dimanche 4 avril 2010

Les usines

Je me levais alors que le jour était encore couché
Je prenais ma voiture
Des fringues déchirées
Une armure de métal autour de mon cœur
Et je partais
Affronter le bruit
L’odeur
Les usines.

Huit heures a répéter le même mouvement
Huit heures a attendre la pause pour fumer
La sortie pour s’enfuir jusqu’à demain
Huit heures à regarder son âme
Suinter par chaque pore de sa peau
Huit heures à regarder ses rêves s’enfuir
Ses espoirs se diluer dans les vapeurs
Des produits industriels.

Mon père m’avait dit
Ne fait pas comme moi
Ne vas pas là
Fais en sorte de t’en sortir AVANT

Les usines ont bouffé mon âme
Les usines ont rongé ma peau
Les usines te mènent à la folie ordinaire

Se lever tous les jours alors que le jour est encore couché
Partir tuer son âme
La regarder couler jusqu’au sol, une tache grasse de plus sur le goudron noir
Des usines froides, fonctionnelles, impersonnelles
L’armure de métal autour de son cœur ne suffit pas
Les usines ont le temps
Les usines finissent toujours par gagner

Et presque tous les jours, je rentrais trop épuisé
pour coucher sur le papier
Tous les mots qui couraient en moi
Durant ces putains de huit heures passées à répéter les même mouvements

Ecrire dans ma tête
Le seul moyen que j’avais trouvé
Pour ne pas sombrer
Pour empêcher mon âme d’hurler
Quand les usines me l’arrachait jour après jour
Morceau par morceau
Sans jamais manifester
Le moindre sentiment,
La moindre émotion.

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