils me voulaient
Toutes les semaines un
Responsable différent
Venait me proposer
Une embauche
Tandis que je pourrissais
Sur place
Car un employé comme moi
C’était rare

Et tous ces types
Pleuraient pour du bon
Personnel

mais tous ceux là
Ne voulaient rien cracher

Tu bosses vraiment bien
Disaient-ils
Ok, combien tu veux payer
Pour un type qui bosse
Vraiment bien ?
Je répondais

Ils s’étouffaient et
M’expliquaient
Qu’au vu de la conjoncture
Une stabilité professionnelle
Etait de la plus haute
Importance et
qu’un salaire minimum
était une offre intéressante

J’ai trois propositions
de mission par semaine
alors même que je bosse
Pour toi
Et je gagne vingt pour cent
De plus que ton salaire
Minimum
J’ai une putain de stabilité
Professionnelle
Reconsidère ton offre

Mais ils ne reconsidéraient jamais
et tant mieux car sinon j’aurais été
incapable de leur expliquer
Pourquoi
j’avais toujours préféré
Mes méthodes de suicide
aux leurs

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